Si la pièce suscite autant d'émotions chez lui, c'est qu'elle a valeur de manifeste. Un manifeste esthétique d'une part, puisque son objectif était de prendre le contre-pied des tendances pour proposer quelque chose de complètement nouveau.
"Notre dieu à l'époque c'était Saarinen, celui qui avait dessiné une chaise - la Tulipe - avec un seul pied. Que pouvait-on faire de plus ? Eh bien pas de pied du tout ! Tout est venu de là", dévoile-t-il. Une petite prouesse qui s'explique tout simplement par le fait que l'assise et le plan de travail du bureau ne forment qu'un seul et même tout. Un ensemble qui, au final, prend la forme d'un ruban de métal qui se déroule d'un côté et s'enroule de l'autre.
"Il s'en dégage un mouvement ce qui, pour moi, est la preuve d'une forme parfaite",
lance Ben Swildens plein de fierté.
Mais ce n'est pas tout ! Car, Ben Swildens a également tenu à marquer sa différence dans le choix du matériau. Il a ainsi opté pour de l'acier, un matériau particulièrement difficile à travailler, alors qu'à l'époque la tendance était plutôt au plastique.
"C'était idéal pour répondre à la commande de Peugeot car cela correspondait à l'esprit carrosserie de la maison. Pour des fabricants d'automobile, le métal c'était l'évidence" se défend-t-il. Installés en bonne place dans l'entrée, les trois bureaux ne manquaient d'ailleurs pas d'attirer les regards des passants.
Un succès qui fut de courte durée puisque lorsque le siège fut réaménagé, les pièces furent
"bradées au plus offrant"... Une situation contre laquelle Ben Swildens, bien qu'étant leur inventeur, n'avait rien pu faire. Au fil des années, il s'était donc résigné à ne plus jamais les revoir. Seulement voilà : un coup de téléphone est venu tout bouleverser. Au bout du fil : la société Furdess, spécialisée dans la création de mobilier contemporain sur mesure. Contre toutes attentes, elle lui propose de rééditer son bureau en huit exemplaires.
"Nous sommes littéralement tombés amoureux de ce bureau", confie Grégory Maître, le fondateur de la société.
"Jaimais nous n'aurions pensé qu'un matériau aussi rigide que le métal puisse adopter une forme aussi souple".
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