Roland Bonaparte, descendant de la famille impériale, a fait construire un fastueux hôtel particulier pour lui et sa fille, à la fin du XIXème siècle. Le lieu, chargé d'histoire, a été entièrement rénové pour devenir l'hôtel de luxe Shangri-La, qui a récemment ouvert ses portes. Visite.
La décoration du Shangri-La, l'un des hôtels de luxe récemment ouverts à Paris, est de forte inspiration asiatique. Mais qui se doute qu'il a été, il y a un siècle, le dernier palais parisien de l'illustre famille Bonaparte ? Alexandre Gady*, commissaire de l'exposition L'hôtel particulier, une ambition parisienne, à la Cité de l'Architecture, a été notre guide lors d'une visite très particulière de ce haut lieu de l'histoire et de l'architecture de la capitale, situé place d'Iéna.
Construite entre 1892 et 1896, la maison a été commandée par Roland Bonaparte, arrière-petit-neveu de l'empereur Napoléon Ier.
"A l'époque, on ne parlait pas d'hôtel particulier, mais d'hôtel tout court, car il était forcément destiné à une famille" explique Alexandre Gady. Le prince Roland y vécut jusqu'à sa mort, en 1924, avec sa fille Marie - sa femme étant décédée en 1882, peu de temps après la naissance de la petite fille.
Après avoir dû renoncer à sa carrière militaire, après l'adoption en 1886 d'une loi interdisant aux membres des familles ayant régné sur la France de servir dans l'armée, Roland Bonaparte se tourne vers les sciences. Géographe et éminent botaniste, le prince réunit des documents uniques, formant ainsi sa propre bibliothèque scientifique. L'hôtel a donc été imaginé pour abriter cette collection, ainsi que les souvenirs de la célèbre famille.
A l'époque, la maison de famille ouvrait ses portes aux visiteurs qui souhaitaient découvrir l'herbier du prince - le plus grand herbier privé du monde, avec 2,5 millions de pièces - et sa riche bibliothèque. Comme pour compenser ces passages incessants, la bâtisse est construite à l'écart de la rue, pour plus d'intimité, comme la plupart des hôtels particuliers parisiens. Derrière le portail somptueux, la vie tourne autour d'une cour centrale et d'un jardin...
A l'intérieur, le style est fastueux, presque excessif : marbres, boiseries précieuses, fresques murales...
"Nous avons affaire à un hôtel particulier princier, décoré dans un style néo-Louis XIV" précise Alexandre Gady. Parmi les dorures des murs et des plafonds, on note la présence des initiales de la famille Bonaparte, ou celles du maître des lieux. Les emblèmes napoléoniens (notamment l'aigle, la couronne impériale, et le N entouré de lauriers) sont disséminés dans l'ensemble des pièces.
Après son rachat par le groupe hôtelier Shangri-La, l'hôtel particulier a été entièrement remis dans son état d'origine, lors d'un chantier qui dura quatre ans ! Dans la salle à manger, les boiseries en acajou avaient été enduites de peinture grise ; leur rénovation a dévoilé de nombreux motifs impériaux. Partout, les parquets d'origine ont été conservé, et les décors ont été redorés à la feuille d'or.
"Je ne peux que saluer le travail réalisé, car il a redonné vie au lieu avec une grande fidélité" insiste Alexandre Gady.
*Auteur du livre Les hôtels particuliers de Paris, du Moyen-Âge à la Belle Epoque, éditions Parigramme, et commissaire de l'exposition L'hôtel particulier, une ambition parisienne, à partir d'octobre à la Cité de l'Architecture.
Découvrez les photos du Shangri-La en pages suivantes
Entrée - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Entrée - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Les hôtels particuliers parisiens ont la particularité d'être construits à l'écart de la rue, pour plus d'intimité.
Au niveau du portail, il y a une entrée pour les voitures, et une sortie.
Entrée - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Architecture - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Architecture - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Au XXème siècle, le bâtiment a subi une surélévation de la toiture.
Architecture - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Lobby - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Lobby - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
La longue entrée permet d'éloigner la maison des yeux des passants, dans le plus pur style de l'hôtel particulier.
Lobby - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Le bar - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Le bar - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Le bar de l'hôtel a été décoré dans un style napoléonien post-Egyptien, avec des touches évoquant les voyages de l'empereur.
Le bar - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Salon lounge - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Salon lounge - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Dans le salon lounge, le bois travaillé de la cheminée attire l'œil.
Salon lounge - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Détail des plafonds
Détail des plafonds - Hôtels particuliers © RN / MAP
Même les plafonds sont peints, avec une délicatesse extrême.
Détail des plafonds
Grand escalier - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Grand escalier - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Le majestueux escalier principal impose le respect. Tout au long de la rambarde, dans le fer travaillé doré, le B de Bonaparte.
Grand escalier - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Vitraux - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Vitraux - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Au pied des vitraux magistraux, un coin de détente accueille les clients.
Vitraux - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Détail du vitrail
Détail du vitrail - Hôtels particuliers © RN / MAP
Sur les vitraux de l'hôtel particulier, sous la symbolique couronne, on découvre les initiales de l'ancien maître des lieux, Roland Bonaparte.
Détail du vitrail
Aigle - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Aigle - Hôtels particuliers © RN / MAP
L'aigle, symbole de Napoléon Bonaparte, trône au-dessus de plusieurs portes dans l'hôtel.
Aigle - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Grand salon - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Grand salon - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
L'impressionnant Grand salon et son jeu de miroirs est digne des plus beaux palais français.
Grand salon - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Initiales - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Initiales - Hôtels particuliers © RN / MAP
Dans le grand salon, parmi les dorures, on trouve à la fois le N de Napoléon, et les initiales de Roland Bonaparte, disséminés dans toute la pièce.
Initiales - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Le cavalier - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Le cavalier - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Cette sculpture de Napoléon Bonaparte à cheval se situe dans la salle à manger.
Le cavalier - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Salon de famille
Salon de famille - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Plus discret, plus intime, le salon de famille a accueilli le quotidien de la famille Bonaparte.
Salon de famille
Peintures - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
Peintures - Hôtels particuliers © Shangri-La hotels and resorts
Au mur, les peintures sont extrêmement fines. Au sol, le parquet est d'époque.
Peintures - Le Shangri-La, l'écrin des Bonaparte retrouve son éclat d'antan
L'histoire de Paris à travers ses hôtels particuliers
L'exposition L'hôtel particulier, une ambition parisienne, qui aura lieu à partir d'octobre à la Cité de l'Architecture, propose aux visiteurs de découvrir l'histoire de ces constructions typiques de la capitale. Architecture, types de pièces, décors, mais aussi usages, les plus impressionnants hôtels particuliers de Paris sont réunis sous la forme de photos, vidéos et maquettes. Des ateliers sont également prévus pur initiés les plus jeunes.L'hôtel particulier, une ambition parisienne
Du 5 octobre 2011 au 19 février 2012 Cité de l'Architecture 11, place du Trocadéro 75016 Paris