On aurait pu croire les Français individualistes et peu partageurs... il n'en serait rien, au vu des résultats du dernier sondage Ifop/Seloger, qui révèle qu'ils sont finalement nombreux à plébisciter la surélévation d'immeubles et la division de parcelles de terrain. Explications avec l'association Promotoit.
La tendance n'est pas nouvelle, mais elle resurgit dans les esprits. La pénurie de logements étant toujours d'actualité - et l'un des chantiers prioritaires du Gouvernement - il faut bien trouver des solutions. Relancer la construction de 500.000 logements ne s'improvise pas, et les Français semblent avoir intégré cette réalité.
Ainsi, selon un récent sondage Ifop/Seloger, la surélévation sur logements collectifs paraît intéresser davantage de Français qu'il y a quelques années. 54% des propriétaires d'appartement seraient d'accord pour que l'on construise au-dessus de leurs têtes, en échange d'avantages financiers. Une aubaine pour les promoteurs de cette démarche, puisque selon une étude de l'architecte Michel Cantal-Dupart, réalisée en 2012 sur 12 rues de Paris, le potentiel était de 466.000 m2 de constructions sur les toits ! Les 18-34 ans sont, quant à eux, bien plus ouverts à la surélévation, pensant que cette solution est vraiment efficace à 69%.
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Cependant, les projets sont difficiles et longs à mettre en place", prévient Isabelle Dorgeret, de l'association Promotoit*. Et selon elle, "
il n'y a aucun travaux en ce sens qui a commencé!". Les raisons de ce blocage : les copropriétés qui freinent souvent des quatre fers. "
Mais nous avons bon espoir que cela se débloque un jour, puisqu'une ordonnance du gouvernement (ndlr : Ordonnance n° 2013-889 du 3 octobre 2013 relative au développement de la construction de logements densifier la ville) préconise une réduction du droit de veto des occupants du dernier étage d'un immeuble. Cela va dans le bon sens", poursuit-elle.
L'autre résultat important de ce sondage, c'est l'intérêt croissant des Français pour la division parcellaire de terrain. En effet, ils sont désormais 39% à la considérer comme une solution pertinente (contre 33% en 2012, selon une étude Promotoit/Ifop de 2012). Céder une partie de son terrain pourrait ainsi devenir une pratique envisageable pour pallier le sempiternel manque de foncier dans les grandes agglomérations. "
Les maires doivent prendre en compte la mesure du potentiel pour assouplir le plan local d'urbanisme (PLU) encore trop restrictif et répondre aux projets de leurs concitoyens", analyse, pour sa part, le Pdg du groupe Seloger, Roland Tripard.
Autrement appelée
Bimby (Build in my backyard - construire dans mon jardin), la tendance qui promeut la remobilisation du tissu pavillonnaire, a fait son chemin. "
Désormais, la démarche est mieux connue auprès du grand public. Promotoit s'est associée, il y a deux ans, avec les architectes de Bimby, pour la faire connaître. Nous avons réalisé des rendez-vous avec les ministères, les élus et l'association qui lutte contre l'artificialisation des sols. Et avons même porté le projet Bimby au sein du groupe de travail 'financements innovants de l'efficacité énergétique' du Plan Bâtiment Durable", nous explique Isabelle Dorgeret. Résultat : le PBD a repris la proposition de Promotoit qui consiste à reverser le fruit de la vente de la parcelle dans le financement de la rénovation énergétique de la maison existante.
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Certains élus ont compris l'intérêt de la démarche", ajoute-t-elle. Dernier exemple en date : dans l'Essonne, a été mise en place une communication à destination des particuliers avec un exemple de requalification du tissu pavillonnaire à travers le Bimby.
De la théorie à la pratique, reste à savoir ce que les Français seront en mesure d'accepter lorsqu'ils seront confrontés à ces questions...