tentes canal saint martin © CG - Batiactu
Alors que l'on célèbre le 60ème anniversaire de l'appel de l'Abbé Pierre, le 19ème rapport de sa Fondation remis vendredi sur l'état du mal-logement en France ne soulève pas d'améliorations criantes. A la suite de cette publication, la ministre du Logement a annoncé trois mesures pour faire reculer le fléau. Détails.
Le 1er février 1954, l'Abbé Pierre lançait un appel mémorable et poignant suite à un hiver rigoureux qui fut meurtrier pour de nombreux sans-abri. C'était il y a 60 ans... Aujourd'hui, si la situation a évolué, elle reste néanmoins préoccupante puisque l'on recense encore 3,5 millions de personnes mal-logées.
Le rapport que réalise chaque année la Fondation Abbé Pierre soulève en 2014 plus particulièrement un point : la corrélation entre l'emploi et le mal-logement. "
Pour avoir un emploi, il faut disposer d'un logement d'un coût supportable et qui ne soit pas trop éloigné du lieu de travail... comme il faut un emploi, avec les ressources qu'il procure, pour avoir un logement", souligne le rapport de l'association, insistant sur les jeunes privés de soutien familial, dont la situation peut devenir dramatique et tourner autour de l'hébergement provisoire, les foyers, squats, le centre d'hébergement ou même la rue.
Autre sujet d'inquiétude : les copropriétés en fragilité, toujours plus nombreuses, couvrant entre 800.000 et un million de logements : "
Les entretiens réalisés par la Fondation Abbé Pierre auprès des locataires en difficulté dans les copropriétés ont mis en lumière des situations sociales et humaines bien souvent très critiques, parfois bien plus que celles que l'on rencontre dans le parc HLM situé dans les Zones urbaines sensibles (ZUS)", explique le rapport.
Quid du mouvement lancé par la ministre du Logement avec la loi Alur ? Pour ce qui est de la loi, la Fondation salue la volonté de traiter le problème de manière globale, notamment par l'inscription de la dimension sociale de la politique du logement. Parmi les points positifs, elle
cite la
"mise à disposition" de terrains publics aux collectivités locales pour favoriser la construction de logements sociaux, et l'augmentation de la part de ceux-ci dans la loi SRU.
Cependant, elle dénonce la gestion du financement du logement social, avec la diminution de la ligne fongible des aides à la pierre et la surcharge foncière inscrite au budget de l'État, qui passe de 500 millions d'euros en 2013 à 450 millions d'euros en 2014 (soit une baisse de 10%). Sans oublier le recours à des ressources extra-budgétaires limitées dans le temps.
La ministre du Logement, présente vendredi lors de l'énonciation des principaux faits du rapport, a choisi ce moment pour faire trois annonces visant à réduire le fléau : le rétablissement du bénéfice de la trêve hivernale des expulsions pour tous, y compris les
"occupants sans droit ni titre" (NDLR : la trêve s'étend du 1er novembre au 31 mars) ; le lancement d'une mission nationale confiée à Adoma (société d'économie mixte française détenu par des acteurs publics) pour résorber les bidonvilles ; et la mise en place en 2014 d'un "plan d'action" en faveur des personnes reconnues prioritaires au Dalo.
Les principaux chiffres du mal-logement
Parmi les 3,5 millions de personnes "non ou très mal logées", on trouve : Des personnes sans domicile dont : - des personnes en résidences sociales ex nihilo (18.478 personnes) - des résidences principales en chambres d'hôtels (38.000 personnes) - des habitations de fortune : cabane, construction provisoire, personnes vivant à l'année en camping ou en mobil-home, etc. (85.000 personnes) - des personnes en hébergement "contraint" chez des tiers (411.000 personnes) Des personnes vivant dans des conditions de logement très difficiles, dont : - privation de confort (2.123.000 personnes) - surpeuplement "accentué" (800.000 personnes) Source : Fondation Abbé Pierre