Penser la lumière dans la ville

    Publié le 7 juillet 2010 par P.P.
    Cinq jeunes architectes, lauréats d'une bourse d'études remise par la Fondation EDF-Diversiterre, vont travailler sur "l'architecture en lumière" et comment "penser la lumière dans la ville", en étudiant, sur place, différentes cités aux États - Unis, au Brésil, en Inde et au Canada. Découvrez leurs projets.
    Lumière sur la ville pour la Fondation EDF-Diversiterre. Tous les deux ans depuis 1992, elle délivre en effet à des jeunes architectes, diplômés depuis moins de cinq ans, une bourse d'études à l'étranger, attribuée examen de la candidature par un jury d'exception*. Après la ville en mouvement il y a deux ans, il a été demandé au jury - présidé par l'architecte Claude Parent - pour cette dixième édition, de départager des dossiers sur le thème "L'architecture mise en lumière : du bâtiment à l'espace urbain, une approche pour vivre la ville."

    La lumière par et pour la ville

    Le 15 juin dernier, Solène Le Gallo et Thomas Dantec, Pia le Weller, Cécile Combelle et Antonio Di Bacco, Pauline Lécrivain et, enfin, Nicolas Lombardi, ont ainsi été sélectionné par leurs pairs, pour réaliser leur projet à partir de l'année qui vient, notamment grâce aux 10.000 euros remis par la Fondation. Leurs destinations ? Sao Paulo (Brésil), dans le Bronx à New-York (Etats-Unis), de Détroit à Los Angeles (Etats-Unis), Mumbaï (Inde) et Montréal (Canada). Chacun présente une approche d'étude différente, adaptée bien évidemment à leur destination, mais pas seulement. L'éclairage publique n'est pas le seul axe de leurs projets, on retrouve également la publicité, les enseignes... et même l'absence de lumière. Comment la lumière interfère-t-elle dans nos espaces urbains ? Comment révèle-t-elle la ville, la dynamise-t-elle ou au contraire la pollue-t-elle ? Quels sont ses apports, non seulement en termes d'urbanité, mais aussi et surtout, pour la société elle-même ?
    Autant de questions sur lesquelles, ces jeunes architectes vont s'interroger, le temps de leur voyage. Avant de revenir, dossier sous le bras pour une exposition spéciale, afin de partager avec tous leur expérience inédite... mais aussi avec des images plein les yeux et, sans nul doute, une foule de nouveaux projets !
    Pour découvrir les projets retenus, cliquez sur suivant.
    Penser la lumière dans la ville

    Sao Paulo : "De publicity à Clean City, changing Sao Paulo"

    Sao Paulo Zero Neons
    Sao Paulo Zero Neons © Solène Le Gallo et Thomas Dantec
    Solène Le Gallo et Thomas Dantec Sao Paulo Zero Neons Sao Paulo, Brésil
    "Une mégalopole de 20 millions d'habitants qui a grandi trop vite, une mer de gratte ciel dont on ne voit pas les limites, Sao Paulo, c'est le coeur économique de l'Amérique du Sud. Bien qu'on ne puisse pas dire qu'elle soit belle, Sao Paulo a un signe très particulier, c'est la première ville au monde sans publicité."
    Les architectes, partent d'un constat réalisé à la suite de leurs nombreux voyages à travers le monde : "Une évidence et une réalité, la publicité construit la lumière de la ville. Une fascination peut-être, l'omniprésence dans tous les cas." Comment ces "enseignes-monuments", ont inspiré les architectes et fascinent toujours, même si aujourd'hui les critiques se font de plus en plus entendre.
    "C'est son rejet immodéré pour les publicités qui nous a amenés à guider notre travail vers cette ville manifeste sur le sujet : Sao Paulo", expliquent Solène Le Gallo et Thomas Dantec.
    Comment la ville vit-elle, depuis sa mise en place il y a trois ans, loi Cidad Limpa, limitant la taille et le volume des réclames autorisées en ville ?
    "Notre objet d'étude est cet espace urbain pauliste en réinvention à travers le prisme de la disparition de la publicité et de son langage."
    Sao Paulo : "De publicity à Clean City, changing Sao Paulo"

    New York : "Point noir - Etat(s) lumineux du sud du Bronx"

