Une maison bas carbone doit avant tout respecter la réglementation environnementale 2020 (RE2020) qui s'applique aux constructions neuves. Mais rien ne vous empêche d'aller au-delà de ces obligations réglementaires.
Plus ambitieuse et aussi plus exigeante que la réglementation thermique 2012 (RT 2012), la RE2020 est entrée en vigueur le 1er janvier 2022.
"Son objectif est de poursuivre l'amélioration de la performance énergétique et du confort des constructions, tout en diminuant leur impact carbone", détaille le ministère de la Transition écologique sur son
site.
Votre projet de construction bas carbone devra ainsi
respecter des seuils d'émission carbone sur cinquante ans, lesquels ont été définis en janvier 2022. Leur exigence sera revue progressivement à la hausse en 2025, en 2028 et en 2031, de quoi laisser suffisamment de temps au secteur de la construction pour s'adapter.
En effet, désormais, la seule performance énergétique ne suffit plus.
"Une maison bas carbone, c'est une maison pour laquelle on vient s'assurer des quantités d'émissions de carbone au regard de la RE2020", explique François Turland, président du bureau d'études Bastide Bondoux.
Une construction neuve doit donc
prendre en compte l'ensemble des émissions du bâtiment durant tout son cycle de vie, de la phase de construction à sa fin de vie (matériaux de construction, équipements), en passant par la phase d'exploitation (
chauffage,
eau chaude sanitaire,
climatisation, éclairage...), via une analyse en cycle de vie.
Une maison qui respecte la RE2020 est-elle pour autant bas carbone ? Plus qu'avant, sans aucun doute, mais peut mieux faire !
Utiliser des matériaux bas carbone
Une grande part des émissions de CO2 produites par le secteur du bâtiment proviennent des matériaux de construction. Donc si vous souhaitez vraiment
construire une maison bas carbone, vous devrez choisir minutieusement vos matériaux. Et si vous misiez sur les
biosourcés ?
Le minimum requis par la RE2020 est d'utiliser des
"matériaux avec des fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) établies par le fabricant et validées par certains organismes", explique François Turland. Elles présentent les caractéristiques environnementales et sanitaires du produit. Ce qui ne veut absolument pas dire que tous ces matériaux sont bas carbone ou biosourcés, mais que leur impact carbone est évalué et certifié par la réglementation.
Pour une maison la plus bas carbone possible, exit donc, autant que faire se peut, le béton, l'acier ou encore le PVC ! A noter toutefois que les industriels de ces filières travaillent au développement de solutions moins émettrices, et seront prêts pour couvrir les futures exigences. Par exemple, un béton moins carboné, fabriqué à partir d'une formulation différente.
Ici, privilégiez plutôt
le bois pour la structure par exemple, et si possible du bois français afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre liées au transport. Ce matériau, en plus d'être biosourcé, a la particularité de stocker le carbone pendant toute sa phase de croissance.
Mais attention, dans le monde de la construction, plutôt que le tout bois,
privilégiez le bon matériau au bon endroit ! Bien mis en œuvre, béton, acier et bois font très bon ménage. Pour preuve, une maison tout bois n'aura que peu d'inertie, ce qui nuira à son confort d'été.
Au-delà de la structure même, ce sont aussi les finitions qui auront un impact non négligeable. Ainsi au carrelage ou au stratifié pour vos revêtements de sols, préférez le parquet.
La
laine de verre est autorisée par la RE2020, mais sa fabrication consomme beaucoup d'énergie. Les industriels proposent de plus en plus des matériaux biosourcés, comme la laine de bois, le chanvre, etc. Pour une alternative vraiment bas carbone, vous pouvez opter pour l'un d'eux. Seul inconvénient : ces solutions affichent un prix au mètre carré bien plus élevé que la laine de verre.
Privilégier la sobriété dès la conception
Les matériaux, aussi vertueux soient-ils, ne suffiront cependant pas à eux seuls à obtenir un résultat optimal. C'est pourquoi, au préalable,
votre projet doit être pensé de la manière la plus sobre possible.
"Il faut par exemple qu'il soit le plus compact possible, afin de mobiliser moins de matériaux par mètre carré habitable construit", indique de son côté David Lebannier, responsable de l'activité Conseil du bureau d'étude Pouget Consultants.
Les maisons très architecturées, par exemple, sont pénalisantes car plus gourmandes en matériaux et génèrent plus de déperditions d'énergie. Evitez aussi de multiplier les salles de bains ou les toilettes. Car
"chacune de ces pièces techniques doit avoir une extraction de ventilation, et plus on multiplie ces bouches, plus on consomme", ajoute François Turland. CQFD.
Équipements performants et consommation d'énergie
Sans surprise, l'autre grand poste d'émissions de CO2 dans un logement est
le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire. Le premier réflexe à avoir est donc de
bien isoler sa maison, afin que celle-ci vous apporte un maximum de confort été comme hiver, tout en minimisant vos consommations énergétiques.
Ensuite et seulement ensuite, misez sur les solutions les moins carbonées possibles et sur les
énergies renouvelables. Exit la
climatisation et les convecteurs électriques, au profit d'une pompe à chaleur ou du bois énergie pour couvrir vos besoins en eau chaude sanitaire. Et les solutions ne manquent pas. Pour vous y retrouver, vous pouvez consulter nos articles sur les
poêles à bois ou à pellets (lien) et les
pompes à chaleur air/eau, air/air (lien).
Les plus sobres d'entre vous pourront retenir l'option panneaux photovoltaïques sur le toit afin de
produire et consommer votre propre énergie - du moins en partie. Ou encore miser sur la géothermie pour votre chauffage.
Vos obligations en tant que particulier
Vous, particulier qui avez un projet de construction, devrez,
au moment de déposer votre permis de construire, justifier d'une
"assez bonne enveloppe du bâtiment pour respecter la RE2020", souligne David Lebannier. Ensuite, une étude RE2020 doit être réalisée auprès d'un bureau d'études sur les consommations du bien et son impact carbone global (matériaux, équipement, etc.).
Une fois le projet sorti de terre,
une attestation de fin de chantier, réalisée soit par un architecte indépendant, soit par un diagnostiqueur, doit garantir que la maison a bien été construite selon les préconisations de l'étude RE2020.
"C'est le minimum ! En revanche, si vous souhaitez allez au-delà du réglementaire, le sujet devra être étudié avant le dépôt du permis de construire et que les choix de conception ne soient arrêtés", prévient David Lebannier. Un bureau d'étude saura étudier plus finement le projet, afin de réduire au minimum l'impact carbone du bien. Et ce, en fonction du budget préétabli bien entendu !
"Le calcul réglementaire de la RE2020 est une première approche nécessaire, mais un peu grossière. Un bureau d'étude va, par exemple, réaliser des simulations thermiques dynamiques qui affinent la conception d'un projet", précise David Lebannier. Ces simulations vont ainsi prendre en compte le climat réel du lieu d'implantation du bien, et non les moyennes sur lesquelles repose le calcul réglementaire de la RE2020.