L'établissement a été installé dans deux bâtiments contigus : un ancien hôtel parisien, et une nouvelle construction, bâtie en lieu et place d'un parking. En résulte deux aménagements différents. D'un côté, les couloirs sont étroits et feutrés, de l'autre, la circulation est plus facile mais moins intimiste. Pas question, pour les décoratrices, de cacher le passé de l'hôtel. "Nous avons volontairement choisi d'exposer des pans de murs dénudés, pour rappeler l'histoire du lieu", nous explique Carole Picard. Dès la réception, l'on tombe nez à nez avec un mur qui laisse deviner sa charpente en bois, sous une couche de peinture rouge écaillée. Une vue surprenante qui donne le ton : l'hôtel mêle les pièces anciennes et le style contemporain.

Côté style, l'on retrouve certains des codes déjà appliqués dans l'hôtel Mademoiselle : éléments de décoration dignes d'un cabinet de curiosités (cannes, pots d'épices, livres...), camaïeu de gris ultra chic qui impose une ambiance feutrée, etc.

Et, comme à l'hôtel Mademoiselle, Carole Picard s'est amusée à glisser des articles chinés dans la décoration des pièces. C'est le cas de cette ancienne commode et de ces candélabres massifs, à l'entrée du salon.

Le coin salon, tapi au fond d'un couloir, rappelle les bibliothèques des manoirs anglais. L'on s'attendrait presque à voir en sortir un gentleman portant canne et chapeau melon ! L'endroit invite à la détente en fin d'après-midi. Sur un vaisselier, s'alignent des assiettes, verres et objets de décoration qui semblent tout droit sortis d'un cabinet de curiosités. A l'image, d'ailleurs, des lithographies d'animaux et de squelettes qui ornent les murs...

Dans le restaurant de l'hôtel, "La cantine d'Eugène", les décoratrices ont distillé des éléments inspirés du style industriel : chaises hautes façon atelier d'artiste, suspensions en métal, parquet en bois massif, plaques en métal récupérées au plafond, bar en tôle, etc.

Mais le lieu compose aussi avec des éléments beaucoup plus stylés, à l'image de ce papier peint réalisé spécialement pour l'hôtel, au motif baroque, que l'on retrouve dans plusieurs pièces de l'établissement. Côté coloris, un bleu roi, un bleu cérusé et des gris se mélange harmonieusement, pour apporter une touche chic à la pièce. Le logo de l'hôtel, qui représente un homme au style de dandy parisien, est rétroprojeté sur le mur de la cantine.

Les couloirs qui mènent aux chambres sont habillés comme pourrait l'être un dandy parisien. Au mur, un papier peint noir arbore un motif baroque ton sur ton, rappelant les mouchoirs des gentlemen. "Au sol, la moquette reprend les rayures tennis des costumes", souligne Carole Picard. Les décoratrices ont récupéré plusieurs radiateurs en fonte sur le chantier de l'ancien hôtel. Rénovés et repeints, ils sont devenus les éléments incontournables des couloirs de l'hôtel, éclairés par des luminaires de style industriel.

Au détour d'un couloir, une surprise de taille attend le visiteur, qui tranche avec l'ambiance feutrée. Comme celui de la réception, un autre mur a été volontairement laissé nu par les décoratrices lors de la rénovation. "Le défi était difficile à relever, mais nous avons insisté pour pouvoir laissé ce vestige de l'ancien établissement", nous raconte Carole Picard.

Les 66 chambres prolongent l'atmosphère feutrée de l'hôtel. Au mur et sur certains plafonds, les décoratrices ont installé des plaques de métal récupérées de style victorien, parfois rénovées, parfois laissées dans leur jus. Un revêtement unique en son genre qui apporte une touche plus masculine à la pièce. En parallèle, le mobilier, dessiné par Carole Picard, rééquilibre l'ensemble en ajoutant de la sophistication, à l'image de cette table qui rappelle une valise.

Les portes des placards sont recouvertes d'un papier peint en trompe-l'œil de la marque Koziel, qui apporte une profondeur très intéressante dans les hôtels parisiens parfois étriqués. Les têtes de lit en Daquacryl cachent un système universel pour brancher les appareils électroniques directement sur l'écran de télévision de la chambre.

Dans la salle de bains, enfin, l'on retrouve toutes les tendances précédemment citées : l'industriel, avec le carrelage gris ; le baroque, par le biais du miroir travaillé ; l'élégance, comme dans un vestiaire masculin. Dans certaines suites, la salle de bains est ouverte sur la chambre et offre même... un petit salon avec des fauteuils capitonnés, idéaux pour une conversation intime !