Une association d'architectes libéraux souhaite faire connaître le métier aux particuliers mais surtout les rassurer afin de gagner leur confiance et de travailler avec eux.
Créée il y a quatre ans, l'association
Les Architectes d'Aujourd'hui, qui regroupe principalement des architectes libéraux* spécialisés dans la construction de maisons individuelles, se lance à la conquête des particuliers à travers une campagne d'information sur leur pratique. Jean-François Espagno, représentant l'association, nous explique sa démarche.
Maison à part : Pourquoi lancez-vous une campagne de communication à destination des particuliers ?
Jean-François Espagno : Nous sommes convaincus que les architectes sont les mieux placés pour
construire une maison. Or, nous constatons que les particuliers se tournent principalement vers les constructeurs de maison individuelle. Nous estimons en effet que
90% du marché des particuliers échappent aux architectes.
Pourtant, selon les sondages et les études que nous avons pu recenser, les particuliers disent aimer nos maisons. Alors pourquoi font-ils si peu appel à nous ? Cela nous paraissait anormal et avons voulu comprendre cette désaffection afin de lever les blocages. Et nous en avons identifiés quatre.
MAP : Quels sont ces blocages ?
J.-F.E. : Tout d'abord, nous voulons leur montrer que nous nous engageons à respecter leur budget initial.
Les particuliers imaginent souvent que nous sommes plus chers que les constructeurs. Or, nous tenons à leur expliquer que nous agissons uniquement dans leur intérêt et que nous sommes transparents avec eux sur les coûts de la construction. A prestation égale, l'architecte est, selon moi, bien plus compétitif. Nous voulons aussi leur expliquer que nous sommes à leur écoute et que construire avec nous reste simple.
MAP : Vous ne craignez-pas de vous attirer les critiques des constructeurs ?
J.-F.E. : Non. L'association Les Architectes d'Aujourd'hui met en avant la transparence dans la relation avec le client. Par ailleurs, je considère que les contrats de constructeur masquent les détails aux particuliers. Alors qu'un architecte est neutre. En effet, nous étudions ensemble les devis des artisans, nous les informons des matériaux utilisés et de leurs performances et nous les conseillons à toutes les étapes.
Nous voulons faire comprendre que les architectes ne prennent en compte que l'intérêt du maître d'ouvrage. Nous ne cherchons pas à faire gonfler une marge.
MAP : Où en êtes-vous de vos actions ? Quels objectifs vous êtes-vous fixé ?
J.-F.E. : Nous sommes désormais 63 architectes libéraux dans l'association. Nous commençons donc à être crédibles. Un architecte nous a même contacté parce qu'un client lui avait demandé s'il faisait partie des Architectes d'Aujourd'hui et, quand il lui a répondu "non", le particulier a raccroché. C'est bien la preuve que les particuliers ont besoin d'être rassurés et que nous devons communiquer sur nos engagements.
Bien entendu, nous savons qu'il faut du temps pour que nous arrivions à briser ces tabous. Mais nous sommes optimistes et espérons bien, de cette manière, récupérer une part importante du marché du particulier. Ce qui est encourageant, c'est que depuis que nous avons commencé à lever ces blocages en communiquant à ce sujet, nous travaillons beaucoup plus.
* Pour information, l'Ordre national des architectes organise aussi chaque année des portes ouvertes, en juin, pour les particuliers.