Faire construire sa maison © Chad McDermott
Une équipe de scientifiques britanniques a développé un matériau de construction biodégradable qui repose sur le sable du désert. Une solution qui valoriserait ainsi une ressource (quasi) infinie et qui répondrait à la pénurie de sable qui se profile dans le monde.
Cela peut sembler fou, mais le sable pourrait venir à manquer dans le futur. Car, sur les centaines de milliards de millions de tonnes (Mt) qui existent sur la planète, moins de 5% sont utilisables pour produire du béton. Les vastes déserts du Sahara ou d'Arabie présentent en effet des grains qui sont trop lisses, érodés par des siècles de vent et de frottements, et qui ont la particularité de ne pas bien s'agréger... D'où l'exploitation actuelle des fonds marins où la ressource est adéquate, mais de plus en plus rare.
Chaque année, plus de 40.000 Mt sont ainsi extraites des plages et mers du globe afin de servir les
industries humaines du béton et du verre, laissant présager d'une pénurie mondiale à l'horizon de la fin du siècle. A moins que les recherches des scientifiques britanniques de l'Imperial College de Londres ne portent leurs fruits...
Quatre jeunes chercheurs déclarent avoir mis au point un nouveau procédé, nommé "
Finite" qui valorise justement le sable désertique. Au moyen d'un liant dont la nature n'est pas révélée, il est possible d'agréger les grains et d'obtenir un matériau composite dont la résistance en compression serait équivalente à celle du béton classique.
Avantage supplémentaire, l'empreinte carbone de cette résine non polluante serait bien inférieure à celle du ciment, dont les émissions de gaz carbonique sont souvent décriées. Matteo Maccario, un des chercheurs, déclare dans
Dezeen : "
Nos estimations les plus pessimistes sont en ce moment inférieures à la moitié de l'empreinte CO2 du béton". Et le Finite serait également recyclable par fusion, à l'image du verre, et aisément teinté ou moulé.
Béton durable en sable du désert © Finite
Enfin, le matériau laissé tel quel serait biodégradable. Une caractéristique qui le rendrait davantage destiné à des constructions temporaires qu'à des projets pérennes. Dans l'interview, le co-inventeur donne l'exemple de l'édification d'un pavillon pour un événement qui pourrait être déconstruit dans les trois mois afin que le matériau soit recyclé dans un autre projet. Pour servir à la construction de structures plus durables, le Finite devra encore passer des tests de résistance et de vieillissement, et peut-être adapter sa formulation.
Sur l'avenir du procédé, encore entouré de mystère pour cause de secret industriel, Matteo Maccario annonce : "
Il faudra plus que notre projet ou qu'un seul matériau, mais nous sommes vraiment impatients de voir un avenir où le bâti ne sera plus une chose qu'on doit garder pour toujours ou démolir et mettre à la décharge, mais au contraire quelque chose qui utilisera la Nature et qui sera réutilisable à l'infini".
L'utilisation des sables du désert permettrait, en outre, d'éviter le lavage à grandes eau du sel des sables marins, économisant par là une autre ressource qui se raréfie. Cette technologie - presque trop prometteuse pour être vraie - pourrait également enrayer le phénomène d'érosion des plages suite à l'exploitation trop intensive du littoral qui ne laisse pas le temps aux courants de redéposer de la matière. Le Finite signifie-t-il la fin de ce fléau ?