Un chef d'œuvre avant-gardiste à l'abandon - Mallet-Stevens © Centre des monuments nationaux
Les créations de Robert Mallet-Stevens subiront le sort des vrais œuvres d'art : elles ne seront reconnues et appréciées qu'après la mort de leur auteur. En 1986, à la mort de la veuve de Paul Cavrois, le mobilier de la villa est dispersé, et la maison vendue à un promoteur, avec l'idée de lotir le parc. Abandonnée à la merci des pilleurs et des squatteurs, la demeure luxueuse porte encore aujourd'hui les traces de cette période noire.
Classée monument historique en 1990 et acquise par l'Etat, la villa va enfin être restaurée. Le programme défini par le CMN inclut la suppression des cloisonnements,
"afin de retrouver la distribution et les volumes intérieurs d'origine", la restauration de l'extérieur, qui consiste
"à conserver le maximum de matériaux d'origine et à remplacer à l'identique les éléments trop dégradés ou disparus", la restauration du parc et la création d'un parc de stationnement, et, enfin, l'aménagement des intérieurs.
Dès la fin des travaux, prévue pour 2012, l'œuvre ultime de Mallet-Stevens sera ouverte au public. Le CMN s'est lancé dans une longue et délicate reconstitution à l'identique de la villa telle que la famille Cavrois a pu y vivre dans les années 30. Délicate, car
"la documentation précise sur l'aménagement et la décoration intérieurs originels de la villa manque". En 2009, des sondages avaient déjà été réalisés pour déterminer la nature des peintures et la portance des planchers.
Coûteuse également, puisque le mobilier éparpillé chez les collectionneurs s'échange aujourd'hui à prix d'or. Les meubles acquis par le CMN lors de la vente chez Christie's, pour une valeur de 473.000 euros, l'ont été grâce au soutien du Fonds du patrimoine et du Ministère de la culture.
Malgré un appel à mécénat lancé auprès des entreprises locales, pour récolter une partie des 10 millions d'euros nécessaires à cette réhabilitation, le CMN précise qu'
"un partenariat avec de grandes écoles d'ébénisterie sera étudié", pour remplacer à l'identique le mobilier qui ne pourra être racheté.
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