Qualité de l'air intérieur © ThinkstockPhotos
L'agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) appelle à la vigilance sur l'utilisation des diffuseurs et autres sprays "assainissants" à base d'huiles essentielles, et rappelle qu'en aucun cas ces produits ne constituent un moyen de lutte contre le coronavirus.
Cas d'irritation,
effets indésirables, pollution de l'air intérieur... tout ne fleure pas bon dans le domaine des huiles essentielles ! L'ANSES publie ce mardi 28 avril un rapport sur l'exposition aux produits à base d'huiles essentielles.
"L'analyse des cas d'intoxication signalés aux Centres antipoison et de Toxicovigilance (CapTv) révèle des effets indésirables en conditions normales d'utilisation, notamment des symptômes irritatifs des yeux, de la gorge et du nez, et des effets respiratoires", précise l'Agence nationale de sécurité sanitaire.
Elle appelle à la
vigilance et la nécessité de mieux informer les consommateurs sur les
précautions d'utilisation,
"en particulier à l'égard des personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques telles que l'asthme, en raison des substances irritantes potentiellement émises par ces produits." Les symptômes rapportés à l'ANSES sur les cas d'irritations sont heureusement
"en grande majorité de faible gravité et régressent rapidement après arrêt de l'exposition."
"#COVID-19 et huiles essentielles : non, les huiles essentielles ne constituent pas un moyen de lutte contre le coronavirus", ANSES, le 28 avril
Alors que la lutte contre le Covid-19 occupe tous les esprits en pleine pandémie, l'ANSES rappelle que les huiles essentielles ne sont
en aucun cas un moyen efficace. En liaison avec les centres antipoison, l'agence a relevé plusieurs mauvaises utilisations dans ce cadre :
"auto-médication par utilisation d'huiles essentielles par voie orale pour 'renforcer les défenses naturelles' et 'lutter contre le coronavirus', pulvérisation d'huiles essentielles pour 'assainir un espace clos' par une personne à risque (personne asthmatique), ou encore utilisation inappropriée pour désinfecter un masque chirurgical, par exemple." Et de rappeler qu'
"Il est important de respecter les conditions d'utilisations de ces huiles (voie d'administration, dose, zone d'application...). L'ANSES et les Centres antipoison recommandent aux personnes souffrant d'affections respiratoires (notamment les personnes asthmatiques), et aux femmes enceintes ou allaitantes, de ne pas utiliser des huiles essentielles."
Pollution de l'air intérieur
En revanche, d'après les données recueillies par l'ANSES, les composés organiques volatils (COV) émis par les sprays et diffuseurs à base d'huiles essentielles dans l'air,
"même s'ils sont d'origine naturelle, peuvent présenter des propriétés irritantes ou sensibilisantes" précise l'agence. Ajoutant que ces COV peuvent également constituer
une source de pollution supplémentaire en s'ajoutant à ceux déjà présents émis par d'autres sources dans l'habitat (mobilier, produits d'entretien, etc.). Ils peuvent enfin également s'oxyder avec l'ozone naturellement présent dans l'air.
"Cependant, les études disponibles sont insuffisantes pour permettre de documenter de façon exhaustive le spectre des substances émises à partir de tels produits. Davantage d'études sont donc nécessaires pour mieux caractériser les émissions à long terme de composés organiques, ainsi que la formation secondaire d'autres composés suite à des phénomènes d'oxydation dans l'air" précise le rapport.
Quelques recommandations de l'ANSES sur l'utilisation des diffuseurs d'huiles essentielles
En attendant d'avoir une littérature complète sur les substances émises et leurs effets, l'ANSES appelle donc à la vigilance en émettant trois recommandations :
"conserver hors de portée des enfants", "informer sur les précautions d'utilisations", "limiter les sources de polluants intérieurs et bien aérer les espaces clos."
Elle conclut en insistant également sur la
"nécessité d'engager de nouvelles études indépendantes sur les huiles essentielles utilisées seules et en mélange afin de mieux caractériser les potentiels effets néfastes sur la santé, à court et à long terme."
Retrouvez le rapport de l'ANSES en ligne