Le travail de Didier Barray ne s'est pas limité à la conception de l'appartement, il a participé au choix du bien. Un avantage qu'il a su mettre à profit. Après une quinzaine de visites, son choix s'est porté sur l'appartement de 110 m2 d'une famille nombreuse. "La plus grosse difficulté était de faire admettre à mon client que l'on pouvait faire quelque chose de ce bien", raconte Didier Barray. En effet, l'endroit était très cloisonné et peu pratique. Il avait cependant un point fort indéniable selon l'architecte : une double-exposition valorisée par deux terrasses de chaque côté de l'appartement.

Didier Barray avait également repéré la possibilité de décloisonner presque entièrement les espaces : "ce lieu était assez neutre pour tout casser" révèle-t-il. Le projet ? Créer un penthouse moderne et très aéré. Les travaux ont donc démarré par la destruction de 90 % des cloisons de l'appartement. Seules les chambres et la salle de bains ont été recloisonnées, soit environ 24 m2. Découvrez en images, en pages suivantes, le projet réalisé.

Didier Barray a fait le choix d'utiliser une palette de trois couleurs sobres et apaisantes. Pour le sol des pièces ouvertes et des chambres : un beige doux ; pour les murs : un vert d'eau très pâle ; enfin, pour le sol, un carrelage en pierre gris clair que l'on retrouve également sur certains placards et sur le sol de la cuisine, de l'entrée et de la salle de bains.

Le couloir de l'entrée dessert une salle d'eau qui reflète parfaitement la vision de l'architecte, Didier Barray. "Ici, on joue sur la douceur, des couleurs apaisantes, le bois utilisé est plus chaud que celui du parquet", explique-t-il. Les portes en verre transparent de la douche et la simplicité de la vasque, dénotent son envie de légèreté et de modernité. Salle de bains avec meuble en bois flûtier et lampe Philippe Starck.

Dans l'appartement, l'ensemble des portes, coulissantes et pivotantes, ont été conçues pour être invisibles sur toute la hauteur afin de créer un espace contemporain, très linéaire et dépouillé.

L'appartement a beau être ouvert, l'architecte a concrétisé sa volonté de créer des "coins", des espaces délimités par des séparations douces. Didier Barray a notamment utilisé, au sol, un arc constitué de la pierre de la cuisine et d'un parquet clair grandes lames, qui délimite le salon de l'espace cuisine. Une manière pour lui de signifier l'entrée dans la pièce à vivre qui se divise, elle-même, en plusieurs espaces ouverts mais, distincts.

Pour Didier Barray, la pièce à vivre doit être pensée dans un esprit de libre circulation et d'indépendance des espaces. "L'idée était de ne pas perdre le côté intime du foyer malgré l'ouverture des espaces", confie l'architecte. Dans cet esprit, la salle à manger est séparée du "coin télévision" par une colonne de 70 cm de large recouverte de carrelage en pierre. Les deux espaces sont également dissociés par une estrade qui surélève le "coin dîner".

Le client de Didier Barray étant friand de cinéma, l'architecte a voulu créer un emplacement dédié à la vidéo. Presque caché derrière le pylône et comme couvé par les plantes qui l'entourent, cet espace vit seul au milieu de l'espace commun.

Les deux terrasses de cet appartement sont les principaux éléments qui ont décidé l'architecte d'intérieur à se lancer dans ce projet de rénovation. La double exposition qu'elles apportent fait toute l'originalité de ce penthouse. Deux terrasses, pour deux usages. En fonction de l'ensoleillement, on utilisera l'une le matin pour prendre son café, et l'autre le soir pour le thé.

Une des obsessions de Didier Barray lorsqu'il a pensé cet appartement : "Retrouver les traversants pour avoir de la lumière des deux côtés". Les couloirs de ce penthouse forment donc des tunnels de lumière, d'une terrasse à l'autre, pour ne perdre aucune luminosité.

Dans une volonté d'alignements des espaces et de praticité, les renfoncements et reliefs ont été transformés en placards de rangements. L'une des exigences du client de Didier Barray était, en effet, d'avoir assez d'espace pour ranger tout ce qui se trouvait dans son ancien appartement, plus grand. La totalité des murs est donc devenue des placards.

Le pylône de 70 cm de large recouvert de carrelage est utilisé comme rangement et sur l'une des faces, un radiateur a été incrusté. Cette colonne est un ancien pilier de structure épaissi par Didier Barray pour lui donner un rôle fonctionnel. Chaque espace de l'appartement est rentabilisé. Le canapé bleu est signé Le Corbusier, le gris est de Muji.

La cuisine étant très petite, l'architecte a décidé d'encastrer tout le gros électroménager (frigo, fours...) dans le mur du couloir lui faisant face. Cette initiative renforce encore l'impression de totale ouverture du penthouse. Les pièces n'ont plus de limite franche.

Le client, toujours dans l'optique d'avoir un logement fonctionnel, a expressément demandé à avoir un coin bureau dans la chambre, là encore, avec de nombreux rangements. Sur le lit : Plaid Quilt provenant du Vermont.

D'après Didier Barray, la collaboration avec son client s'est faite très naturellement et simplement. "En tant que professionnel du design, le propriétaire n'était pas très difficile à rallier à ma cause. C'est un homme ouvert avec une vision très moderne de l'habitat" raconte l'architecte. Les goûts de son client se ressentent d'ailleurs dans la décoration du penthouse. Canapés Le Corbusier, art japonais, chinois et africain appuient l'originalité de ce lieu exceptionnel.