La passive attitude

    Publié le 12 juin 2008 par Propos recueillis par Céline Chahi
    Maison passive
    Maison passive © DR
    Les maisons passives, également appelées maisons sans chauffage ou maisons à énergie nulle, suscitent un engouement naissant en France. Mais, que sait-on vraiment de type d'habitation ? Quelles différences avec les maisons basse énergie ? Le point avec Etienne Vekemans, président de l'association La Maison Passive France.
    Maison à part : Pouvez-vous définir de manière simple le concept de "maison passive" ?
    Etienne Vekemans : La maison passive est un concept de construction qui part du principe qu'une habitation avec tout le confort moderne n'a pas besoin de plus de 15 kWh par m2 et par an de chauffage. Par ailleurs, sa consommation d'énergie primaire ne doit pas dépasser la valeur de 120 kWh par m2 et par an et, enfin, son étanchéité à l'air doit être quasi-parfaite avec un paramètre n50 < 0,6 h-1. Pour résumé, dans une maison passive, tout est fait pour diminuer les consommations énergétiques et éviter au maximum les pertes de chaleur. Le but final étant d'arriver à se passer des équipements de chauffage, d'où le surnom de "maisons sans chauffage".
    MAP : Pas ou peu de chauffage, cela peut faire peur, surtout au niveau du confort. Est-ce que ces craintes sont justifiées ?
    E.V : Non pas du tout ! D'ailleurs, aussi bizarre que cela puisse paraître, le confort est excellent dans une maison passive. Cela s'explique en partie par la très bonne qualité de l'air intérieur. Grâce à la ventilation double flux, il est moins pollué puisque filtré avant d'être rejeté dans la maison et renouvelé continuellement, 24 heures sur 24. Dans une maison passive, finis la sensation de froid et les pics d'humidité en fin de nuit dans les chambres !
    MAP : A ce jour, combien maisons de ce type a-t-on recensées en France ?
    E.V : Les maisons passives ne sont pas encore très répandues en France. Fin 2007, on estimait qu'il s'en était construit une petite dizaine. Les chiffres sont à la hausse pour 2008 puisqu'on prévoit la construction d'une cinquantaine de maisons d'ici la fin de l'année.
    MAP : Existe-t-il une législation précise permettant de certifier que ces maisons sont bien passives ?
    E.V : Suite à l'accroissement du nombre de maisons passives en Allemagne, en Autriche et en Belgique, le concept a été théorisé par écrit en 2000. L'élaboration de ce référentiel a permis de récapituler tous les critères à remplir pour obtenir le statut de "maison passive", notamment le seuil de consommation de chauffage à ne pas dépasser à l'intérieur du bâtiment. Le label Minergie P-Eco garantit par ailleurs le confort et la performance énergétique des bâtiments passifs et, mon association, Maison Passive France, délivre des certifications. Pour ce faire, nous nous appuyons sur un logiciel, le Passive House Planning Package (PHPP) qui permet, grâce à des simulations, de s'assurer que l'habitation respectera les très faibles consommations énergétiques recherchées. Toutefois, il est important de préciser que le concept reste libre et accessible à tous les architectes.
    Etienne Vekemans.
    Etienne Vekemans - Maison Passive France © MAP
    Etienne Vekemans.
     
    MAP : Comment faire concrètement, tant sur le plan de la réalisation que de la conception, pour qu'une habitation devienne passive ?
    E.V : Pour arriver au passif, il y a sept points à respecter. Il est nécessaire de bien isoler les parois opaques c'est-à-dire les murs, de poser des fenêtres performantes, de veiller à la suppression de tous les ponts thermiques, d'installer une ventilation à double flux afin de récupérer les calories contenues dans l'air sortant et entrant, d'avoir une enveloppe étanche à l'air, d'orienter sa maison par rapport au soleil de manière à profiter des apports solaires passifs et enfin, d'utiliser des appareils électroménagers peu gourmands en énergie.
    MAP : Peut-on appliquer les principes passifs à un bâtiment existant ?
    E.V : Oui, c'est tout à fait possible. On arrive à atteindre le niveau passif en rénovation même avec un bâti existant défavorable. D'ailleurs, cela ne nécessite pas forcément de gros travaux. L'isolation par l'extérieur est souvent préconisée dans ce type de cas pour supprimer les ponts thermiques (ruptures dans l'isolation d'un bâtiment, ndlr). En plus, elle n'impose pas aux occupants de la maison de quitter leur domicile pendant les travaux.
    MAP : Un particulier peut-il se lancer seul dans la construction d'une maison passive ?
    E.V : A l'heure actuelle, il n'y a pas encore eu d'initiative de ce genre en France. Mais, un particulier peut tout à fait se lancer dans une telle entreprise, à condition bien sûr qu'il prenne bien conscience dès le départ des difficultés qui l'attendent. Construire une maison passive exige un travail de précision depuis la conception jusqu'à la réalisation. Une seule erreur et tout le projet peut tourner à la catastrophe. Construire une maison passive est en revanche à la portée de tout constructeur et tout architecte.
    MAP : Une maison passive coûte-t-elle plus chère qu'une maison traditionnelle ?
    E.V : Les études financières qui ont été menées jusqu'ici révèlent un surcoût sur investissement de 10% à 25% pour une maison individuelle. Une somme compensée sur le long terme grâce aux économies énergétiques réalisées à l'intérieur du bâtiment. Dans une maison de 90m2, la consommation moyenne de chauffage est en effet de 1.100 euros/an tandis que dans une maison passive, elle est seulement de 110 euros/an. Une sacrée différence !
    Evénement à retenir : Portes ouvertes de maisons passives en France
    Du 8 au 9 novembre 2008
    Renseignements : www.lamaisonpassive.fr
    La passive attitude
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