"L'œuvre des Kroll m'a marqué, donc pourquoi n'en marquerait-elle pas d'autres ?" espère Patrick Bouchain, commissaire de l'exposition "Une architecture habitée" au Lieu unique de Nantes. L'exposition, qui dure jusqu'au 1er décembre, permet de découvrir les travaux de Lucien et Simone Kroll, en particulier leur influence dans le monde l'architecture moderne. Elle coïncide d'ailleurs avec la sortie récente d'une monographie de Thierry Paquot, consacrée au couple.  Afin de respecter les problématiques introduites par les Kroll, le Lieu unique a souhaité offrir à ses visiteurs un regard le plus large possible sur leur œuvre. Entre des conférences sur l'architecture verte, des croquis de leurs réalisations exposés, et la scénographie aérée et inspirée de Patrick Bouchain, l'exposition multiplie les portes d'entrée vers leur univers. "Des formes déraisonnées ou chaotiques" Décrite par Patrick Gyger, directeur du Lieu unique, comme présentant "des formes déraisonnées ou chaotiques", l'architecture du couple est également connue pour son fort attachement à l'environnement. En opposition totale avec "l'architecture des militaires", comme la surnomme Lucien Kroll, qui prône, lui, une alternative où l'habitant devient "acteur et créateur de son environnement."  Une vision notamment portée par sa femme, Simone Kroll, jardinière et potière, qui a souhaité contribuer aux travaux de son mari. Afin de ne pas oublier son rôle, considérable, dans l'œuvre de Lucien Kroll, la ville de Nantes a tenu à s'associer à elle pour concevoir un jardin vivrier qui lui ressemble et que peuvent parcourir les visiteurs de l'exposition. Toujours dans l'optique de proposer une expérience riche et proche des aspirations des Kroll, Patrick Bouchain a fait appel au collectif Etc afin que ceux-ci viennent habiter, littéralement, les lieux. En réponse à cette demande, le collectif a alors conçu un appartement témoin, qui prend pour base une trame de Lucien Kroll. Le principe est qu'ils l'occupent, avant de passer la main à d'autres architectes nantais. Ceux-ci sont invités alors, eux aussi, à habiter le lieu et à modifier son aménagement, ainsi que sa structure (les cloisons sont mobiles) au gré de leurs envies. Une manière de justifier le nom de l'exposition au regard de Lucien Kroll qui considérait que l'architecture "prenait une valeur humaine" lorsqu'elle était habitée.