Une équipe d'archéologues a mis à jour à Rome la salle de banquet tournante de l'empereur Néron, sur le site du Palais impériale bâti au 1er siècle après JC. La "Cenatio rotunda" tournait jour et nuit en imitant le mouvement de la terre. Découvrez les premières photos de cette découverte exceptionnelle.
"Les salles à manger avaient pour plafonds des tablettes d'ivoire mobiles, qui, par différents tuyaux, répandaient sur les convives des parfums et des fleurs. La principale pièce était ronde, et jour et nuit elle tournait sans relâche pour imiter le mouvement du monde*." Nous voici plongés au Ier siècle ap. JC, à Rome, invités dans la salle au banquet de l'empereur, l'excentrique et terrible Néron... L'historien romain Suétone (ayant vécu entre le Ier et le IIe siècle ap. JC) nous décrit ainsi cette pièce extraordinaire, dans son ouvrage
Vie des Douze Césars. Une pièce dont la rotation commandée par un mécanisme inédit dans toute l'architecture romaine, a fait la renommée.
En cette fin du mois de septembre, une équipe d'archéologues, dirigée par Françoise Villedieu du CNRS, a mis au jour cet élément de prestige de la
Domus Aurea, ce palais voulu par Néron pour montrer sa richesse et assouvir tous ses vices, bâti au 1er siècle ap. JC sur le Mont Palantin à Rome. C'est dire l'importance de cette découverte !
Tout part d'un programme de préservation des vestiges antiques, les chercheurs enquêtent sur le système adopté au Ier siècle pour créer la grande terrasse artificielle de la Vigna Barberini. "
Si les résultats recueillis au cours d'une campagne qui a duré deux mois (et vient de s'achever, le 25 septembre) ont permis d'atteindre le but fixé, explique le CNRS dans son communiqué,
ils ont aussi largement dépassé l'attente des intervenants." Face à cette découverte d'importance, la société d'archéologie et le Ministre de la culture italien ont donné carte blanche à l'équipe pour continuer les fouilles.
Car il faut percer le mystère de cette pièce tournante ! L'édifice circulaire que l'équipe de Françoise Villedieu a partiellement mis à jour "
pourrait être conservé sur environ 60 mètres de longueur, ainsi que le révèlent quelques indices", rend compte le communiqué.
"Il est déjà possible d'affirmer qu'il s'agit d'un édifice exceptionnel, poursuit-il,
La base étonne par ses qualités architecturales et l'étage noble occupait une position privilégiée en hauteur." On imagine ainsi l'empereur, dominant du regard
"la plus grande partie de la ville : Capitole, Forum, Caelius, Palatin, etc."
Pour découvrir les premières photos disponibles, réalisées par Françoise Villedieu et en savoir plus sur cette découverte, cliquez sur suivant.
* Traduction issue du livre de M. Baudement, éd. J.J. Dubochet, Le Chevalier et Cie, 1845,
mise en ligne sur le site : L'a
ntiquité grecque et latine de Philippe Remacle, Philippe Renault, François-Dominique Fournier, J. P. Murcia, Thierry Vebr, Caroline Carra.
Pilier central en cours de dégagement
Pilier central © Françoise Villedieu
Le pilier central présente des dimensions importantes : dix mètres de hauteur et quatre mètres de diamètres.
Pilier central en cours de dégagement
Mur de la rotonde et vue du chantier
Mur de la rotonde et vue du chantier © Françoise Villedieu
"Les murs, bien que réalisés avec le plus grand soin, sont dépourvus de revêtements décoratifs, un détail qui nous apprend que les salles concernées étaient des espaces de service", rend compte le CNRS. Et d'ajouter :
"L'étage noble devait donc nécessairement se trouver au-dessus, à un niveau où l'on observe que le sommet des maçonneries ne conserve aucune trace de l'arrachement d'une couverture ou de murs."
Mur de la rotonde et vue du chantier
Porte traversant le mur de la rotonde
Porte traversant le mur de la rotonde © Françoise Villedieu
"Le seul vestige de cet aménagement se présente sous la forme de trois cavités hémisphérique mesurant 23 cm de diamètre, qui devraient avoir servi de logement à des sphères en bronze ou en basalte. Les cavités, qui évoquent nos roulements à billes, la forme circulaire de l'édifice et les dimensions du pilier central laisse supposer que cet édifice serait la 'cenatio rotunda' dont parle Suétone", raconte le CNRS. Une salle à manger dont la particularité, outre le fait qu'elle soit ronde, était le fait qu'elle tourne sur elle-même, jour et nuit, imitant le mouvement du monde...
"Il faut donc imaginer un pavement de bois articulé autour d'un axe fixé dans ou sur le pilier central, et entraîné par un mécanisme assisté par les sphères, explique le CNRS,
L'hypothèse, pour devenir certitude, devra être renforcée par de nouvelles données, que seule l'extension de la fouille peut fournir, tout en livrant les informations complémentaires nécessaires afin de mieux comprendre le fonctionnement du dispositif qui devait assurer une rotation lente, mais continue, de la cenatio."
Porte traversant le mur de la rotonde