Un chantier de rénovation © iStock
Air Liquide s'est associé à une startup américaine afin de développer conjointement le Solidia Concrete, un béton à faible empreinte environnementale qui consomme moins d'eau et utilise du gaz carbonique pour son durcissement. Le groupe français, qui va investir dans Solidia Technologies, fournira un équipement d'injection du gaz.
Et si le béton pouvait capter du CO2 afin de devenir un matériau plus acceptable environnementalement ? C'est l'idée qu'explore Solidia Technologies, une startup américaine, qui développe une nouvelle génération de ciment où une partie de l'eau est remplacée par du dioxyde de carbone.
Grâce à une formulation spécifique, le ciment réagit avec le gaz carbonique (CO2) pour former du carbonate de calcium (CaCO3) et silicate de calcium (CaSiO3), qui durcissent l'ensemble.
C'est le groupe français Air Liquide qui fournira la solution d'injection du gaz afin de parvenir à industrialiser le procédé qui présenterait plusieurs avantages, y compris celui d'abaisser le temps de durcissement à moins de 24 heures ou de limiter la consommation d'eau. Le spécialiste français sera également le fournisseur mondial du dioxyde de carbone utilisé dans les procédés brevetés par Solidia.
Le communiqué d'Air Liquide précise : "
Grâce au procédé breveté par Solidia, qui remplace l'eau par du CO2 pour le durcissement du béton, cette nouvelle génération de ciment permet à l'ensemble de la chaîne industrielle de réduire jusqu'à 70% l'empreinte environnementale du béton préfabriqué".
De son côté, Tom Schuler, le p-dg de la startup américaine, déclare : "
Ce projet s'inscrit parfaitement dans une vision de développement durable, avec une utilisation du CO2 qui contribue à la préservation de l'environnement".
L'industrie cimentière, grande productrice... de CO2
Reste à savoir si le CO2 réinjecté dans le matériau proviendra... de la production du ciment lui-même, dont les procédés sont fortement émetteurs. Il est estimé que l'industrie cimentière mondiale représente entre 3 et 5% de toutes les émissions mondiales de gaz carbonique, tandis que la production de béton préfabriqué consomme environ 20% de la production de ciment dans le monde (soit 800 millions de tonnes par an).
Les industriels de la filière cherchent donc activement à réduire cette empreinte carbone gênante. La captation de carbone par des microorganismes est évoquée, tout comme
la recarbonatation du ciment, où le matériau piègerait le CO2 dans sa matrice.
Le projet Solidia, associé à
d'autres technologies de production à faible température, pourrait donc finir par faire du béton préfabriqué un matériau capteur de dioxyde de carbone, au même titre que le bois.