Pas facile de construire dans des pays où l'on ne connaît ni le climat, ni les matériaux, ni les techniques ou encore le besoins prioritaires des populations ! C'est pourtant le défi que se sont lancées deux équipes d'architectes : l'association TYIN créée par deux jeunes architectes norvégiens, Andreas Grøntvedt Gjertsen et Yashar Hanstad, et l'allemande Anna Heringer. Pour leur rendre hommage, la villa Noailles à Nice a décidé de leur consacrer une exposition "Construire ailleurs" retraçant leur projet les plus emblématiques. "L'idée était de montrer des architectes qui interrogent sur la place des architectes dans notre société, mais aussi des gens engagés qui construisent des programmes essentiels pour les populations voulant rester dans leur village dans des zones rurales", explique Florence Sarano, commissaire associée de l'événement. Et comme le souligne cette dernière, il s'agit de montrer des projets conçus par des gens "d'ici", en Europe, pour des gens de "là-bas", en Afrique ou en Asie. Tour à tour, le visiteur est amené à découvrir les rôles de l'architecte qu'ils soient économiques ou sociaux. Objectif : aider sans arrogance les populations en utilisant ou en revisitant les savoirs et les savoir-faire locaux, les matériaux régionaux : "Ce qui est intéressant dans cette démarche, ce sont les moyens et les processus laissés par les architectes de manière à ce que les habitants les utilisent dans d'autres projets. Sans oublier que les architectes repartent eux-aussi avec des savoir-faire", souligne Florence Sarano. Avant de préciser : "il est important de dire que l'architecture se fait ensemble".

Fiers de leur habitat

La plupart des structures imaginées sont essentiellement destinées aux besoins élémentaires : se laver, s'abriter, apprendre, se soigner, se réunir. Ainsi, les différentes réalisations présentées ne sont ni des tours, ni des immeubles de bureaux mais des programmes de santé, d'éducation ou encore d'hygiène. Mais l'exposition ne se limite pas à faire découvrir des chantiers, elle valorise les occupants dans leur habitat. D'ailleurs, "ils sont fiers qu'une exposition parle de leur maison", souligne la commissaire.

Des reconstitutions

Pour la mise en scène, l'exposition suit le travail des architectes de A à Z : de la construction à l'appropriation des lieux en passant par les techniques d'édification in situ. De nombreuses photos et petits films composent le parcours reflétant le quotidien des architectes. A cela s'ajoutent des croquis, des plans des projets et même des dessins à main levée. Cerise sur le gâteau, à l'occasion de l'exposition, plusieurs éléments, dont des reproductions de façades, ont été reconstituées à l'identique des projets de l'équipe TYIN et d'Anna Heringer. Une manière ludique et vivante d'expérimenter l'architecture venue d'ailleurs...