A l'intérieur d'un hôtel particulier du Val de Loire du XVème siècle, un appartement a retrouvé toutes les traces de son histoire. Témoignage de l'époque des rois de France, le lieu devenu gîte n'en est pas moins fonctionnel et accueillant. Reportage.
En cherchant un logement dans un immeuble de charme, Bernard de Saint-Léger tombe sur une pépite de l'histoire du Val de Loire : l'hôtel de Vareilles. Construit en 1494 dans le quartier St Michel, à Blois, l'hôtel particulier a appartenu à un certain Guillaume Allard, proche du roi Louis XII. Séduit, Bernard de Saint-Léger décide d'aménager l'appartement qu'il achète en gîte.
La façade du bâtiment est un souvenir très bien conservé de l'époque de Louis XII. A l'intérieur, en revanche, le lieu serait un fringuant témoignage du passé... si ses anciens propriétaires ne l'avaient pas étouffé sous des plaques de plâtre et des faux plafonds !
"Nous avons tout retiré, et entamé de longs et fastidieux travaux pour rendre l'appartement habitable" se souvient Bernard de Saint-Léger.
Avec l'aide d'un architecte blésois et des architectes des Bâtiments de France, l'appartement reprend son ancienne parure. Les plaques modernes dévoilent des colombages, des poutres d'époque, ainsi que des éléments plus récents.
"Le lieu a été rénové au fil des siècles, c'est pourquoi le parquet date du XVIIIème" explique Bernard de Saint-Léger. Le tout est malheureusement en mauvais état, et nécessite une rénovation totale. Mais pas n'importe comment...
Gîte Blois © RN / MAP
"Nous voulions revenir au plus proche de l'origine, tout en permettant à une famille de vivre au XXIème siècle" insiste le propriétaire. Les artisans - tous agréés "monument historique" - privilégient donc les techniques d'époque, comme l'utilisation de la chaux et non du plâtre pour le ravalement. Les volets intérieurs, manquants, sont reproduits à l'identique. Seule l'isolation pose problème, mais difficile de
"faire un bâtiment écologique avec un immeuble historique" souligne Bernard de Saint-Léger. L'appartement nécessite cependant très peu de
chauffage.
Le nouveau propriétaire décide également
"de rendre au lieu son volume d'origine". En observant les éléments encore présents (par exemple, les motifs gravés sur les poutres), les architectes déterminent la disposition initiale de l'appartement, et découvrent ainsi que la cuisine était en réalité un oratoire ! Le lieu sacré reprend alors sa fonction, et la nouvelle cuisine est équipée de façon moderne.
Car si les murs sont anciens, le confort est très actuel. Les deux chambres disposent de salles de bains et de rangements ; dans le studio attenant à l'appartement principal, une mezzanine peut coucher deux personnes. La décoration n'en est pas pour autant contemporaine !
"J'ai chiné la plupart des meubles du salon, d'autres proviennent d'héritages familiaux" précise Bernard de Saint-Léger.
"Au final, l'appartement permet de vivre correctement au XXIème siècle dans un bâtiment qui a plus de 600 ans" conclue-t-il.
Façade - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Façade - Gîte Blois © RN / MAP
Au dessus de la porte d'entrée, d'époque, on peut voir deux colonnes ouvragées, typiques de l'époque pré-Renaissance.
Les lettres gravées L et A sont les initiales de Louis XII et sa femme Anne de Bretagne. Ils n'ont pourtant jamais séjourné ici, mais ces symboles étaient placés sur les façades en l'honneur du roi et de la reine.
Façade - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Accueil - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Accueil - Gîte Blois © RN / MAP
Dès l'entrée, un bureau de famille, datant du XIXe siècle, trône.
Au dessus, la tapisserie est réalisée par un artisan blésois, en s'inspirant des tapisseries d'époque.
Accueil - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Vue d'ensemble
Vue d'ensemble - Gîte Blois © RN / MAP
Le mobilier du salon a été en partie chiné, et en partie récupérer dans les affaires de famille.
Le parquet date du XVIIIème siècle.
Vue d'ensemble
Poutres - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Poutres - Gîte Blois © RN / MAP
En enlevant les faux plafonds, le propriétaire découvre des poutres très bien conservées. Les gravures dites en "pli de serviette" sont typiques de l'époque qui précède la Renaissance.
C'est notamment à partir des gravures des poutres que les architectes ont pu déterminer l'emplacement des murs initiaux, et détruire les cloisons ajoutées.
Poutres - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Colombage - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Colombage - Gîte Blois © RN / MAP
Derrière les plaques de plâtre, se cachent des colombages qui séparent les pièces. Ici, d'un côté la cuisine, équipée et moderne, de l'autre la salle à manger.
Colombage - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Salon (1) - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Salon (1) - Gîte Blois © RN / MAP
Dans le salon, une grande tapisserie prédomine. A sa droite, un trône du XIXème siècle.
Salon (1) - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Trône - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Trône - Gîte Blois © RN / MAP
Le trône a été acheté dans une vente aux enchères en Sologne. Il date du XIXème siècle.
Il présente plusieurs scènes de l'histoire de France : adoubement de François Ier par Bayard, Charlemagne, le chemin de St Jacques de Compostelle, etc.
Trône - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Salon (2) - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Salon (2) - Gîte Blois © RN / MAP
La cheminée a été modernisée, mais la peinture et le miroir sont d'origine.
A gauche, on devine une porte...
Salon (2) - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Oratoire - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Oratoire - Gîte Blois © RN / MAP
...Deux portes, en fait. Celle de gauche mène à l'oratoire, qui avait été converti en cuisine par des propriétaires peu scrupuleux !
Oratoire - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Salle de jeux
Salle de jeux - Gîte Blois © RN / MAP
Celle de droite mène à une salle de jeux.
"A côté de l'espace sacré, l'espace profane" s'amuse le propriétaire.
Salle de jeux
Vitrail - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Vitrail - Gîte Blois © RN / MAP
Dans la salle de jeux, un vitrail a été ajouté, mais les fenêtres d'origine n'ont pas pu être touchées.
Vitrail - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Chambre - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Chambre - Gîte Blois © RN / MAP
L'une des chambres de l'appartement principal. Les meubles sont neufs mais la décoration garde le charme d'une maison de campagne ancienne.
Chambre - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Salle de bains
Salle de bains - Gîte Blois © RN / MAP
Derrière une porte coulissante moderne, se cachent une salle de bain et un dressing.
Salle de bains
Volet - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Volet - Gîte Blois © RN / MAP
Il n'y a pas de volets extérieurs, et les volets intérieurs d'origine avaient été retirés. Des artisans agréés "monuments historiques" ont reproduit à l'identique les menuiseries originales.
Volet - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Studio - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Studio - Gîte Blois © RN / MAP
Attenant à l'appartement principal, se trouve un studio avec entrée privative.
Derrière le meuble de la télévision, on devine l'encadrement d'une porte. Aujourd'hui, cette ouverture donnerait dans le vide ! Ce qui prouve que l'immeuble a subi des modifications au cours du temps.
Le propriétaire a choisi, avec l'accord des architectes, de laisser apparaître les linteaux d'origine.
Studio - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Mezzanine - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire
Mezzanine - Gîte Blois © RN / MAP
Une mezzanine en bois, posée sur le sol, soutient une petite chambre, et cache une cuisine et une salle de bain.
Mezzanine - Un appartement révèle ses traces de l'Histoire