Les "
datas centers" (ou "centres de traitement de données") sont des unités qui regroupent des ordinateurs centraux, des serveurs informatiques, des baies de stockage et des équipements réseaux qui gèrent et traitent des informations électroniques nécessaires à l'activité des sociétés.
Ce type d'équipement s'avère particulièrement gourmand en énergie, notamment à cause de ses besoins en refroidissement : un data center de 10.000 m² consommerait autant qu'une ville de 50.000 habitants. Rafraîchis en permanence par des systèmes de
climatisation, ils émettent donc beaucoup de chaleur qui, jusqu'à présent, était perdue.
A Val d'Europe, dans l'Est de l'Île-de-France, Dalkia a proposé de récupérer cette chaleur pour la transférer à l'eau d'un réseau de
chauffage urbain, par le biais d'un échangeur thermique.
Dans la ZAC du Prieuré, en bordure de l'autoroute A4, un bâtiment de 8.000 m² qui abrite des serveurs informatiques permet donc de chauffer des constructions diverses, situées dans une zone de moins d'un kilomètre aux alentours.
Premier à en avoir bénéficié ? Le centre aquatique intercommunal qui réchauffe ses bassins, grâce à un réseau de tuyaux, long de 4 kilomètres en tout, qui achemine de l'eau portée à 55 °C. Une pépinière d'une quinzaine d'entreprises est également raccordée.
A terme, l'énergie de récupération fournira annuellement 26 GWh de chaleur pour chauffer 600.000 m² de locaux
tertiaires et d'équipements, répartis sur 150 hectares. Un bienfait pour l'environnement puisque l'installation, qui a démarré à la fin de l'année 2012, permet d'économiser l'émission de 5.400 tonnes de CO2/an, soit l'équivalent des rejets de 5.000 véhicules. Et cette énergie, autrefois gaspillée dans l'atmosphère, présente d'autres avantages : disponible en permanence (les centres de données ne s'arrêtent pas), elle est indépendante des fluctuations du prix des énergies fossiles (gaz ou fioul).
La France dispose de plus d'une centaine de ces centres de données, qui fonctionnent principalement pour le secteur bancaire et celui des télécommunications. D'autres initiatives similaires de récupération de la chaleur des datas centers ont été réalisées, notamment à Roubaix (Nord) ou à Clichy (Hauts-de-Seine) où des installations chauffent des bâtiments de leur voisinage.
Selon un rapport publié en 2012 par Greenpeace, si tous les data centers mondiaux étaient réunis sous la bannière d'un seul pays, celui-ci se classerait à la 5e place de la demande électrique de la planète, tout en générant indirectement 2 % des émissions mondiales de CO2 - soit autant que le transport aérien. Comme la quantité de données numériques devrait être multipliée par 50 d'ici à la fin de la décennie, le nombre de centres de traitement des données devrait également croître de 23 % par an dans les prochaines années. La récupération de chaleur aura donc de beaux jours devant elle.