Des chercheurs du CNRS ont démontré que la lumière n'intervenait pas autant qu'on le pensait dans la détermination de l'horloge biologique. L'ensoleillement jouerait en réalité le rôle de régulateur pour remettre à l'heure une horloge biologique ponctuellement déréglée.
Dans nos chambres, les simulateurs d'aube et autres diffuseurs de lumière naturelle ont trouvé leur place depuis quelques années. Ils promettent de rééquilibrer notre horloge biologique pour nous apporter plus de bien-être. Mais comment notre corps peut-il se synchroniser avec le cycle d'ensoleillement, alors que celui-ci varie chaque jour ?
Ce que l'on appelle communément l'horloge biologique, c'est en fait la capacité qu'a notre organisme de s'adapter aux changements induits par l'enchaînement entre le jour et la nuit. Cette horloge est dite circadienne, c'est-à-dire qu'un cycle dure environ vingt-quatre heures, soit la durée d'une alternance complète entre jour et nuit.
A l'échelle de la cellule, ces rythmes se traduisent par une activité cyclique de certains gènes, également sur vingt-quatre heures. En mesurant la concentration des protéines produites par ces gènes dans une cellule, on peut ainsi avoir une indication de l'heure qu'il est !
L'alternance entre le jour et la nuit varie au cours de l'année. Et l'ensoleillement, au cours de la journée, notamment en fonction de la météo... Puisque notre rythme est circadien, on pourrait croire que l'activité de ces gènes se calque directement sur l'ensoleillement, pour s'adapter à ces variations. Eh bien non ! Trois équipes de chercheurs du CNRS* viennent de prouver le contraire !
En prenant appui sur l'horloge biologique d'une algue, calée précisément sur le cycle d'éclairement, les chercheurs ont découvert que, en dehors de périodes précises, l'ensoleillement n'avait pas d'impact sur l'activité des gènes. Autrement dit, lorsque l'horloge est à l'heure, elle ne réagit pas à l'alternance entre le jour et à la nuit. Mais dès qu'elle subit un décalage, la lumière intervient pour la remettre à l'heure !
Pour retrouver la forme après un voyage avec un gros décalage horaire, suivez donc le soleil ! En vous couchant au même moment que lui, et en évitant donc les lumières artificielles, vous recalerez votre horloge biologique plus rapidement.
*Observatoire océanographique de Banyuls (CNRS/UPMC Paris 6), Laboratoire de physique des lasers, atomes, molécules (CNRS/Université Lille 1), Institut de recherche interdisciplinaire (CNRS/Universités Lille 1 et 2). Travaux publiés dans la revue PloS Computational Biology.