Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    Publié le 4 octobre 2010
    Depuis le 18 septembre, la Condition publique s'est métamorphosée en champignonnière géante éphémère. Un projet "agri-culturel", mené par le collectif poético-urbain lillois Les Saprophytes, qui mêle architecture, culture et agriculture et, où les rêves peuvent s'échanger contre une boîte de champignons...
    Une cité du champignon au cœur de l'espace culturel de la ville : la halle B de la Condition Publique de Roubaix s'est métamorphosée - depuis le 18 septembre et pour un mois entier - en une champignonnière géante, qui devrait produire pas moins de trois tonnes de pleurotes et de champignons de Paris ! Le projet peut faire sourire, mais n'a-t-on pas déjà vu des Champs Élysées transformés en champs de blé ou encore dernièrement, recouverts de végétation, le temps de Nature capitale ?
    L'Unité de production fongique v.2.0
    La Condition Publique, Roubaix - DR
    La Condition Publique, Roubaix - DR © La Condition Publique, Roubaix - DR
     
    Cet événement agri-culturel s'inscrit pour les organisateurs, dans la même filiation. Il permet d'illustrer de manière ludique, artistique et poétique, non seulement le principe d'autonomie alimentaire et de production locale en ville, mais au-delà surtout, l'idée d'une ville d'échanges. "Faire pousser des champignons ce n'est pas une fin en soi, c'est un prétexte pour illustrer l'idée d'une ville plus riche, plus dense en liens, explique ainsi Damien, du collectif "poético-urbain" lillois Les Saprophytes, les créateurs de l'"Unité de production fongique v 2.0" (UPF).* L'esthétique relationnelle est à la base de nos interventions, il s'agit d'explorer les multiples manières de tisser des relations entre l'espace, les Hommes et la nature dans les territoires habités."
    Et parmi elles, celle de "la complexité" dans les villes : en recréant des usages - comme celui de l'agriculture urbaine - et prônant des territoires de vie perméables - et non sectorisées en zones d'habitation, de consommation ou de travail... "Si au contraire on hybride, poursuit ainsi Damien, on introduit la complexité en architecture, à l'échelle de la ville comme à l'échelle de la maison, cela devient un peu plus intéressant car on réintroduit la vie... la vie complexe, faite de relations entre les usages, entre les gens."
    Une ferme "agri-culturelle"
    L'UPF se veut donc une "ferme agri-culturelle", à l'architecture hybride, mêlant aspect industriel et symbolique utopique. Les champignons y poussent au rythme de concerts, spectacles, lectures, performances, ateliers pour enfants, cinéma et expériences culinaires bien sûr... le tout jusqu'au 16 octobre. Les champignons récoltés seront ainsi l'occasion de multiples rencontres avec, et entre, les habitants du quartier et les visiteurs. Enfin, les Saprophytes ont repris le principe économique de SEL, système d'échange local, prévoyant l'échange de rêves... contre des barquettes de champignons. "C'est quelque chose d'abstrait ! Ce n'est pas un objet ou quelque chose de matériel, mais plutôt un instant partagé... précise Claire du collectif *. [Les gens] peuvent nous ramener une recette, un poème, et en échange, ils repartent avec une barquette, mais ils n'ont rien à acheter !".
    Les visiteurs prennent ainsi part à la vie de l'unité de production, à la vie de ce quartier et donc, à la vie de leur ville...
    Pour voir un aperçu en images de la champignonnière, cliquez sur suivant.
    *Des propos recueillis par Maud Piontek, repris dans le dossier de présentation.

    Mais qui êtes-vous Les Saprophytes ?

    La Condition Publique Roubaix - DR
    La Condition Publique Roubaix - DR © Les Saprophytes pendant le chantier - DR
     
