Le périphérique parisien est un ruban d'asphalte de 35 kilomètres de long classé dans la première catégorie des infrastructures terrestres par rapport au bruit. Le niveau sonore constaté de jour est supérieur à 81 décibels (dB(A)) et le niveau de nuit est supérieur à 76 dB(A), ce qui est considérable, surtout si l'on considère le nombre de personnes qui y sont exposées. Plus de 61.000 personnes subiraient continuellement le bruit de cette autoroute urbaine dans une zone tampon de 150 mètres située de part et d'autre de l'axe urbain. Les experts de Bruitparif estiment pour leur part qu'un danger pour la santé existerait à partir de 85 dB(A). C'est pourquoi, dans le cadre du vaste plan de prévention du bruit dans l'environnement (PPBE), actuellement en préparation avant qu'il soit soumis au conseil de Paris à la rentrée, divers groupes de travail se sont réunis. L'un d'eux s'est vu confier une mission sur le périphérique afin d'étudier différentes solutions techniques ou réglementaires (murs antibruit, réduction de la vitesse des véhicules, nouveau revêtement). De son côté, la Direction de la voirie et des déplacements (DVD) de la Mairie a décidé de procéder à une expérience grandeur nature en testant deux macadam antibruit. Fournis par la société Colas, il s'agit des enrobés Rugosoft et Nanosoft. "La DVD a choisi de les essayer sur un tronçon de 200 mètres, situé entre la porte de Vincennes et le pont de Lagny, plus au nord, sur le site du Grand Projet de Renouvellement Urbain ", explique Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif."Un revêtement a été installé sur la chaussée intérieure, et l'autre sur l'extérieure. Nous avons pour notre part mis en place une station de mesure permanente sur le terre-plein central et quatre autres sur des façades d'immeubles afin d'évaluer l'impact. Une de ces stations est implantée en zone témoin, non impactée par les nouveaux revêtements".

Une réduction sonore de 9 dB

 Des mesures seront également réalisées à bord de véhicules à l'aide d'un mannequin acoustique capable d'enregistrer les sons perçus par l'oreille humaine. "Pour la voirie, c'est l'aspect mécanique qui importera le plus, notamment l'éventuelle formation d'ornières et la résistance des revêtements à la charge très importante du trafic. Le test durera donc au moins jusqu'à la fin de l'année. Mais Bruitparif s'inscrit dans une démarche encore plus longue, de plusieurs années. Nous mettrons en relation les mesures effectuées et les données de trafic associées, afin de tenir compte de tous les paramètres ", annonce Fanny Mietlicki. Et les premiers résultats sont encourageants : la diminution sonore serait de l'ordre de -9 dB au niveau du terre-plein central, ce qui correspondrait à une diminution du trafic d'un facteur huit. Un premier bilan sera publié à la fin du mois de septembre 2012, après trois mois d'expérimentation. Puis, des bilans d'étape seront proposés tous les six mois. Les données brutes seront également visualisables sur le site Internet de Bruitparif afin d'évaluer l'impact réel de ces nouveaux revêtements. Leur formulation spécifique modifierait le spectre des fréquences audibles par les riverains pour produire un son moins désagréable à l'oreille. Rugosoft est un béton bitumineux de granularité 0/6 mm, tandis que Nanosoft présente une granularité de 0/4 mm. Les deux présentent un liant modifié par des élastomères Colflex S (pour trafic lourd).