Nicolas Michelin, une architecture durable, posée et réfléchie

    Publié le 13 novembre 2010 par Céline Galoffre
    Nicolas Michelin et Associés fête ses 10 ans, l'occasion de revenir sur une décennie de projets aboutis, avortés ou encore en cours de réalisation. Mais surtout de se rendre compte de l'empreinte laissée par leurs programmes dans plusieurs grandes villes. Derrière ses opérations, se cache un homme tout en retenue et fidèle à ses convictions. Rencontre.
    Dix ans. L'Agence Nicolas Michelin et Associés, ANMA, a célébré avec punch cet anniversaire à travers une exposition interactive, qui s'est déroulée du 25 au 28 novembre, mêlant films, maquettes suspendues, images, débats, œuvres d'artistes et bien sûr des photos et perspectives de projets retraçant le profil de ses concepteurs-urbanistes.
    Au final, un parcours qui montre combien l'agence a marqué de son empreinte plusieurs grandes agglomérations françaises. "Notre mode de travail est tourné vers la ville", confie d'ailleurs l'architecte. A son actif, de nombreux plans d'aménagement et d'urbanisme parmi lesquels le quartier de l'Amphithéâtre à Metz ou le bassin à Flot de Bordeaux. Pour Nicolas Michelin, tout a une importance : le tracé d'une rue, la manière dont elle va tourner...
    Si le développement durable est lui aussi au cœur de ses programmes via l'utilisation de matériaux respectueux et nobles et la maîtrise des ressources naturelles, il n'est jamais brandi comme un alibi. Ni même un faire-valoir. "Un quartier est réussi s'il donne l'impression d'avoir toujours été là", martèle-t-il. C'est pourquoi, il parle de "quartier de l'invisible" où l'on peut flâner, se balader, faire du vélo, cohabiter avec la nature : "Ce qui m'intéresse, c'est le vivre ensemble. Partager des espaces est un défi compliqué mais toujours très intéressant", souligne-t-il. Dans un souci d'harmonie, il intègre régulièrement de nombreux espaces verts dans ses projets : "J'aime quand les jardins avancent dans la ville, comme des grandes allées vertes. Tout cela est très important pour moi, l'Homme en ville sans nature perd son âme", indique-t-il.

    "Il faut repenser le développement durable"

    Une pensée qu'il développe aussi à travers ses opérations de logements sur lesquels il prête attention au bien-être et au coût. Par exemple, à Dunkerque, ANMA a construit des maisons non conventionnelles aux toits pentus avantageant les économies d'énergie ; à Nantes, il a imaginé des immeubles en quinconce afin de privilégier l'ensoleillement des façades et la vue. Pour les bâtiments publics, la règle est la même : intégration paysagère et respect de l'environnement.
    Prochaine grande étape pour l'agence : le concours du futur "Pentagone" à la française du ministère de la Défense, situé dans le 15ème arrondissement à Paris, pour lequel il se retrouve face à Dominique Perrault et Norman Foster. Mais pour Nicolas Michelin, le vrai combat réside dans la diffusion du développement durable dans les villes : "Il faut repenser cette notion, remettre la nature au cœur des cités, réfléchir sur des nouvelles façons d'aborder les nouvelles problématiques économiques et sociales". A 55 ans, ce bâtisseur ne baisse donc pas les bras, au contraire, il compte bien défendre, convaincre les politiques en imposant ses convictions et son éthique sur des questions telles que la densité urbaine et les sources d'énergie.
    Découvrez différents projets de l'agence Nicolas Michelin et Associés, en cliquant sur suivant

    ANMA en résumé...

    L'Agence Nicolas Michelin et ses Associés Michel Delplace et Cyril Trétout compte 80 personnes, dont 40 urbanistes, 40 architectes et 4 paysagistes. Elle travaille sur l'architecture, l'urbanisme, le paysage et le design "avec une préoccupation constante de l'écologie". Parmi ses grandes réalisations, on peut citer la Halle aux farines à Paris, le théâtre de la piscine à Châtenay-Malabry. Côté opérations d'urbanisme et d'aménagement urbain, on distingue le quartier du grand large à Dunkerque, le quartier de l'amphithéâtre à Metz.
    Nicolas Michelin, une architecture durable, posée et réfléchie

    Nantes - Habiter les quais

    Nantes - Habiter les quais
    Nantes - Habiter les quais © Stéphane Chalmeau
    "Implanté sur l'Ile de Nantes, au bord de la Loire, face au centre historique, le projet «Habiter les quais» s'inscrit dans le plan masse d'Alexandre Chemetoff.
    Sur un socle en béton sablé trois bâtiments en hauteur se découpent sur le fond du Palais de justice de Jean Nouvel. Ces trois immeubles de 18 logements chacun sont disposés en quinconce afin de dégager les vues et d'assurer un ensoleillement maximal des façades. Au sud, un bâtiment de 19 logements sociaux «prolonge» verticalement le socle au cœur duquel sont logés les parkings. Les rez-de-chaussée sur rue sont occupés par des bureaux, activités et par une brasserie sur les quais de Loire. A l'est, 4 maisons de ville en duplex avec terrasse solarium s'ouvrent sur le jardin public".
    Nantes - Habiter les quais