    Véronique Skorupinski, architecte bioclimatique, Pascaline Boyron, paysagiste/graphiste, Claire Bonnet, architecte/urbaniste, Damien Grava, architecte éco-autoconstructeur, Melia Delplanque, architecte/graphiste et Violaine Mussault, paysagiste, forment le collectif les Saprophytes, qu'ils définissent eux-mêmes comme "poético-urbain." Réunis depuis 2007, leurs projets comme à Lille, Roubaix ou Bruxelles, sont autant de visions de leur réflexion commune "active et expérimentale sur la place et l'implication de l'Homme dans son milieu". Sur leur site, les Saprophytes précisent également aimer "la spontanéité, l'humour comme force critique, les rencontres fortuites ou provoquées, les surprises, les animaux petits ou gros, les détoumements, les pirateries, les zones autonomes temporaires (TAZ), les usages multipliés sur un même lieu, le recyclage, les chariots de supermarché, les clowns rebels, les couleurs de la ville, la carbonade flamande et la bière belge, les mauvaises herbes, les repas de quartier, l'éphémère, la bicyclette, la diversité, les champignons, mettre la main à la pâte, ... "
    En savoir plus : voir le site des Saprophytes.
    Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    Avant - Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    La Condition Publique, Roubaix - DR
    La Condition Publique, Roubaix - DR © La Condition Publique, Roubaix - DR
    La Condition Publique est un espace culturel à Roubaix, ouvert depuis 2004, parès une réhabilitation des bâtiments situés dans le quartier de la Pile, par l'architecte Patrick Bouchain. Ici, la halle B.
    Avant - Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    Après - Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    Après - La Condition Publique, Roubaix - DR
    Après - La Condition Publique, Roubaix - DR © La Condition Publique, Roubaix - DR
    Le collectif des Saprophytes ont imaginé pour leur "Unité de production fongique v. 2.0" une architecture hybride, à l'aspect industriel et onirique, reprenant les codes utopistes, comme les dômes.
    Après - Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    Pendant les travaux

    Pendant les travaux - La Condition Publique, Roubaix - DR
    Pendant les travaux - La Condition Publique, Roubaix - DR © La Condition Publique, Roubaix - DR
    La champignonnière devrait produire trois tonnes de pleurotes et de champignons de Paris.
    Pendant les travaux

    A l'intérieur d'un dôme

    A l'intérieur d'un dôme - La Condition Publique, Roubaix - DR
    A l'intérieur d'un dôme - La Condition Publique, Roubaix - DR © La Condition Publique, Roubaix - DR
    L'UPF comprend deux dômes géodésiques de 6 et 8 mètres de circonférence.
    A l'intérieur d'un dôme

    Chiffres - Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    Chiffres - La Condition Publique, Roubaix - DR
    Chiffres - La Condition Publique, Roubaix - DR © La Condition Publique, Roubaix - DR
    L'UPF, expliquent les Saprophytes, c'est "1 tunnel de 36 mètres de long - 2 dômes géodésiques de 6 et 8 mètres de circonférence - 1320 boulons - 1320 écrous - 2640 rondelles - 500m de chevrons - 60°C de fumier - 3 semaines de germination pour les champignons de Paris et 1 semaine pour les pleurotes - 3 tonnes de champignons produits prévus - 17 tonnes de substrat - 12 tonnes de structure acier - 500m² de tissus - 8 salopettes rouges - 53 tablettes de chocolats..."
    Chiffres - Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    Poétique - Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    La Condition Publique - DR
    La Condition Publique - DR © La Condition Publique - DR
    "Dans la scénographie de la champignonnière, nous avons mélangé un aspect industril, qui évoque les serres agricoles, et un aspect plus onirique, c'est-à-dire, les dômes géodésiques. Ces deux parties architecturales se répondent et se complètent." expliquent les Saprophytes.
    Poétique - Roubaix : La Condition Publique transformée en champignonnière géante

    Des ateliers pour les enfants

    Des ateliers pour les enfants - La Condition Publique - DR
    Des ateliers pour les enfants - La Condition Publique - DR © La Condition Publique - DR
    Les champignons y poussent au rythme de concerts, spectacles, lectures, performances, ateliers pour enfants, cinéma et expériences culinaires bien sûr... le tout jusqu'au 16 octobre.
    Ainsi, en juillet et août, pendant l'installation, les Sprophytes ont initié les enfants des centres sociaux des villes de Croix et Roubaix à l'art de la production fongique. Tout en les imergeant dans le chantier de construction. Le 16 juillet, les enfants ont également déambulé dans les rues avec leur cuisine mobile pour faire découvrir leurs travaux aux passants.
    Des ateliers pour les enfants

    Le système d'échange local

    Le système d'échange local - La Condition Publique - DR
    Le système d'échange local - La Condition Publique - DR © La Condition Publique - DR
    "C'est une utopie réalisée : utopie de production agri-culturelle et utopie économique (grâce à un Système Echange Local, SEL, basé sur le troc). Les visiteurs seront amenés à échanger une recette et/ou un moment de convivialité contre une barquette de champignons à déguster à la maison ou dans la cuisine publique. Le SEL sera ouvert chaque semaine et permettra de faire son marché de champignons."
    Le système d'échange local
    Articles qui devraient vous intéresser
     
    Recevez gratuitement
    La newsletter Maison à Part
    L'e-magazine de l'habitat sous tous les angles
    Vous pouvez vous désabonner en un clic