Dette : les maires ne lâchent rien dans la tourmente

    Publié le 24 novembre 2011 par Sébastien Chabas
    Difficultés d'accès au crédit bancaire, emprunts toxiques, augmentation des dépenses sociales... Lors de leur congrès cette semaine à Paris, les 7.000 maires, ont exprimé leurs vives inquiétudes à boucler leurs budgets. Chiffres à l'appui, les résultats du baromètre financier 2011 des communes, réalisé par l'institut CSA, montrent que les investissements sont en baisse. Au premier rang : la voirie.
    Pour leur congrès cette semaine à Paris, Porte de Versailles, où ont été renouvelées les instances de l'Association des maires de France (AMF), les 7.000 élus présents ont consacré une séance plénière à la question : "Les collectivités ont-elle encore moyen d'investir ?" Face à des demandes sociales fortes (logements sociaux) et à l'inflation des réglementations, les maires, pourtant inquiets ne veulent rien lâcher.
    Le récent baromètre financier 2011 des communes réalisé par le CSA pour le compte de l'AMF et la Caisse d'Epargne met en effet en exergue la volonté des maires à développer les investissements. Si cet objectif reste prioritaire, il n'en est pas moins vrai que l'année 2011 a vu les investissements baisser par rapport à l'année précédente (avec 51%,-5points).
    Ces diminutions touchent notamment la voirie (43% des maires concernés), loin devant le domaine de l'urbanisme et du logement (23%) ou encore le scolaire (14%). Un résultat paradoxal. Interrogés sur les domaines dans lesquels ils ressentent plus particulièrement des besoins d'investissements, les maires citent à 52% la voirie (-5 points par rapport à 2010), qui devance très nettement le secteur de l'urbanisme et du logement (21%, +1) et le développement des démarches environnementales (13%, -6).
    enquête collectivités publiques
    enquête collectivités publiques © CSA
     La perte régulière de "pouvoir d'achat" des communes est plus importante, précise l'étude, que ne l'estime généralement le pouvoir central. "Peu à peu se dessinent les contours d'un effet de ciseau redoutable qui amoindrit la capacité de financement des investissements, provoque leur diminution et pourrait à terme peser sur la croissance et l'emploi", s'est alarmé mercredi Philippe Laurent, maire de Sceaux, président de la commission des finances de l'AMF.
    "Difficultés financières pour 10% des collectivités de plus de 100.000 habitants"
    "Je serai contraint l'année prochaine de serrer mon budget, confie par exemple un élu aquitain d'une petite commune. Et je vais déjà réfléchir à l'évolution des recettes pour que l'on s'engage à la construction de futurs équipements publics." En revanche, face à la crise des finances, les grandes collectivités sont moins impactées à boucler leurs budgets. "Seulement 10% de collectivités de plus de 100.000 habitants traversent des difficultés financières, signale Michel Destot, maire de Grenoble et président de l'Association des maires de grandes villes de France,(AMGF). Dans le cas de Grenoble, nous n'envisageons pas de réduire nos investissements l'année prochaine. En revanche, nous restons prudents pour le projet hospitalier."
    Découvrez en quoi consiste le rôle de la future agence publique des investissements locaux en cliquant sur suivant.
    Dette : les maires ne lâchent rien dans la tourmente

    5 milliards d'euros pour débloquer le financement 2011 des collectivités locales

    le salon des maires
    le salon des maires © S.C. Batiactu
    En débloquant finalement 5 milliards d'euros au lieu des 3 milliards annoncés en octobre dernier, pour permettre aux collectivités locales d'emprunter et de boucler leurs budgets pour 2011, le Gouvernement choisit de rassurer du moins à court terme.
    Sur la durée, les élus misent sur leur outil propre : la future agence publique des investissements locaux. "C'est la première fois que les collectivités se prennent en charge elles-mêmes, souligne Jacques Pélissard, président de l'AMF nouvellement réélu jeudi. Cela montre leur maturité et leur prise de responsabilité et 50 % du chiffre d'affaires d'entreprises du bâtiment et des travaux publics concernent les collectivités locales."
    Le rôle de la future agence des investissements locaux est d'après le président des maires "un levier complémentaire" à côté de l'offre bancaire traditionnelle et celle de la nouvelle entité formée par la Caisse des dépôts et la Banque Postale. "Elle offrira une diversification indispensable dans un secteur qui doit être régi par une saine concurrence", estime-t-il.

    Le ministre de l'Economie rassure les élus

    Alors que Bercy voyait jusqu'à maintenant d'un mauvais œil la création d'une agence de financement des collectivités locales, le ministre de l'Économie, François Baroin, a finalement assuré mercredi devant les maires de France que "l'État enregistre le projet d'agence de financement des collectivités soutenu par les associations d'élus. Il ne s'y opposera pas".
    "Nous aurons le pôle public, les banques commerciales et l'agence", a-t-il ajouté après avoir rappelé que se met en place un "pôle public créé par la Caisse des dépôts et la Banque postale pour prendre le relais de Dexia". Le ministre a aussi souligné que si "nous allons vers une réduction de la durée des prêts aux collectivités", ce sont "des prêts protégés qui garantissent les taux".
    5 milliards d'euros pour débloquer le financement 2011 des collectivités locales
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