La Société d'encouragement aux métiers d'art (SEMA) a remis mercredi ses prix nationaux 2009. L'occasion de montrer toute la vivacité de ces métiers du patrimoine, empreints de traditions et de savoir-faire, vitrine de l'excellence française.
Canneur, forgeron, doreur, ornemaniste, ébéniste, mosaïste, facteur d'instrument, céramiste... Tous ces métiers sont des métiers d'art, témoignages de traditions et de savoir-faire français, remontant pour certains à plusieurs siècles ! En France, ils sont plus de 2.000 à être référencés par l'Annuaire officiel des Métiers d'Art de France. Cet ouvrage de référence, publié cette année par la Société d'encouragement aux métiers d'art (SEMA)*, recense ainsi les professionnels de près de 217 métiers répartis dans 19 secteurs, de l'art floral au verre, en passant par le bois, la facture instrumentale, le métal, le cuir, ou encore les métiers liés à l'architecture, comme l'ardoisier, le chaumier ou l'escaliéteur !
La SEMA est une association loi 1901 reconnue d'utilité publique. Née en 1889 et placée aujourd'hui sous la tutelle du Secrétariat d'Etat chargé de l'artisanat, elle a pour mission de valoriser ce patrimoine d'exception que sont les métiers d'art de notre pays, tant au niveau national qu'international.
Prix special SEMA - Arnaud PACAUT © SEMA
Arnaud Pacaut a reçu le Prix du jury SEMA-Jeune pour ce "Tripode à abattants". Plus de détails dans le diaporama.
C'est d'ailleurs dans ce cadre qu'elle a remis mercredi 10 juin dernier ses Prix nationaux, récompensant professionnels confirmés et jeunes talents. Les prix SEMA professionnels distinguent ainsi l'excellence des savoir-faire autour de trois thématiques en alternance : restauration-conservation, tradition et création contemporaine. La tradition était à l'honneur de cette 33e édition : Christine Lelièvre, graveur sur arme, Raymond Kneip, ornemaniste métallique en couverture et les enlumineurs Astrid Bertin et Marceau Pradinas, ont reçus leur prix de la main du Secrétaire d'Etat Hervé Novelli, pour une réalisation exemplaire. Raymond Kneip, deuxième prix, spécialiste d'épis, d'oeils de bœuf et de girouettes, a par exemple redonné au Château de Lunéville son épi de faîtage historique. L'artisan projette maintenant, notamment avec la dotation du prix, de réaliser un musée vivant de la couverture, des ornements et des outils anciens.
Côté nouveaux talents, le 32e Prix SEMA jeunes nationaux, remis en partenariat avec la fondation Michelle et Antoine Riboud, a permis de découvrir et d'encourager cette relève indispensable à la perpétuation des traditions. Ces apprentis et étudiants, tous ayant moins de 26 ans, ont réalisé leur "chef d'œuvre" dans le cadre de
couverture © Annuaire des métiers d'art de France - SEMA
leurs études. En tout, sept prix ont été remis, trois par catégorie de niveau d'études, plus un prix spécial du jury. Ebéniste, tapissier, vitrailliste, dinandier (qui fond et met en forme le métal) ou encore brodeuse... Tous ces jeunes ont montré que leurs métiers avaient encore de beaux jours devant eux !
Découvrez ces jeunes talents et la beauté de leur métier à travers leurs œuvres, en cliquant sur suivant.
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Annuaire officiel des métiers d'art de France - SEMA
France édition, 30€.
Plus d'infos sur le site de la SEMA (www.metiersdart-artisanat.com)
Rémi Bordier, 18 ans
table © Rémi Bordier et sa table - SEMA
Premier prix
Ebéniste
"Table zébrée en bois"
Catégorie élèves et apprentis dans l'année de l'examen CAP ou BEP
Rémi Bordier a réalisé cette table pendant son apprentissage, lorsqu'il était en formation ébéniste au lycée professionnel des métiers d'Art d'Arsonval à Joué-lès-Tours. Aujourd'hui, il est en première année BAC Pro ébénisterie à Nice.
Sa table est conçue en lamellé collé en peuplier, contre plaqué cintrable, érable, wengé. Lors de sa fabrication, la principale difficulté rencontrée par Rémi a été de faire tenir le plateau du dessus dans le vide et plaquer le placage sur les cintres.
Il lui a fallu en tout 320 heures pour réaliser sa table.
Rémi Bordier, 18 ans
Astrid Girard, 21 ans
SEMA 2e prix fauteuil crapaud © Astrid Girard et son fauteuil - SEMA
Deuxième prix
Tapisserie d'ameublement
"Fauteuil crapaud, style Louis Philippe"
Catégorie élèves et apprentis dans l'année de l'examen CAP ou BEP
Astrid prépare actuellement un BTS Assistante de Gestion PME-PMI en alternance dans les Ateliers Charles Jouffre à Lyon (Tapissier d'Ameublement de luxe), et dans le centre de formation Ciefa à Lyon. Elle a réalisé ce fauteuil crapaud alors qu'elle était en deuxième année de CAP à la SEPR de Lyon. Elle est depuis titulaire du CAP Tapissier d'ameublement option garniture/décor.
