L'Appartement 50 de Le Corbusier est avant tout un logement fonctionnel que l'on associe souvent à son appartement-type. Comme une maison familiale, cet appartement est aménagé sur deux étages. L'on entre par la mezzanine qui renferme la cuisine et le coin repas ainsi que leurs nombreux rangements. C'est cette disposition originale qui a été la contrainte principale des étudiants de l'Ecole cantonale d'art de Lausanne lorsqu'ils se sont approprié l'espace pour le meubler. L'on remarque notamment que pour répondre à la complexité de l'agencement intérieur, les élèves ont dessiné un grand luminaire rotatif jaune sur la mezzanine qui offre la possibilité d'éclairer tour à tour la salle à manger ou le salon en contrebas.

En descendant de la mezzanine par l'escalier signé Jean Nouvel, l'on arrive dans un espace plus convivial : le coin salon. Face à la grande baie vitrée, cette pièce est relativement vaste par rapport au reste de l'appartement. Les étudiants de l'ECAL ont accentué cette impression d'espace en ne la meublant que très peu. L'élément de décoration est ce tapis, réalisé avec la manufacture AG à Langenthal, présente une carte géographique qui permet de se rendre compte de la place occupée par La Cité Radieuse dans son environnement au moment de sa construction.

L'Appartement 50 propose un grand nombre de rangements, de tablettes et de niches. En bleu sur un mur blanc, elles ressortent particulièrement bien et ont été un lieu privilégié pour installer les créations des étudiants de l'ECAL, comme une vitrine toute trouvée pour leurs objets colorés.

Les accessoires présentés dans cette niche, appelés « Agrafes » ont été créés par Dong-In Seol, étudiant à de l'ECAL. Ils représentent parfaitement la ligne directrice du projet : créer des objets pour « habiter » l'appartement tout en répondant aux besoins quotidiens des habitants. Ici, il s'agit d'accessoires (une horloge et un présentoir) qui se clipsent et se posent sur des murs ou du mobilier.

Seul le côté sud du logement bénéficie de baies et de fenêtres et l'appartement n'est pas traversant. L'orientation Sud n'est donc pas anodine et permet d'obtenir le plus de lumière naturelle possible tout au long de la journée et dans toutes les pièces. Un vaste vitrage donne sur l'espace extérieur.

Le Corbusier accorde une place centrale à l'Homme dans l'aménagement de son intérieur. Dans cette chambre, l'on sent particulièrement l'influence du système « Modulor »* inventé par l'architecte. Ici, l'on distingue également la volonté de l'architecte d'imaginer des espaces et du mobilier ergonomiques, s'adaptant à une surface réduite sans avoir d'incidence sur le confort des habitants. Le module qui comprend à la fois un lit dans son plus simple design, et un bureau en est un exemple parfait. *Notion architecturale qui utilise une silhouette humaine standardisée servant à concevoir la structure et la taille des unités d'habitation de Le Corbusier

De l'autre côté d'un panneau coulissant, se trouve la seconde chambre. Le panneau sert de cloison de séparation et peut être tout à fait escamoté pour obtenir une pièce vaste et aérée. Des deux côtés, des baies donnent accès à une loggia, comme une pièce en plus, qui prolonge l'espace. Les étudiants en design ont particulièrement joué avec ces espaces mi-intimes, mi-conviviaux, en proposant des aménagements bien distincts. L'une des deux chambres a même été transformée en salle de jeu avec ses blocs de construction.

N'oublions pas que cet appartement a été conçu dans les années 1950. Les choix d'agencement de Le Corbusier étaient alors très avant-gardistes. A l'époque, il y a avait une salle de bains pour tout l'appartement et les toilettes étaient souvent sur le palier. Le Corbusier a bousculé les codes en proposant ici une salle d'eau, dissimulée derrière une porte coulissante, en plus d'une salle de bains et de WC privatifs. Les élèves de l'Ecole cantonale d'art de Lausanne ont su attirer l'attention sur ce point en parant un lavabo très 50's d'un meuble moderne dessiné par l'une des étudiante, Lola Buades Balle.

Les espaces extérieurs de l'Appartement 50, sur les terrasses de la Cité Radieuse, ont la particularité d'être entièrement en béton. Pas de mobilier mobile, les fauteuils, bancs et autres méridiennes au bord de la piscine, font partie intégrante du bâti.

Les créations des étudiants se saisissent également des espaces extérieurs comme cette lampe « Phare », dessinée par un élève de l'ECAL, Stanislaw Czarnocki.

La mosaïque sur la terrasse est la seule touche de couleur. Le camaïeu de verts apporte un peu de chaleur aux abords de la piscine. Chaise de Thomas Schmitz, étudiant à l'ECAL.