Fondation des Ateliers d'art de France © B. Boigontier
Modernité et innovation, ce sont les mots d'ordre de la Fondation des Ateliers d'art de France, lancée le 15 septembre dernier. Avec pour rôle principal la promotion des métiers d'art, la fondation lance d'ores et déjà un premier appel à projets, pour récompenser une œuvre en devenir.
Les Ateliers d'art de France ont lancé le 15 septembre dernier leur fondation, dotée d'un fonds initial de 200.000 euros, avec la volonté de promouvoir l'image moderne du secteur. Serge Nicole, céramiste, président des Ateliers d'art de France et membre du conseil d'administration de la Fondation, nous explique les enjeux actuels pour le secteur des métiers d'art.
Maison à part : Pourquoi créer une fondation des métiers d'art, alors que d'autres œuvrent déjà pour leur promotion ?
Serge Nicole : Il n'est, bien sûr, pas question de remplacer les structures qui existent déjà, et qui font très bien leur travail, mais d'œuvrer à leur côté, de compléter leur démarche. La société a subi une mutation, la profession aussi. Des milliers de petits ateliers sont bousculés par la mondialisation. Certains circuits de distribution sont détruits ou altérés. Nous voulions donc créer une fondation spécifique aux métiers d'art, et faire des professionnels les acteurs de cette fondation.
MAP : Quels sont les objectifs principaux de la Fondation des Ateliers d'art de France ?
S.N. : L'image qu'a le public des métiers d'art n'est plus d'actualité. Le secteur est résolument innovant et moderne, et c'est l'image que la Fondation souhaite renvoyer des artisans d'art. Tous les métiers ont des langages spécifiques, et le public ne le comprend pas toujours, parce qu'il n'est pas formé à cela. C'est aussi le rôle de la Fondation de vulgariser les métiers d'art.
Nous souhaitons également être de plus en plus en liaison avec les écoles d'art. La transmission est un enjeu très important dans notre secteur, les artisans aiment partager leur savoir-faire. Par la communication, nous souhaitons stimuler l'enthousiasme de la jeunesse, leur montrer qu'il y a une vrai communauté des artisans d'art.
MAP : Pour qui la Fondation a-t-elle été créée ?
S.N. : Pour une très grande partie, le secteur est composé de petites structures, qui représentent la vraie énergie des métiers d'art. La Fondation s'adresse à eux en particulier. Ce sont ces petites entreprises et artisans qui s'adaptent le plus vite au changement, tandis que les structures plus grosses ont plus de lourdeur.
MAP : Quelles seront les premières actions de la Fondation ?
S.N. : Le premier programme d'action s'organise autour d'un cycle de trois appels à projets. Le premier, "l'œuvre", qui vient d'être lancé, concerne des créations en devenir, dont les auteurs seront récompensés d'un financement de 60.000 euros. Le deuxième, "le créateur", récompensera le parcours exemplaire d'un artisan d'art, en soutenant la réalisation d'une exposition de ses œuvres. Le dernier, "la pensée", récompensera un professionnel qui travaille à faire évoluer la vision des métiers d'art : créateur, photographe, chercheur, écrivain, etc.
MAP : Le premier appel à projets récompensera une œuvre qui n'existe pas encore. La démarche est très originale...
S.N. : En effet, c'est une première. Les participants devront exposer leurs projets à plat, ils auront peut-être un peu de mal d'ailleurs... Mais la manière dont ils vont présenter leurs dossiers sera intéressante en soi.
Le but est de montrer, pour une fois, la démarche de réalisation d'une création, et de mettre en valeur le travail dans les ateliers. C'est à cette étape que l'œuvre naît réellement. Celui qui conçoit est aussi celui qui exécute, il ne fait pas que transposer le dessin, il crée complètement. Les métiers d'art sont un élément du secteur du luxe, de par cette authenticité.