Paris vu du ciel © MD Batiactu
Batiactu : La décentralisation revient au cœur de l'actualité, de quelle manière décentralise-t-on ?
Daniel Canepa : Soit on remet la compétence de l'Etat à la collectivité soit la collectivité devient un opérateur de l'Etat. Enfin, avec la perspective de la décentralisation, des incertitudes pèsent sur les champs de compétence de certaines directions : Direction régionale et interdépartementale de l'Hébergement et du Logement (DRIHL), Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRECCTE). Leurs missions devront certainement être redéfinies mais ces directions garderont leur raison d'être.
Une nouvelle phase de décentralisation posera la question des moyens et des moyens de contrôle. D'autre part, elle devra être précédée d'un questionnement sur les missions sur lesquelles l'Etat est encore légitime à agir. A l'inverse, il ne faut pas attendre des préfets des miracles sur les sujets sur lesquels l'Etat s'est départi de sa compétence. Il en va ainsi de la cohérence et de la crédibilité de la parole et de l'action publiques.
Batiactu : Quelles sont les prochaines échéances en matière de logement ?
Daniel Canepa : Je vais réunir le Comité régional de l'hébergement et du logement dès la mi-octobre en lui proposant de conduire un débat sur nos orientations stratégiques. Le projet de loi SRU présenté par la ministre Cécile Duflot, la semaine dernière, en sera bien sûr l'un des sujets principaux.
Sous réserve des modifications de la loi pendant la discussion parlementaire, cela conduirait, sur la période triennale 2011-2013, à 15.130 logements supplémentaires en région Ile-de-France dont 8.628 à Paris pour les communes n'atteignant pas 20% aujourd'hui (169 aujourd'hui), et 2.211 logements pour les 55 communes actuellement situées entre 20% et 25%.
Batiactu : Qu'en est-il de la cession du foncier de l'Etat ?
Daniel Canepa : Dans le cadre du plan de mobilisation du foncier public 2012-2016, une surface d'environ 800 à 900 ha pourrait être mobilisée, pour environ 50.000 logements. Et j'ai d'ores et déjà mobilisé l'ensemble des préfets en Ile-de-France afin de réaliser un recensement précis du foncier public en lien avec les élus locaux, afin que je rende ma copie au ministre de tutelle fin septembre prochain. Cette liste doit recenser des terrains publics que l'Etat pourrait céder rapidement, avec une forte décote, afin de débloquer des opérations de construction de logements, notamment de logements sociaux.
Batiactu : Pour conclure, quel est l'état d'avancement des grands projets parisiens fortement contestés cette année, à l'image du futur ministère de la Défense à Balard et du Palais de Justice de Paris aux Batignolles ou de la halle Freyssinet ?
Daniel Canepa : Les travaux du futur ministère de la Défense avancent bien aujourd'hui. Une éclaircie est bien là et ce projet est irréversible Tous les acteurs avancent bien et chacun - Mairie de Paris, RATP - sont maintenant convaincus du chemin à prendre. En ce qui concerne le projet du futur Tribunal de grande instance (TGI) de Paris, situé aux Batignolles, il avance bien aussi (Ndlr : malgré des audits entrepris ces temps-ci). C'est en bonne voie. Pour la halle Freyssinet, il n'y a pas de problème : le bâtiment qui est situé devant la halle peut être détruit car il n'est absolument pas classé. Et c'est à cet endroit-là qu'on devait réaliser des logements sociaux. Le seul problème, mais qui n'appartient pas à l'Etat, concerne les discussions entre la SNCF et la mairie de Paris. Ainsi, l'assiette de terrain sur lequel peut être détruit d'abord le bâtiment administratif de la halle Freyssinet et reconstruit, n'est pas classée. C'est donc un non sujet.
Plus de 17% de logement social à Paris (étude)
Paris comptait au 1er janvier 2011 près de 200.000 logements sociaux, représentant 17,13% des résidences principales parisiennes, souligne en parallèle une étude de l'Observatoire du logement et de l'habitat de Paris (OLHP) récemment publiée. "Paris compte 197.414 logements sociaux SRU (répondant aux critères de la loi du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains, NDLR) au 1er janvier 2011", affirme d'ailleurs l'étude publiée sur le site de l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR).