Le Programme national de rénovation urbaine (PNRU) adopté en 2003 "n'a pas atteint ses objectifs" et la poursuite de son financement est "très incertaine", jugent ce mardi les sages de la rue Cambon dans un rapport selon lequel cet échec découle de "défauts de gouvernance". Ils suggèrent donc de focaliser les crédits spécifiques destinés aux quartiers populaires sur seulement six départements. Décryptage.
"Les mesures entreprises au cours des dix dernières années ont eu des effets positifs sur le développement économique et l'amélioration de l'habitat, mais elles n'ont pas eu d'impact suffisant pour changer durablement la vie quotidienne de la population et n'ont pas fait émerger une offre d'habitat diversifié", approfondit le rapport.
Par ailleurs, les chantiers de rénovation ont connu un vif succès. Les enquêtes de satisfaction réalisées auprès des habitants des 100 premiers quartiers signataires montrent un niveau de satisfaction élevé. Dans l'état actuel des conventions signées par l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), plus de 73.000 logements ont été démolis, 39.700 ont été reconstruits, plus de 124.000 réhabilités. Les démolitions et les constructions programmées atteignent respectivement 55 % et 51 % des objectifs fixés par la loi de 2003. Les objectifs de réhabilitation sont quant à eux atteints aux deux tiers.
Reconstruire ne suffit pas, sous-entendent les experts de la Cour : par exemple, le taux de pauvreté dans les ZUS (32,4 %) reste bien supérieur à celui des quartiers situés en dehors de ces zones (12,2 %).
Le ministre délégué à la Ville défend sa réforme de la géographie prioritaire
Le ministre délégué à la Ville, François Lamy, était justement attendu ce mardi 17 juillet à Matignon pour présenter sa feuille de route pour les quartiers au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. François Lamy a déjà récemment averti qu'un PNRU 2 pour lequel s'est engagé François Hollande durant sa campagne
"ne pourra être lancé qu'après l'évaluation complète du premier, après la réforme de la géographie prioritaire, et en fonction des marges de manœuvre que le Gouvernement pourra dégager."
Cécile Duflot confirme la suppression du zonage
Ce mardi 10 juillet, Cécile Duflot, était attendue par les Sénateurs pour dévoiler ses priorités en matière d'aménagement du territoire. Elle y a confirmé que la suppression des zonages prioritaires pour instaurer un périmètre unique restituant les quartiers défavorisés dans les dynamiques d'agglomération, fait partie de ses principales mesures d'urgence. "Je veux poser la question de l'égalité des territoires de trois façons, a-t-elle affirmé d'emblée : comme politique de réparation des territoires meurtris, comme politique de solidarité et de cohésion entre territoires, comme politique d'accès aux services publics." Conformément aux engagements de campagne de François Hollande, la ministre a notamment annoncé son intention d'"engager la suppression des zonages au profit d'un périmètre unique restituant les quartiers défavorisés dans les dynamiques d'agglomération, au service d'un projet global de territoire". Cela passera tout d'abord par "un contrat unique déterminé en cohérence avec le périmètre prioritaire, transversal aux différents champs d'intervention, intégrant dans un même mouvement les projets de développement social (Cucs) et de rénovation urbaine (PRU)". Et de marteler à plusieurs reprises devant les sénateurs à propos du PNRU 2: "On ne peut dissocier l'humain de l'urbain". Elle a confirmé par la même occasion que : "le programme national de rénovation urbaine sera mené à son terme et une nouvelle étape s'engagera avant la fin de la mandature".