    CAF de Saint-Brieuc

    CAF de Saint-Brieux
    CAF de Saint-Brieux © Artefactory
    "Le projet s'inscrit sur une parcelle de la ZAC des Plaines des Villes, au sud-ouest de l'agglomération briochine. Le projet est constitué de 3 bâtiments de bureaux qui s'articulent sur un pivot central au moyen de volumes de liaison. Ces derniers ainsi que les 3 ailes de bureaux sont couverts d'une toiture à faible pente équipée de cheminées solaires revêtues de cellules photovoltaïques.
    Les façades de la rotonde centrale sont intégralement vitrées. Au niveau supérieur, une résille bois assure la protection solaire des locaux. Au centre, la toiture s'interrompt pour faire place à un patio planté.
    La conception environnementale du projet est exprimée par plusieurs dispositifs : 6 grandes cheminées solaires dont le principe consiste à utiliser l'échauffement solaire pour créer un tirage d'air et assurer la ventilation naturelle des locaux et leur rafraîchissement nocturne, évitant toute climatisation.
    Les eaux de pluie récupérées en toiture sont rejetées dans les bassins plantés de végétaux qui assurent la filtration des eaux grises. Les apports passifs, les dispositifs de protection et le recyclage des eaux sont ainsi valorisés et compréhensibles au travers de leur expression architecturale".
    CAF de Saint-Brieuc

    Théâtre de la piscine - Châtenay-Malabry (92)

    Théâtre de la piscine
    Théâtre de la piscine © Stéphane Chalmeau
    "Le programme de ce pôle culturel regroupe trois entités distinctes : le théâtre, le conservatoire de musique et de danse et le café musique. Le projet se développe selon un dispositif centré qui crée un bâtiment unitaire en dialogue avec l'architecture existante : l'ancienne aile de l'usine d'incinération conservée pour accueillir le foyer. Cette composition exprime la diversité des activités tout en marquant l'unité du pôle culturel.
    La salle de spectacle est placée au centre d'un ensemble constitué par l'ancienne usine et les nouveaux volumes disposés « en cascade» qui abritent les espaces d'accueil du théâtre, les salles du conservatoire et celles des musiques actuelles. Les circulations sont fédérées par une rue intérieure couverte d'une verrière colorée entre la salle et les bâtiments de chaque entité.
    La salle de spectacle d'une capacité de 550 places assises constitue un repère pour les utilisateurs du pôle culturel. Ses parois habillées de panneaux de bois intègrent le traitement acoustique. Les locaux techniques - dépôt des décors, stockage du matériel, sont répartis autour de la cage de scène, en liaison directe avec le quai de livraison. La salle de répétition est placée à l'arrière de la cage de scène et au-dessus sont répartis le catering et les loges. Le conservatoire et son auditorium occupent l'aile de l'extension qui vient refermer la cour. Les façades sont traitées avec un enduit coloré qui fait référence à la Butte Rouge voisine. Le volume doré de la cage de scène signale l'équipement.
    Le parvis du théâtre unifie les différences de niveau par un même matériau afin de créer une séquence particulière dans l'aménagement linéaire du nouveau boulevard urbain".
    Théâtre de la piscine - Châtenay-Malabry (92)

    Théâtre de la piscine

    Théâtre de la piscine
    Théâtre de la piscine © Stéphane Chalmeau
    Théâtre de la piscine

    Bassins à flot, Bordeaux (33)

    Bassins à flot
    Bassins à flot © ANMA
    PAE : Programme d'Aménagement d'Ensemble de Bordeaux.
    Bassins à flot, Bordeaux (33)

    Skysail - Tour la Défense (92)

    Skysail - Tour la Défense (92)
    Skysail - Tour la Défense (92) © Charles Wallon
    Projet proposé pour la tour Phare
    "Skysail est une tour hybride, profilée en lignes continues. Elle apparaît comme une grande voile tendue qui capte les énergies solaires et éoliennes. C'est une tour environnementale économe en énergie. Elle s'inscrit de manière subtile dans le plan de la Défense, en occupant la diagonale du terrain d'assiette. Elle libère le sol, grâce à une empreinte minimale, favorisant la relation avec le Faubourg de l'Arche.
    D'une hauteur de 350 m, la tour est percée d'une arche dorée formée par des étagements inversés. Un grand porte-à-faux de 50 m de haut se projette en direction du CNIT. Au-dessus, une longue terrasse restaurant est aménagée en balcon dans un pli des étages.
    La perception de la tour change selon les points de vue. Sa géométrie est complexe alliant courbes et verticales. De profil, elle prend l'allure d'un grand escalier babélien. L'arête est constituée d'une succession de serres qui captent le vent ; l'air est ensuite réparti dans les faux plafonds. Cette ventilation naturelle s'accompagne d'une aération par la façade double peau.
    Les plateaux de bureaux sont flexibles, généreusement éclairés par de larges bandes vitrées protégées par un système de brise-soleil à lames.
    La structure est hybride métal et béton (noyau central en b.a., et planchers mixtes). Les façades porteuses sont constituées d'une résille de poteaux acier qui s'inclinent légèrement suivant la géométrie.
    La tour est économe en énergie. Toutes les façades ensoleillées sont équipées de capteurs photovoltaïques imprimés sur les bandeaux d'étage. La nuit, la tour s'éclaire grâce à cette énergie captée".
    Skysail - Tour la Défense (92)

