La goutte d'eau qui fait déborder le vase ? D'après une étude récente publiée par le ministère de l'Ecologie, 18,5 millions de personnes sont exposées aujourd'hui à un risque de débordement de cours d'eau ou de submersion marine.
Les graves inondations à Nîmes en 1988 et Draguignan en 2010 ou encore, la violente tempête Xynthia la même année submergeant les côtes vendéennes, sont autant de catastrophes naturelles qui pourraient devenir plus fréquentes ces prochaines années avec le changement climatique.
Ainsi, d'après une récente étude, quelque peu accablante, du ministère de l'Ecologie, près de 17,1 millions de Français résidents permanents sont d'ores et déjà exposés aux différentes conséquences des inondations par débordement de cours d'eau et 1,4 million au risque de submersion marine, sans compter la population saisonnière.
Cette évaluation préliminaire des risques d'inondation au niveau national propose, en effet, une photographie complète de l'exposition actuelle de la France.
"Elle porte à la fois sur le risque lié aux débordements de cours d'eau et sur celui de submersion marine, intégrant les effets potentiels du changement climatique en considérant une rehausse potentielle d'un mètre des niveaux marins d'ici 2100", précisent les auteurs de l'étude. Et de confirmer :
"Pour la première fois, le risque inondation est envisagé au travers du prisme des enjeux et pas seulement de celui de l'aléa."
Par conséquent, l'arc méditerranéen, la vallée du Rhône, la région parisienne, densément peuplés, apparaissent comme des zones géographiques fortement visées.
"Les agglomérations alsaciennes et du Nord-Pas-de-Calais ressortent également de manière forte, du fait de la topographie plane de ces régions", signale le rapport.
Toutefois, certains départements qui apparaissent peu exposés à l'échelle nationale le sont, en réalité, fortement. Par exemple, selon l'étude, 50% des habitants de l'Ariège et 40% des habitants de Mayotte sont potentiellement menacés par les débordements de cours d'eau.
L'habitat de plain-pied induit une forte vulnérabilité des biens et des personnes
Et certains départements se révèlent toutefois plus vulnérables : 15% de la population de Mayotte est exposée, par exemple, au risque de submersion, 10% en Martinique, en Gironde, en Charente-Maritime, en Vendée, dans la Manche et le Pas-de-Calais ! L'habitat de plain-pied induit, selon les experts du rapport, une forte vulnérabilité des biens et des personnes. L'évaluation montre notamment
"la forte exposition de la côte vendéenne, faisant écho aux récents événements dramatiques lors de la tempête Xynthia".
Découvrez la suite de l'article en page 2
Près d'un emploi sur trois potentiellement impacté
Quant à l'exposition aux risques des activités économiques, l'étude estime à plus de 9 millions le nombre d'emplois directement touchés par les débordements de cours d'eau. Plus de 850.000 emplois sont impactés par le risque de submersions marines. En cumulant ces deux chiffres, c'est donc près d'un emploi sur trois qui pourrait être directement touché par une inondation.
Par ailleurs, en cas d'événement majeur, les emplois pourront être impactés bien au-delà des zones inondées, suite aux perturbations sur le fonctionnement des réseaux ou de la vie économique. Toutefois, l'étude comporte des limites qu'elle définit elle-même. Elle met en avant une
"inévitable simplification" et des
"approximations" dues à la méthode d'approche de ce risque. De même, cette évaluation ne prend pas en compte les effets des politiques de prévention entreprises jusqu'à aujourd'hui.
Malgré tout, ce risque n'est pas à négliger car, si la France n'a pas connu de crues exceptionnelles et généralisées depuis soixante ans, l'analyse souligne qu'une crue comparable à celle du XIXe siècle aurait aujourd'hui
"un impact considérable au vu de la densification des enjeux".
Si une crue
comme celle de 1910 survenait aujourd'hui à Paris, par exemple, son coût pourrait atteindre 30 à 40 Mds € et entre 4 et 5 millions de personnes seraient impactées et près de 170.000 entreprises touchées.
En parallèle de l'étude liée au risque de débordement de cours d'eau ou de submersion marine, un référentiel de travaux de prévention de l'inondation dans l'habitat existant, réalisé par le ministère de l'Ecologie recense, formalise et illustre les principales et dernières mesures de prévention de l'inondation pouvant être mises en œuvre sur un bâtiment existant en zone inondable en prévention ou à l'occasion d'autres travaux réalisés sur le bâtiment (réhabilitation, amélioration thermique, entretien,...). Il est destiné à la fois aux professionnels susceptibles de travailler en zone inondable mais également aux services de l'Etat et à ses partenaires en charge de la politique de prévention du risque d'inondation. Au programme, 4 chapitres :
"Définitions et domaine d'application", 18 fiches-travaux, 5 études de cas, et
"Pour en savoir plus" traite des responsabilités des acteurs intervenant dans la prévention de l'inondation et des processus d'indemnisations en cas de sinistre.
aux préventifs dans l'habitat existant" target="_blank">Le référentiel de travaux préventifs dans l'habitat existant en ligne.
Près d'un emploi sur trois potentiellement impacté