Paysages particuliers ou réalisations architecturales hors du commun, le Patrimoine mondial de l'Unesco compte quelque 890 sites qui représentent un héritage commun de l'humanité. Lors de sa 33e session la semaine dernière à Séville, le Comité du patrimoine mondial a inscrit treize nouveaux sites à cet inventaire. Découvrez ces lieux d'exception.
Avec treize nouveaux sites inscrits et trois extensions pour des territoires faisant déjà partie de la liste, la moisson 2009 du Patrimoine mondial de l'Unesco a fait l'inventaire des perles de sites culturels et naturels à travers le monde. Désormais, cette liste créée en 1972 compte 890 sites, que l'Unesco s'efforce de localiser en respectant un équilibre entre les continents.
Outre l'addition de deux sites naturels et onze sites culturels, le Comité du patrimoine mondial, qui s'est réuni cette année en Espagne, a décidé d'étendre trois sites déjà sur la liste. Parmi eux, un site français, celui de la Grande Saline de Salins-les-Bains qui a été ajouté à celui de la saline royale d'Arc-et-Senans (Jura). Exploitée au Moyen-Age, la Grande Saline témoigne de l'histoire de la production du sel en France. Sa construction, qui débuta en 1775 sous le règne de Louis XVI, est la première grande réalisation d'architecture industrielle qui reflète l'idéal de progrès du siècle des Lumières.
Pour la deuxième fois dans l'histoire de la Convention du patrimoine mondial, un site a été retiré de la liste. Il s'agit de la vallée de l'Elbe à Dresde, en Allemagne. Le comité a en effet jugé que la construction d'un pont à quatre voies au cœur du paysage culturel ne lui avait pas permis de conserver l'essence et la valeur exceptionnelle qui lui avaient valu son inscription sur la liste. Trois endroits ont, pour leur part, été placés sur la liste du patrimoine en péril. Il s'agit du réseau de réserves du récif de la barrière de Belize en Amérique Centrale, du parc national de los Katios, en Colombie et les monuments historiques de Mtskhata, en Géorgie, qui ont aussi été ajoutés à la liste.
Bonne nouvelle en revanche pour la Cité fortifiée de Bakou, en Azerbaïdjan, qui a été retirée de la liste des sites en péril grâce aux progrès réalisés en termes de préservation, notamment du palais des Chahs de Chirvan et de la tour de la Vierge. Endommagée par un tremblement de terre en 2000, la Cité avait aussi été affectée par la pression de l'urbanisation et l'absence de politique de conservation.
Mer des Wadden
Mer des Wadden - UNESCO/Martin Stock © UNESCO/Martin Stock
Allemagne/ Pays-Bas
Site naturel
Cet écosystème tempéré de zones humides côtières est le fruit d'interactions particulièrement complexes entre des facteurs physiques et biologiques. On y trouve aussi une multitude d'habitats de transition : chenaux à marée, bancs de sable, prairies d'herbe marines, moulières, barres de sable, vasières, marais salés, estuaires, plages et dunes. Ce site est un des derniers écosystèmes intertidaux naturels à grande échelle où les processus naturels se poursuivent de manière quasi non perturbée.
Mer des Wadden
Les Dolomites - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
UNESCo © UNESCO/U.Visciani
Italie
Site naturel
Située dans le nord des Alpes italiennes, la chaîne de montagnes des Dolomites compte 18 sommets de plus de 3.000 mètres. Le site couvre 141.903 hectares et se caractérise par des murailles verticales, des falaises abruptes et une forte densité de vallées très étroites, longues et profondes. Le bien comprend neuf éléments représentatifs de la diversité de ces paysages spectaculaires - pics, pinacles, murailles - qui sont d'importance internationale pour la géomorphologie. Il présente aussi un des meilleurs exemples de préservation de systèmes de plateformes carbonatées du Mésozoïque, incluant des registres fossilifères.
Les Dolomites - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Palais Stoclet - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
UNESCO © UNESCO/ Ville de Goyet/ MBC/ DMC
Belgique
Site culturel
Le Palais a été conçu en 1905 à la demande du banquier et collectionneur Adolphe Stoclet par l'un des chefs de file du mouvement artistique de la Sécession viennoise, l'architecte Josef Hoffman. Ce dernier a pu travailler sans limite financière ou esthétique. Avec leur géométrisme épuré, le palais et le jardin (terminés en 1911) marquent un changement radical au sein de l'Art nouveau, changement qui annonce l'Art déco et le mouvement moderniste en architecture. Le Palais Stoclet est une des réalisations les plus abouties de la Sécession viennoise.
Palais Stoclet - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Ruines de Loropéni
Ruines de Loropéni - UNESCO © UNESCO/ DGPC
Burkina Faso
Site culturel
Ce premier site burkinabé est bardé de hauts murs et s'étend sur 11 130 m2. C'est la mieux préservée des dix forteresses que compte la région du Lobi.
