La Courneuve a connu une longue tradition de boyauderies à partir du XIXe siècle, du fait de sa proximité avec l'abattoir de la Villette. Ouverte en 1877, celle sise place Jules Verne fabriquera entre autres, des cordes pour les instruments de musique - devenant "la plus grande fabrique du monde dans le domaine des cordes harmoniques" - et, à partir des années 60 après la fermeture des abattoirs, des cordages de raquettes de tennis. Aujourd'hui racheté par la ville, l'ancien établissement de l'entreprise Babolat se transformera très prochainement en 99 logements locatifs sociaux et 19 logements en coopérative. Une exposition - "Les Cordes à la Courneuve, de la manufacture à l'habitat" - présentée au début de l'été et reprise en ce mois de septembre*, permet de comprendre l'histoire de ce patrimoine exceptionnel, placé au cœur d'un projet de renouvellement urbain d'envergure. Un patrimoine qui ne devrait pas perdre totalement de son âme, malgré sa mutation. Philippe Hannequin, directeur général de FIAC - Entreprise sociale pour l'habitat du réseau Batigere qui mène l'opération des 99 logements sociaux, tandis que Interconstruction s'occupe des logements en coopérative - explique ainsi qu' "avec cette opération, le FIAC participe à la reconquête d'un site industriel et à une amélioration du cadre de vie pour tous les habitants du quartier".

Six hectares et demi réhabilités

Pour ce faire, le bâti présent sur cette parcelle de 6,5 hectares sera totalement réhabilité : la maison du directeur, celle du contremaître et les bureaux seront rénovés et les menuiseries remplacées. L'immeuble des anciens laboratoires, dont la verrière et la porte d'entrée demeurent, se verra quant à lui surélevé d'une structure métallique. A la place de l'usine, de nouveaux bâtiments "modernes et sobres" et à hauteur limitée (à deux, trois et cinq niveaux) prendront place. "L'aménagement de la parcelle est guidé par l'emplacement des bâtiments conservés, qui sont mis en valeur par des percées visuelles, explique FIAC, les constructions nouvelles s'insèrent entre l'existant et en respectant les gabarits." Le projet se veut également respectueux de l'environnement, porteur des exigences du label Qualitel "THPE" (très haute performance énergétique", "Certification habitat" et "Environnement Profil A". En termes de qualité de vie, les espaces verts devraient également faire beaucoup avec un aménagement paysager privilégiant des espaces collectifs plantés et colorés. Des cheminements piétonniers et des terrasses privatives sont prévus, de même qu'un espace de jeux pour les enfants, tandis que la cour pavée d'origine est sublimée. Les architectes, Christine et Dominique Carril, ont été sensibles, est-il ainsi expliqué, "à l'ambiance très calme de la cour, au charme du grand arbre qui protège la maison du directeur"... "Ils préservent cette qualité architecturale et urbaine en respectant l'intériorité et les proportions de la cour". "Notre souhait est de préserver des traces de l'histoire du lieu tout en proposant une architecture contemporaine, des logements et des espaces verts agréables à vivre pour les futurs occupants," explique ainsi Philippe Hannequin de FIAC. Les travaux commencent début 2012 pour aboutir fin 2013. Loin de l'image d'Epinal des hautes tours HLM - la destruction de la tour Balzac a d'ailleurs commencé courant juillet - La Courneuve poursuit ainsi sa mutation urbaine. Découvrez des photos historiques et des perspectives du projet en pages suivantes. Opération menée par FIAC (Batigère) et Interconstruction Architectes : Christine et Dominique Carril Partenaires du projet : Caisse des Dépôts et Consignations, Cilgère, Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Conseil régional d'Île-de-France, La ville de la Courneuve, L'Etat. *Exposition "Les Cordes à la Courneuve, de la manufacture à l'habitat" 3, place Jules Vernes La Courneuve (92) Cette exposition est organisée à l'initiative de Fiac,en partenariat avec Interconstruction et la Ville de La Courneuve. Y ont contribué : les services de la Ville de La Courneuve, le CAUE 93, le service du patrimoine culturel au Conseil général de Seine-Saint-Denis, l'entreprise Babolat, les architectes Christine et Dominique Carril, les services de l'INA, l'entreprise STB Construction.