Spécialiste des radars à l'U.S Navy, Douglas Engleebart n'était pas un inconnu dans le monde de l'informatique en 1963. Cette année-là, il inventa, en prime, l'un des objets les plus indispensables, encore aujourd'hui à ce milieu : la souris d'ordinateur. Constatant le potentiel de sa création, il attendit néanmoins plusieurs années avant de breveter son invention (1967) et de la présenter pour la toute première fois au public le 9 décembre 1968, jour que l'histoire retiendra. "Indicateur de position X-Y pour système d'affichage" : un nom un peu barbare pour cet objet que Douglas Englebart nommera plus tard une souris, référence au rongeur et à sa longue queue, semblable au fil sortant du périphérique. Dotée d'un seul bouton, elle pouvait néanmoins se déplacer lentement, en verticale et à l'horizontale, sur une surface plane grâce à deux petites roues.

On pense toujours à Douglas Englebart lorsque l'on parle des prémices de la souris d'ordinateur. Mais ce serait oublier les ingénieurs allemands anonymes, créateurs de la "Rollkugel" (qui signifie "boule de roulement"). En effet, en octobre 1968, ces derniers publiaient des informations sur ce prototype dans les pages d'un magazine allemand. Ce périphérique pouvait être alors branché sur un micro-ordinateur. Il permettait ainsi d'effectuer quelques opérations graphiques simples grâce à un curseur affiché à l'écran et à un bouton central. Au contraire de la souris d'Englebart, le déplacement de la souris reposait sur une boule de la taille d'une balle de ping-pong. L'histoire a d'avantage retenu la création de l'Américain et non celle des Allemands, car cette dernière n'est restée qu'à l'étape de prototype jusqu'au début des années 1970 où elle commence à être citée dans des revues et dans des rapports de grands centres de calcul.

Conçue par le laboratoire de la société Xerox - aujourd'hui spécialisée dans l'impression -, l'Alto reste une référence pour l'évolution de la souris dans l'histoire. Elle disposait alors de trois boutons et d'autant de boules métalliques, nécessaires au déplacement de la souris. Très carré, son design demeure assez inspiré par celui de la souris d'Englebart, mais aussi très proche de l'ensemble du matériel informatique de l'époque. Selon leurs créateurs respectifs, les souris à deux ou un seul bouton, commercialisées par Apple et Windows, quelques années plus tard ont toutes les deux pris, la souris Alto comme modèle.

Outre les allemands, d'autres européens ont marqué le monde de l'informatique avec leurs recherches autour de la souris d'ordinateur. Et c'est le cas du Suisse, Jean-Daniel Nicoud, diplômé de l'Ecole Polytechnique de Lausanne, qui a breveté l'idée d'une boule principale pour contrôler la souris. En créant la souris "Depraz" (pour la marque éponyme) en 1979, il a également perfectionné les technologies utilisées par toutes les souris précédentes et notamment la reconnaissance du capteur par l'ordinateur lui-même. Son design revient, quant à lui, à l'idée d'un hémisphère et, ce, pour améliorer, selon lui, le confort d'utilisation. Les boutons, à peine visibles, sont au nombre de trois et se trouvent juste au bout des doigts.

Intéressé de prime abord par les travaux d'Englebart, c'est en découvrant la souris de Jean-Daniel Nicoud, que l'ingénieur suisse Daniel aurait eu l'idée de fonder l'entreprise Logitech. Aujourd'hui spécialisée dans les périphériques informatiques, Logitech est réputé pour ses claviers, ses casques mais, aussi et surtout, pour ses souris. La "C7" est donc la toute première souris commercialisée sous le nom de Logitech en 1985. Elle suit de très près la "8010 Star" de Xerox qui est considérée comme la toute première souris commercialisée au monde. Il ne faut cependant pas oublier que l'ordinateur n'était alors pas démocratisé comme aujourd'hui et que son succès provient avant tout des ventes aux laboratoires ou aux universités.

En 1989, afin de célébrer les ventes de la "Pilot Mouse", modèle à trois boutons le plus vendu au monde, Logitech décide de lancer une version plus évoluée, inspirée par des recherches scientifiques antérieures. La molette prend alors sa place de troisième bouton et le public découvre alors les multiples utilisations qu'il est possible d'en faire. Ce petit plus est désormais quasi-indissociable du monde de la souris et a trouvé une nouvelle jeunesse avec l'arrivée d'Internet. On notera également la forme de la souris, légèrement "écrasée" afin d'éviter que l'utilisateur ne casse trop son poignet.

Depuis ces premiers modèles rudimentaires, le design des souris a considérablement évolué en allant vers plus de confort et plus d'ergonomie. Certaines d'entre-elles bénéficient désormais d'un design singulier, très vertical. Ce design (voir modèle Urban Factory présenté ci-contre) permet d'adopter une position naturelle qui préserve des tensions musculaires et autres cassures du poignet. De plus, étant sans-fil et fonctionnant avec la technologie laser, elle dispose d'une fluidité exemplaire par rapport aux modèle à boule. Prix public indicatif : 89.90 € (souris ergonomique de chez Urban Factory).

Le succès de la souris a pris également racine dans le succès du jeu vidéo sur les ordinateurs. Même si le marché du jeu vidéo s'appuie aujourd'hui beaucoup sur les consoles, l'ordinateur reste très apprécié pour sa puissance, mais surtout pour sa fluidité de mouvement permise grâce à la souris. Afin de rivaliser avec l'ergonomie des manettes de jeu, Mad Catz, une société spécialisée dans les périphériques liés au jeu vidéo, a décidé de se lancer sur le marché de la souris d'ordinateur. Avec son design "tranché au couteau" et son apparence très technologique due, en grande partie, à ses nombreux boutons, la R.A.T a connu un grand succès lors de sa sortie en 2010. En 2013, elle reste une référence et la plupart des modèles de souris de joueurs de jeu vidéo s'inspirent encore de son ergonomie. Prix public indicatif : à partir de 90 €