philippe demougeot bis © philippe demougeot
Quel regard portez-vous sur votre profession aujourd'hui ?
J'y fais attention depuis que je participe à l'émission de télévision « Question Maison » pour la rubrique « Sos Maison » : j'ai plein de retour des gens, par mail en particulier. Je me suis aperçu qu'il y avait un énorme besoin de spécialistes, de conseils sur mesure. Les gens ont peur d'aller dans des grands magasins pour acheter des choses qui brillent et bricoler.
Je m'intéresse à un problème de fond, de fonctionnement d'un lieu. Le coach déco va faire en sorte que les gens dépensent de l'argent dans le mobilier ou la décoration sans résoudre un vrai problème.
Si faire du coaching, c'est faire du conseil cela m'arrive. Il y a une vraie demande. Mais je n'ai pas envie de voir des gens pour la couleur de leur mur mais pour un vrai problème de fonctionnement. Comment faire pour que cela soit pratique et beau ?
Comment expliquez-vous cette tendance actuelle au « tout déco » ?
Je crois que la tendance actuelle vient du fait que l'on n'a pas beaucoup de place chez soi et comme l'on ne peut pas non plus déménager...au lieu de changer de chez soi, on change son chez soi. La chasse au m² pousse les gens à nous appeler, c'est une opportunité pour notre profession.
Il y a également une évolution du mode de vie : pour la distribution des pièces, on cherche aujourd'hui à avoir un grand salon multimédia d'un côté, et une cuisine-salle à manger de l'autre, alors que dans les habitats les plus modernes, c'est une cuisine américaine qui donne sur un salon-salle à manger. Et puis la tentation fait beaucoup. Par exemple, si on achetait avant des meubles pour la vie, avec l'arrivée d'IKEA, on achète plus facilement pour son studio et après on jette. Ce jeu de vouloir changer attaque maintenant les murs.
Ils avaient mauvaise presse entre l'après-guerre et aujourd'hui. Mais, et c'est la première chose qui m'a surpris quand j'ai commencé la télévision, j'ai vu que les architectes n'étaient plus si mal perçus que cela. Les gens ont maintenant envie de plus personnaliser leur maison. Avec Internet qui les sensibilise sur tous les sujets, ils ont en deux secondes tout l'éventail des possibles.
Il est vrai que c'est cher, mais une personne vraiment qualifiée prendra moins de temps et le client sera plus satisfait. Enfin, proportionnellement à la hausse des prix des maisons, l'architecte n'a pas augmenté ses revenus d'autant, donc on peut dire qu'il est relativement moins cher qu'avant.
Quand faut-il franchir le pas et faire appel à un architecte ?
Quand on a un problème auquel on ne trouve pas de solution ou que cette dernière est trop compliquée pour l'assumer soi-même. C'est également à partir du moment où la dimension économique du problème mérite que l'on dépense de l'argent pour faire appel à un spécialiste.
Sur toutes les surfaces inférieures à 50 ou 60 m², il faut le faire soi-même. Il y a des surfaces qui excluent l'architecture. Comme si j'appelais Jean-Paul Gautier pour me faire un costume pour Halloween ! Il faut que le jeu en vaille la chandelle. L'architecture ne relève pas du bricolage et la maison mérite mieux que du bricolage ! Elle nécessite un vrai budget.
Son actualité :
SOS Maison, Philippe Demougeot, éditions Hoebeke, 2006, 26€.
rubrique
SOS Maison,
Question Maison, samedi 11h, France 5.
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