Quand on voit le nouvel immeuble de logements 3 allée Robert Doisneau à Boulogne Billancourt, on peut penser qu'il est bien simple, un bâtiment sans histoire particulière tout compte fait. Pourtant lorsqu'on regarde d'un peu plus près, la résidence n'est pas si anodine et se révèle symbolique d'un contexte et d'une époque. Livré en novembre 2011, l'îlot 70° Sud propose 58 logements en accès à la propriété pour un budget total de 7,2 millions d'euros HT. D'une surface de 4639 m2 SHON pour 7 étages, le bâti est en forme de bloc simplement dessiné et sobre. Les façades sont pourvues de nombreuses ouvertures et balcons, les étages étant divisés par des bandes de cuivre. Les jeux de lignes horizontales et verticales et la richesse du revêtement des murs rend la façade à la fois sobre et animée. Les logements bénéficient tous d'une double exposition grâce à une cour intérieure, les deux derniers étages étant réservés à de vastes duplex profitant de terrasses. Le bâtiment a été conçu pour être basse consommation et dispose des certifications Qualitel, HetE et du label BBC Effinergie, rendu possible grâce à sa compacité et aux ruptures de ponts thermiques. Le bâtiment îlot, visible depuis 3 rues, s'intègre parfaitement dans son environnement. En est-il pour autant « banal » ?

Rigueur budgétaire

En 2008, le promoteur immobilier Nacarat lance un concours pour concevoir un immeuble dans le quartier du Trapèze Ouest, quartier en plein chamboulement qui s'inscrit dans le plan de réaménagement de l'ancien site des usines Renault. Le nouveau quartier mixte, entre les berges de Seine et le centre-ville, mélange immeubles résidentiels et bureaux avec un souci de constructions axées sur le développement durable. De fortes contraintes architecturales pèsent sur la construction d'un îlot dans le Trapèze et la rigueur budgétaire en pleine crise économique des subprimes ne facilite pas la tâche aux architectes qui parlent de "programme et volumes quasi imposés, un coût de construction revu à la baisse, une promotion immobilière éloignant concepteur du chantier et labels de certifications rigides ". Plutôt que de voir ces bornes comme un "cantonnement disciplinaire fort ", LAN Architecture a transformé un contexte hostile en questionnement fécond pour élaborer la vision architecturale du futur immeuble. Vu la faible marge de manœuvre, les concepteurs ont développé une "architecture de la survie " qui doit "rassurer " et "faire face ". La résidence, organisée autour de 3 idées forces que sont simplification, soustraction et valeurs sûres remporte l'adhésion du promoteur. "Architecture de Crise" peut être, mais le résultat au design épuré et peu consommateur d'énergie ne déçoit pas.