fillon © Benoit Granier/Matignon
Abandon ou pas de la taxe carbone, dite aussi contribution carbone ? Si le terme n'a pas été prononcé par le Premier ministre et son entourage ce mardi, il semble que ce soit la tournure que vont prendre les choses.
Devant les députés UMP, François Fillon a expliqué que la taxe carbone ne pourrait être instaurée qu'au niveau européen, afin de ne pas pénaliser les entreprises françaises et nuire à leur compétitivité. L'entourage du chef du gouvernement s'est aussitôt empressé de préciser que cela ne signifiait pas l'abandon de la taxe Carbone. Une information confirmée par le patron des députés UMP, Jean-François Coppé, qui a précisé "
qu'il n'y aura pas " de taxe Carbone au 1er juillet 2010 comme prévu, "
à moins qu'il y ait un accord européen " d'ici là, relate l'AFP. Toutefois, les spécialistes diplomatiques et européens s'accorderaient à dire qu'il s'agit là d'un débat improbable au niveau européen, qui n'est pas à l'ordre du jour.
Pour justifier cette nouvelle, François Fillon a donc évoqué la "
compétitivité de nos entreprises françaises " qui pourrait pâtir d'une taxe qui n'aurait pas été décidée en commun avec les autres pays européens. Quarante-huit heures après la débâcle des élections régionales, le Premier ministre a davantage axé son discours sur les priorités du gouvernement : "
Priorité à la croissance, l'emploi, la compétitivité, la lutte contre le déficit", a-t-il dit. "
Il faut aussi terminer la réforme des collectivités et faire celle des retraites ", a-t-il ajouté.
Projet porté depuis toujours par Nicolas Sarkozy, qui comparait même, en septembre dernier, cette réforme de la taxe carbone à "
l'abolition de la peine de mort", il voit aujourd'hui son avenir plus que compromis. Déjà annulée par le Conseil constitutionnel en décembre dernier, qui estimait que la loi créait trop d'exemptions, la taxe avait été finalement reportée au 1er juillet 2010. Il y a quelques jours, le chef de l'Etat avait temporisé, dans les colonnes du Figaro Magazine : "
Nous n'imposerons pas à nos industriels des contraintes si, dans le même temps, on autorise les importations venant de pays qui ne respectent aucune des règles environnementales à inonder nos marchés ". Nicolas Sarkozy a précisé dans une intervention ce mercredi qu'il ne comptait pas abandonner pour autant ce projet, qu'il subordonne à l'adoption d'une "taxe frontière" pour protéger les intérêts économiques nationaux, notamment l'agriculture.
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno s'est dite mardi "
désespérée de ce recul, désespérée que ce soit l'écolo-scepticisme qui l'emporte". Elle estime qu'il était possible de mettre en oeuvre la taxe carbone en France
"avant de le faire en Europe", ce qui était prévu à l'origine. Elle a précisé ce mercredi, tout comme Jean-Louis Borloo, qu'elle n'envisageait pas pour autant de démissionner.