Bordeaux accessibilité © Thomas Sanson - Mairie de bordeaux
Les communes de 5.000 habitants et plus ont du pain sur la planche. D'après la loi du 11 février 2005, elles doivent en effet, d'ici 2015, rendre accessible aux personnes handicapées ou à mobilité réduite
"le cadre bâti, la voirie, les aménagements des espaces publics, les systèmes de transport et leur intermodalité". Pour y parvenir dans les délais, chacune d'entre elles doit mettre en place une
"commission communale pour l'accessibilité" composée notamment des représentants de la commune, d'associations et d'usagers.
A charge pour elle de
"dresser le constat de l'état d'accessibilité du cadre bâti existant, de la voirie, des espaces publics et des transports" mais, également, d'établir
"un rapport annuel présenté en conseil municipal" et de faire
"toutes propositions utiles de nature à améliorer la mise en accessibilité de l'existant". Un travail préliminaire qui ne doit pas attendre, puisque pour les Etablissements Recevant du Public (ERP), la date buttoir est fixée au 1er janvier 2011.
Compte tenu des échéances, l'heure est au recensement dans les communes. Ainsi, à Bordeaux, où l'accessibilité est une priorité depuis plusieurs mandatures, déjà cinquante et un établissements culturels et sportifs sur les 360 que compte la ville, ont été minutieusement passés à la loupe. A l'arrivée, pas de surprise mais plutôt une confirmation d'une situation déjà pointée du doigt depuis longtemps par les associations concernées par la question de l'accessibilité.
"Etant donné l'ampleur des travaux à réaliser, la mise en œuvre de ce plan accessibilité ne va se faire facilement", confie Joël Solari interviewé par Maison à part.
"Bordeaux est une ville riche du point de vue du patrimoine, poursuit le conseiller municipal chargé des politiques en faveur des personnes en situation de handicap.
Pour la rendre accessible, nous allons devoir intervenir sur des bâtiments historiques qui sont souvent soumis à de fortes contraintes".
Si l'arrivée du tramway dans la ville a amélioré l'accès à la voirie, il reste en effet encore beaucoup à faire au niveau des édifices recevant du public. Le principal problème étant que, dans la plupart d'entre eux, seul le handicap moteur, autrement dit
"le fauteuil", a été pris en compte.
"Rares sont les bâtiments à pouvoir accueillir des malvoyants ou des malentendants, commente Joël Solari.
L'éclairage, l'acoustique, le franchissement des seuils, les contrastes de couleurs, la signalétique... Autant de points qui sont à revoir".
Des travaux lourds à supporter Bordeaux accessibilité © Thomas Sanson - Mairie de bordeaux
Au terme de cette étude, une première liste de bâtiments a pu être établie. N'y figurent que des lieux très fréquentés tels que la bibliothèque, le théâtre, l'opéra, le musée des Beaux Arts... D'ici 2015, tous devraient donc subir une ou plusieurs interventions. Des travaux qu'il va falloir certes hiérarchiser avant de les lancer mais surtout financer, comme s'en inquiète Joël Solari.
"Cela va être très lourd à supporter pour la commune, commente-t-il.
D'ailleurs, poursuit-il, on estime à 15 milliards d'euros, le coût pour rendre accessible les 175 000 établissements relevant des collectivités locales, soit, en moyenne, 70 000 euros pour les communes de moins de 5 000 habitants et 4 millions d'euros pour celles de plus de 5 000 habitants". Un problème de financement qui avait déjà été soulevé en janvier 2008 par la Fédération APAJH (Associations Pour Adultes et Jeunes Handicapés).
Cette dernière avait suggéré à l'Etat la mise en place
"d'une contribution financière sous forme de dotations aux collectivités, affectées à l'accessibilité des locaux pendant cinq ans". Une proposition soutenue par Jean-Pierre Masseret, sénateur de la Moselle qui avait déjà plaidé quelques mois plus tôt pour que
"l'État accompagne les communes, y compris financièrement, dans ce travail de mise en accessibilité". Un appel qui, à l'époque, avait retenu l'attention du gouvernement mais sans aboutir à l'adoption de mesures concrètes.