    Nancy - pôle universitaire Artem

    Pôle universitaire Nancy
    Pôle universitaire Nancy © Artefactory
    "Le pôle universitaire Artem est conçu dans la continuité de l'histoire et à la mesure des grands tracés nancéens - comme la place Stanislas, la place Carrière ou le cours Léopold. C'est une promenade urbaine de 700 mètres de longueur qui constitue un lien fort entre les thermes avec le parc Sainte-Marie au nord et la station de tramway et la place de Padoue au sud. Cette galerie rue couverte/découverte propose une nouvelle forme d'espace public.
    Afin de constituer avec les différentes écoles - école des Mines (ENSMN), école d'art (ENSAN), écoles de commerces ICN, école d'administration IAE - et l'institut Jean Lamour, un véritable morceau de ville plutôt qu'un campus introverti, une découpe en îlots est réalisée à l'échelle du quartier. Chaque école occupe l'un de ces îlots, et est par ailleurs directement connectée à la galerie où elle possède son adresse.
    Artem est un projet d'enseignement et de recherche basé sur le décloisonnement des disciplines. Art, Technologie et Management sont réunis « sous un même toit » pour créer une synergie dans l'esprit qui a fait la renommée de l'Ecole de Nancy. L'organisation du bâti dans le projet urbain reflète cette idée d'ouverture et de mélange. Chaque école s'annonce sur la galerie-rue par une «maison-signe» qui abrite le hall d'entrée, l'accueil et les locaux administratifs et techniques. L'échelle des maisons rappelle la typologie urbaine des maisons nancéennes tout en exprimant délibérément un caractère contemporain par les volumes prismatiques et les technologies et matériaux mis en œuvre.
    Les locaux communs aux écoles se mélangent à des commerces et des activités ouverts au public. La galerie est ainsi un lieu d'activité intense, traitée avec une verrière colorée, elle dégage une atmosphère dynamique et multiple".
    Nancy - pôle universitaire Artem

    Bureaux et résidences étudiantes (313 logements) à Biot (06)

    Bureaux et résidences étudiantes
    Bureaux et résidences étudiantes © Alliance Cube
    Bureaux et résidences étudiantes (313 logements) à Biot (06)

    Dunkerque - ZAC du Grand Large

    Dunkerque - ZAC du Grand Large
    Dunkerque - ZAC du Grand Large © Stéphane Chalmeau
    "Le quartier du Grand Large s'inscrit dans un contexte urbain particulier : entre la mer et le centre ville, entre l'esthétique balnéaire et celle du port, et entre le résidentiel et le collectif. Il prolonge la stratégie globale du projet Neptune lancé en 1991, qui avait pour objectif de retourner la ville vers les bassins. Cette mutation urbaine du centre d'agglo est déjà largement réalisée. Le quartier du Grand Large marque le début de la deuxième phase de l'opération Neptune, qui se donne pour nouvel objectif le développement durable.
    Les 216 logements de la première tranche témoignent de la dimension écologique adoptée pour le secteur qui comptera à terme entre 800 et 1000 logements.
    Le plan d'urbanisme du quartier est un plan stratégique basé sur des principes inspirés de l'Agenda 21 notamment pour l'aspect social (mixité et diversité), environnemental (gestion des eaux de pluies, énergies renouvelables), et économique (flexibilité des produits et phasage opérationnel)."
    Dunkerque - ZAC du Grand Large

    Dunkerque - ZAC du Grand Large

    Dunkerque - ZAC du Grand Large
    Dunkerque - ZAC du Grand Large © Stéphane Chalmeau
    "Ainsi, le quartier du Grand Large présente la particularité de conjuguer différentes typologies d'immeubles et de proposer des échelles diversifiées d'espaces publics : le parc en hémicycle avec les maisons individuelles, le quai avec les immeubles à gâbles, les bâtiments à terrasses plantées, les jardins de cœurs d'îlot en U.
    Cette diversité bâtie et cette mixité sociale génèrent un quartier vivant dans lequel les repères sont bien marqués par des perspectives originales : la vue sur l'hôtel du Grand Large depuis la rue Degans, la percée verte vers les remparts plantés, et les points de vue depuis les quais sur les immeubles singuliers.
    Le quartier du Grand Large est conçu suivant un principe de développement durable avec une gestion des eaux de pluies par noues et parc, et des protections contre le vent. Les immeubles sont pensés en fonction des économies d'énergie. Le piéton est privilégié, dans le quartier la circulation des voitures est limitée aux voies de desserte des logements. Seule l'avenue des Bordées est traitée en boulevard urbain avec des contre-allées réservées aux riverains".
    Dunkerque - ZAC du Grand Large
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