Il s'inscrit aussi dans un ensemble plus large qui compte une centaine d'enceintes en pierre, reflétant la puissance du commerce transsaharien de l'or. Vieilles d'au moins mille ans selon des découvertes récentes, ces ruines sont situées près des frontières du Togo et du Ghana. L'emplacement a été occupé par les Lohron ou les Koulango qui contrôlaient l'extraction et la transformation de l'or dans la région à l'apogée de cette exploitation aurifère (XIVème au XVIIème siècle).
Ruines de Loropéni
Cidade Velha - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Cidade Velha - UNESCO © UNESCO/ Sébastien Moriset/ CRATerre-ENSAG
Centre historique de Ribeira Grande (Cap Vert)
Site culturel
Il s'agit de la première ville coloniale construite par les Européens sous les tropiques. Située au sud de l'île de Santiago, elle conserve une partie de son tracé viaire et d'importants vestiges, dont deux églises, une forteresse royale et la place du Pilori avec sa colonne de marbre de style manuélin.
Cidade Velha - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Mont Wutai - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Mont Wutai - UNESCO © UNESCO/ Liu Hao
Chine
Site culturel
Peinture murale - détail. Hall Manjusri.
Le Mont Wutai avec ses cinq plateaux est l'une des montagnes sacrées du bouddhisme. Ce paysage culturel compte 53 monastères, dont la grande salle orientale du temple de Foguang, le plus haut placé des édifices en bois de la dynastie Tang qui ait survécu, avec ses sculptures d'argile grandeur nature, et le temple de Shuxiang de la dynastie Ming, avec un vaste ensemble de 500 statues «suspendues» représentant des légendes bouddhiques tissées dans des images en trois dimensions de montagnes et d'eau.
Globalement, les bâtiments du site présentent un catalogue du développement de l'architecture bouddhique et de son influence sur la construction palatiale dans une grande partie de la Chine pendant plus d'un millénaire.
Mont Wutai - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Tour d'Hercule
Tour d'Hercule - UNESCO © UNESCO/ Markel Redondo
Espagne
Site culturel
Le Farum Brigantium, dénommé à l'époque moderne la Tour d'Hercule, a été construit par les Romains à la fin du 1er siècle après J.C. Situé à l'entrée du port de la Corogne, ce phare monumental (55 m) est construit sur un rocher représentant déjà une altitude de 57 m. La Tour s'élève sur trois niveaux de plus en plus restreints. Le premier correspond à la structure du phare romain. A la base, se trouve un petit bâtiment romain rectangulaire. Le site comporte aussi un parc de sculptures, ainsi que les pétroglyphes du Monte dos Bicos datant de l'âge du Fer et un cimetière musulman.
Tour d'Hercule
Shushtar - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Shushtar - UNESCO © UNESCO/ Yalda Moaiery
Système hydraulique de Shushtar, Iran
Site culturel
Le système hydraulique historique de Shushtar a été inscrit en tant que chef d'œuvre du génie créateur humain. Il aurait été entrepris dès Darius le Grand, au Vème siècle av. J.-C. Il s'agit de deux grands canaux de dérivation des eaux de la rivière Kârun. L'un d'entre eux, le canal Gargar, fournit encore de l'eau à la ville de Shustar par une série de tunnels et fait fonctionner tout un ensemble de moulins.
Shushtar - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Montagne sacrée - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Montagne sacrée - UNESCo © UNESCO/ David Trilling
Sulalain-Too, Kirghizistan
Site culturel
La Montagne sacrée de Sulaiman-Too domine le paysage de la vallée du Fergana et forme l'arrière-plan de la ville d'Osh, au croisement d'importantes routes de la soie d'Asie centrale. Pendant plus d'un millénaire et demi, Sulaiman-Too a été un phare pour les voyageurs, une montagne sacrée révérée par tous.
Montagne sacrée - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Ville sacrée - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Ville sacrée - UNESCO © UNESCO/ Abel Fernando Calixto Laurente
Caral-Supe, Pérou
Site culturel
Le site archéologique de Caral-Supe qui s'étend sur 626 ha est situé sur un plateau désertique aride en surplomb de la verdoyante vallée de Supe. Il date de la période archaïque tardive des Andes centrales, il y a 5 000 ans, et il s'agit de la plus vieille cité de ce type aux Amériques.
Ville sacrée - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Tombes royales de la dynastie Joseon
Tombes royales de la dynastie Joseon - UNESCO © UNESCO/ Seo Heun-Kang/NRICH
République de Corée
Site culturel
Les Tombes royales de la dynastie Joseon est un ensemble de 40 tombes, réparti sur 18 sites différents. Les tombes royales ont été construites sur plus de cinq siècles, de 1408 à 1966. Elles visaient à honorer la mémoire des ancêtres, saluer leurs réussites, asseoir l'autorité royale, protéger les esprits ancestraux du mal et offrir une protection contre le vandalisme.