    POINT NOIR - Etat(s) lumineux du sud du Bronx
    POINT NOIR - Etat(s) lumineux du sud du Bronx © Pia Le Weller - DR
    Pia Le Weller New-York, Etats-Unis
    "New York, avril 2007. Assis au bord de l'East River nous contemplons Manhattan, le fleuve opaque est une surface réfléchissante, les lumières des gratte-ciel se liquéfient et arrivent jusqu'à nous, trainées jaunes sur une eau violet sourd.
    Derrière : un terrain vague, point noir qui disparaît dans la nuit, au loin la ville, calme depuis Brooklyn. En regard de l'architecture scénographiée de Manhattan, elle offre un urbanisme sombre que les habitants ont su faire leur. La nuit est noire, l'éclairage public au lointain forme un glacis lumineux, la sensation d'invisibilité est puissante, nous sommes dans l'ombre de la ville comme derrière une glace sans tain."
    Etudier la lumière et son absence, comme un prisme révélant la ville : voilà l'objet de cette étude, qui a pour objectifs de "représenter le réseau et l'organisation invisible des Points Noirs sous forme de modèle réduit ou d'installations in situ".
    New York : "Point noir - Etat(s) lumineux du sud du Bronx"

    De Détroit à Los Angeles. Paysages contemporains, la nuit des périphéries américaines

    Cécile Combelle et Antonio Di Bacco
    Cécile Combelle et Antonio Di Bacco © Cécile Combelle et Antonio Di Bacco
    Collectif Barda (Cécile Combelle et Antonio Di Bacco) Détroit, Los Angeles, Etats-Unis
    "Entre surenchère commerciale et espaces délaissés, quels constats peut-on porter sur les paysages nocturnes de ces territoires ?"
    L'étude portera sur les paysages nocturnes des espaces périphériques des villes américaines, "à travers leurs diversités et leurs similitudes, en prenant en considération les modifications économiques et sociales imputables à la crise des subprimes".
    Cécile Combelle et Antonio Di Bacco expliquent dans leur dossier de candidature pourquoi, "à l'heure où l'on accorde le titre de 'nation suburbaine' aux Etats Unis (...) l'éclairage et les paysages nocturnes de ces zones périurbaines qui ne cessent de s'étendre, constituent un point d'étude riche. Le réinvestissement de la ville par l'éclairage ne se limite plus aux espaces publics traditionnels mais doit s'étendre aux formes urbaines contemporaines et esquisser les potentialités du renouvellement des pratiques."
    De Détroit à Los Angeles. Paysages contemporains, la nuit des périphéries américaines

    Mumbaï : "India Shining"

    Pauline Lecrivain
    Pauline Lecrivain © Mumbai 2008 - PL - DR
    Pauline Lecrivain "India Shining" Mumbaï, Inde
    Ville inspiratrice pour le cinéma indien, en tant que "symbole du mode urbain impitoyable et des dangers de l'occidentalisation", Mumbaï fascine. "Parler de lumière, c'est d'abord parler de lisibilité, préserver une lisibilité de l'espace urbain malgré l'obscurité. La lumière recrée une urbanité, transformant la ville, sans qu'il soit nécessaire de construire." Pauline Lecrivain se propose d'étudier dans un premier temps, "la modernité indienne et des composantes intrinsèques de Mumbai en analysant la lumière en tant que composante urbaine dans le quartier de Malabar Hill", avant d'aboutir à une "proposition de redynamisation du centre historique d'Ahmedabad constitué de pols par la lumière."
    Mumbaï : "India Shining"

    Montréal : La ville invisible mise en lumière

    Nicolas Lombardi
    Nicolas Lombardi © Nicolas Lombardi - DR
    Nicolas Lombardi "La ville invisible mise en lumière" Montréal, Canada
    "Quoi de moins naturel que de vivre en sous sol ? Le souterrain originel est sombre, sans lumière naturelle, sans façades, contraire aux lois de la vie en surface. Il est pourtant aujourd'hui une composante majeure de la ville (...)"
    Nicolas Lombardi se propose d'étudier la lumière dans la ville souterraine. A Montréal, ce sont "plus de 12km2, 30 km de tunnels en plein centre ville raccordant près de 60 complexes résidentiels et commerciaux." Une véritable ville sous la ville !
    "En sous sol plus qu'ailleurs, la lumière, naturelle ou artificielle, est un révélateur des lieux. Elle est indispensable pour rendre viable l'espace et l'humaniser. La dimension lumineuse nous permet de resentir l'espace. Elle participe également à la 'publicité' des lieux souterrains."
    Montréal : La ville invisible mise en lumière
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