Dessins, bijoux, flacons de parfum, luminaires, arts de la table, vases, créations en cristal... Le moins que l'on puisse dire c'est que la production de la maison Lalique est très diversifiée. Et comme elle a été lancée il y a déjà plusieurs siècles et qu'elle continue à se perpétuer, elle est également très abondante. Ainsi, dans chaque catégorie, les pièces se comptent aujourd'hui en plusieurs centaines. D'un côté, il y a toutes celles imaginées par René Lalique et de l'autre, toutes celles conçues par ses successeurs, notamment Suzanne, Marc et Marie-Claude Lalique. Seulement voilà : la profusion d'œuvres est telle que, faute de place, les musées - le musée des Arts Décoratifs de Paris, par exemple, ou encore le musée Gulbenkian de Lisbonne - n'en présentent au grand public qu'une petite partie. Du coup, au final, peu de personnes connaissent vraiment toutes les facettes de l'œuvre Lalique. Conscientes du problème, plusieurs collectivités, parmi lesquelles la Région Alsace ainsi que le Conseil général du Bas-Rhin, ont donc décidé - il y a maintenant plus de dix ans - de consacrer un musée entier à la célèbre maison. Un projet qui vient tout juste de se concrétiser...

Un bâtiment qui se fond dans la nature

L'établissement ouvrira en effet ses portes pour la première fois au public ce samedi 2 juillet à Wingen-sur-Moder. Un lieu hautement symbolique puisque c'est précisément dans ce village, qui fut l'un des fleurons historiques de l'industrie du verre en France, que René Lalique décida de construire sa propre manufacture en 1919. Mais ce n'est pas tout ! En prime, il est construit sur le site d'une ancienne verrerie, celle du Hocheberg, en activité aux XVIII e et XIX e siècles. Celui-ci étant inscrit à l'inventaire des Monuments historiques depuis 1996, il est d'ailleurs resté implanté sur les lieux. Conduite sous la houlette de Jean-Michel Wilmotte, la réflexion architecturale a abouti à la création d'un bâtiment semi-enterré aux lignes modernes et élancées. Doté d'une immense façade vitrée, il offre aux visiteurs une vue panoramique sur la vallée en contrebas et entretient ainsi une relation privilégiée avec la nature environnante. Un lien renforcé avec la présence d'une toiture végétalisée et d'un jardin floral à l'intérieur même du bâtiment. "Le bâtiment est mis en scène par la nature et la nature est dévoilée par la bâtiment", commente ses concepteurs.

Incursion dans les coulisses de la maison

 A l'intérieur : un espace d'exposition de 900 m2, un auditorium de 85 places, un espace de restauration, une boutique, des ateliers pédagogiques... Au sein de l'exposition permanente, dont la scénographie a été conçue par Duck Scéno, les pièces sont classées par grandes thématiques : les flacons de parfum et les boîtes à poudre d'un côté, les créations graphiques d'un autre, un peu plus loin les pièces en cristal et, à quelques mètres de là, les pièces modernes. A noter que toutes sont présentées dans des vitrines extrêmement épurées, sans cadre visible et sans élément technique de manière à ce que les visiteurs puissent vraiment les apprécier à leur juste valeur. Des focus sur les sources d'inspirations chères à René Lalique ainsi que des parenthèses sur ses amitiés artistiques et littéraires viennent ponctuer l'ensemble. L'occasion pour les visiteurs de découvrir certains détails méconnus de la carrière et de la vie du célèbre créateur. Outre les pièces proprement dites, le musée présente aussi le savoir-faire qui a fait la réputation de la maison à travers le monde. Il revient ainsi longuement sur la fabrication du vase Bacchantes, pièce emblématique créé en 1927 par René Lalique. L'impression pour les visiteurs de passer de l'autre côté du mirroir, miroir, dans un monde qui, jusqu'ici, lui était interdit. Pour avoir un apercu du musée ainsi Lalique que de quelques unes des oeuvres emblématiques qui y sont présentées, cliquez sur les pages suivantes.