Tombes royales de la dynastie Joseon
Pont-Canal de Pontcysyllte
Pont-Canal de Pontcysyllte - UNESCO © UNESCO/ Paul Highnam
Royaume-Uni
Site culturel
Situés au nord-est du pays de Galles, les 18 km du canal de Pontcysyllte représentent un exploit du génie civil de la Révolution industrielle.
Achevé au début du XIXème siècle, le canal surmonte d'importantes difficultés géographiques. Sa construction a demandé des travaux de génie civil importants et audacieux car il s'agit d'un ensemble d'un seul bief, sans aucune écluse. Le pont-canal, conçu par le célèbre ingénieur Thomas Telford, est une œuvre pionnière par ses choix technologiques et sa hardiesse architecturale. Le recours à la fonte et au fer forgé a permis la réalisation d'arches légères et résistantes, ce qui confère au pont-canal une allure monumentale mais élégante.
Pont-Canal de Pontcysyllte
La Chaux-de-Fonds
Unesco © UNESCO/ Aline Henchoz
Le Locle, urbanisme horloger, Suisse
Ancien manège
Site culturel
Planifiées au début du XIXème siècle, après trois grands incendies, les villes sont entièrement destinées à la production horlogère. Leurs tracés selon un schéma ouvert et en bandes parallèles, imbriquant l'habitat et les ateliers, correspondent aux besoins de la culture professionnelle horlogère qui remonte au XVIIème siècle mais se maintient encore aujourd'hui. La planification urbaine des deux villes s'est adaptée au passage d'une production artisanale avec travail à domicile à une production manufacturière plus intégrée, avec les usines de la fin du XIXème et du XXème siècle. Quand il analyse la division du travail dans
Le Capital, Karl Marx prend comme exemple l'industrie horlogère du Jura suisse et invente à propos de La Chaux-de-Fonds le terme de «ville-manufacture».
La Chaux-de-Fonds
La Grande Saline de Salins-les-Bains
La Grande Saline de Salins-les-Bains - UNESCO © UNESCO/ D. Chaudou
France
Extension de site de la liste du patrimoine mondial
La saline royale d'Arc-et-Senans, à proximité de Besançon, est l'œuvre de Claude Nicolas Ledoux. Sa construction, qui débuta en 1775 sous le règne de Louis XVI, est la première grande réalisation d'architecture industrielle qui reflète l'idéal de progrès du siècle des Lumières. Ce vaste ouvrage fut conçu pour permettre une organisation rationnelle et hiérarchisée du travail. La construction initiale en demi-cercle devait être suivie de l'édification d'une cité idéale, qui demeura à l'état de projet. La Grande Saline de Salins-les-Bains qui a exploité depuis le Moyen Age, et vraisemblement avant, des saumures, comprend trois bâtiments : magasins à sel, bâtiment du puits d'Amont et un ancien logement. Elle est reliée à la saline d'Arc-et-Senans, construite par Claude-Nicolas Ledoux, et témoigne de l'histoire de la production de sel en France.
La Grande Saline de Salins-les-Bains
Le Parc naturel des récifs de Tubbataha
Le Parc naturel des récifs de Tubbataha - Unesco © UNESCO/ Yvette Lee
Province de Palawan, Philippines
Extension de site de la liste du patrimoine mondial
Couvrant 33 200 ha, ce parc marin comprend deux atolls, North Reef et South Reef. On y trouve une très forte densité d'espèces marines. L'îlot du nord est un lieu de nidification pour les oiseaux et les tortues marines. Le site est un excellent exemple d'atoll corallien parfaitement préservé, avec un mur vertical spectaculaire de 100 m de haut, de vastes lagunes et deux îlots de corail.
Le Parc naturel des récifs de Tubbataha
Levoca - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco
Levoca - Unesco © UNESCO/ Stefan Péchy
Slovaquie
Extension de site de la liste du patrimoine mondial
C'est l'un des ensembles de bâtiments militaires, politiques et religieux des XIIIe et XIVe siècles les plus étendus d'Europe orientale, dont l'architecture romane et gothique est demeurée remarquablement intacte.
L'extension porte sur le centre historique de la ville de Levoca, fondée au cours des XIIIème et XIVème siècles, au sein d'une enceinte fortifiée. L'essentiel du site a été préservé et on y trouve l'église Saint-Jacques avec ses dix autels du XVème et XVIème siècles, une collection remarquable de retables en bois polychromes de style gothique tardif, dont le maître-autel à retable, de 18,6 m de haut, édifié vers 1510 par Maître Paul.
Levoca - Les nouveaux sites au Patrimoine mondial de l'Unesco