Le Conseil national de l'Ordre des architectes vient de publier "18 propositions pour un urbanisme durable et une architecture responsable". L'objectif de ce travail est d'aider les maires et élus de petites et moyennes communes dans leurs projets d'aménagement respectueux de l'environnement. Explications avec Patrice Genet, président de la commission développement durable au sein du conseil.
Maison à part : A partir de quel constat avez-vous décidé de réaliser ces 18 propositions ?
Patrice Genet : On a remarqué que les agglomérations étaient mieux armées que les petites et moyennes communes en matière d'architecture responsable. On a donc eu l'idée de faire émerger des propositions, des questionnements auxquels les élus pourront se soumettre. Mais attention, nous ne livrons aucune recette à appliquer. Chaque commune ayant ses propres problématiques.
Maison à part : Comment avez-vous travaillé ?
P.G. : Nous avons rencontré des élus et services d'urbanisme de grandes villes comme Montpellier, Bordeaux, Mulhouse pour étudier et observer leurs réflexions et pratiques. Certaines expériences sont originales et transposables aux collectivités de tailles moins importantes. Ces exemples peuvent s'appliquer à des regroupements de petites villes, d'autant plus qu'aujourd'hui, on ne peut pas faire de démarche isolée avec les communautés de communes. Et puis, les populations sont mobiles et ne restent pas seulement sur leur territoire, elles bougent notamment pour travailler.
Maison à part : Quel est, selon vous, le plus grand défi que les maires et les architectes doivent relever ensemble ?
P.G. : Il faut limiter la consommation des terres et des territoires à l'infini et maîtriser la consommation d'espaces en se reconcentrant sur la ville elle-même. C'est pourquoi il est essentiel de penser au recyclage de la ville et du village. Et surtout ne pas céder aux effets de mode comme par exemple le développement des éco quartiers qui peuvent consommer des terrains et élargir les villes.
Maison à part : Parmi les 18 propositions, quelle est celle qui vous paraît indispensable ?
P.G. : Avant tout, il faut faire un
état des lieux et réaliser un inventaire des terrains : regarder les bâtiments qui n'ont plus d'activité, évaluer les espaces désaffectés... afin d'utiliser les ressources existantes et ne pas s'étendre à l'extérieur. C'est aussi le meilleur moyen de gérer les espaces publics et d'éviter les effets de paupérisation.
Maison à part : Parmi vos propositions, vous soulevez la question de la mixité sociale, générationnelle et fonctionnelle, des thématiques régulièrement abordées mais qui restent sans véritable solution...
P.G. : Concernant la mixité sociale, il s'agit d'un état d'esprit à changer. Je serai ravi qu'on me commande un jour un programme regroupant des studios pour les étudiants, des appartements pour les personnes âgées et des étages pour des familles. En quelque sorte, un projet qui coïncide avec un état de la société. Toutefois, si le logement social est un laboratoire, les promoteurs privés sont dans une démarche commerciale. Cependant, le politique et les collectivités locales peuvent être prescripteurs envers les promoteurs et imposer certaines orientations. Par exemple, Montpellier réclame des programmes très stricts en matière d'économie d'énergie. On peut également imaginer que des petites collectivités soient vigilantes sur les lotissements notamment en exigeant une valeur ajoutée, telle que que des emplacements pour des équipements publics ou bien un cheminement piéton pour rejoindre la ville. Avec le pouvoir des élus et le savoir des architectes, le défi semble à notre portée !
Les 18 propositions :