Côté matériaux utilisés : une carcasse en bois, des sangles en jute, des ressorts, de la toile de jute, du crin végétal, du crin animal, de la toile de coton, de la ouate de coton et du tissu alcantara. La volonté d'Astrid était de réaliser une garniture entièrement traditionnelle avec crins et ressorts. Parmi les principales difficultés rencontrées pour Astrid : tapisser les crosses des accotoirs et la bosse du dossier, de même que de poser le tissu de couverture (coutures faites à la main).
A noter qu'il lui a fallu de 200 à 300 heures de travail à Astrid pour réaliser ce fauteuil.
Astrid Girard, 21 ans
Samuel Posnic, 24 ans
vitrail prix sema © Samuel Posnic et son vitrail - SEMA
Troisième prix
Vitrail
"Le repos du dragon"
Catégorie élèves et apprentis dans l'année de l'examen CAP ou BEP
Samuel est aujourd'hui salarié dans une miroiterie-vitrail à Guitry (35). Il a réalisé ce vitrail alors qu'il était encore en CAP Arts du verre - Vitrail au CIFAM.
Côté matériaux : Verre coulé texturé, verre STD "antique" spécial bulleux et texturé, verre coulé bariolé, verre coulé texturé et métallisé, verre MNA "massif nouvel antique" étiré, verre optique, plomb, or, mastic, peinture. Et côté technique : Coupe, peinture, sablage, mise en plomb, dorure. Pour Samuel, les principales difficultés ont été la mise en plomb et la mise en chef d'œuvre.
Ce vitrail représente 100 à 140 heures de travail.
Samuel Posnic, 24 ans
Solène Mutel, 21 ans
Solène Mutel, SEMA © Solène Mutel et son oeuvre - SEMA
Premier prix
Dinanderie
"Sacro - Sein"
Catégorie Elèves, apprentis et étudiants
Cette bachelière littéraire, option Arts Plastiques, a passé son CAP Serrurerie métallerie chez les Compagnons à Toulouse/Olivier de Serres (ENSAAMA) en DMA Métal.
Côté matériaux, son
"Sacro - Sein" est composé de cuivre demi-rouge, de laiton et calebasse. Elle a employé les techniques du recuit, planage et retreinte d'une feuille de cuivre. Les principales difficultés rencontrées ont été pour elle : de créer une pièce sans coupe ni soudure, de parvenir à former progressivement des courbes à partir d'une feuille plane et des pièces dissymétrique, composée de 3 courbes différentes.
Cette oeuvre représente 102 heures de travail.
www.solene-mutel.fr
Solène Mutel, 21 ans
Marion Vallee, 22 ans
Marion Vallee, SEMA © Marion Vallee - SEMA
Deuxième prix
Tapisserie
"Braketti"
Catégorie Elèves, apprentis et étudiants
Marion prépare le diplôme de designer concepteur à l'Ecole Internationale de Design de Toulon et est en apprentissage dans l'entreprise Atelier & Design située à Verquin (62). Elle a réalisé son oeuvre alors qu'elle était au lycée professionnel d'Autun en diplôme des Métiers d'Art de l'Habitat, option tapisserie décoration.
Côté matériaux, son oeuvre est en hêtre massif, contreplaqué, mousse polyuréthane et tissus. Elle a utilisé les techniques d'assemblage tenon-mortaise, vissage, garniture moderne, couture, tapisserie d'ameublement.
Il lui a fallu 230 heures pour la réaliser.
Marion Vallee, 22 ans
Marie Caille, 20 ans
Marie Caille SEMA © Marie Caille-SEMA
Troisième prix
Broderie
"Epouse ou concubine - 3 échantillons"
Catégorie Elèves, apprentis et étudiants
Marie est actuellement en recherche d'emploi. Elle a réalisé son oeuvre alors qu'elle était au lycée professionnel Gilles Jamain en BEP Métiers de la mode. Elle est titulaire d'un BMA Broderie et d'un CAP arts de la broderie.
Côté matériaux : mousseline polyester, doublure, fils à broder de soie, satin, coton, fils métalliques or, perles, strass, paillettes, divers tissus, plumes, laine, rubans. Quant aux techniques, Marie a utilisé celles de la broderie de Lunéville, de la broderie main à l'aiguille (ornementale et broderie or), et enfin la technique de broderie militaire. Ses principales contraintes furent techniques et économiques. Il lui a fallu 93 heures pour réaliser cette broderie.
Marie Caille, 20 ans
Arnaud Pacaut, 24 ans
Prix du jury
Ebénisterie
"Tripode à abattants"
Ce Grenoblois a réalisé ce meuble lors de sa formation ébénisterie à la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment à Echirolles. Il travaille aujourd'hui en Californie dans un atelier.
Côté matériaux pour ce meuble, Arnaud a eu recours à de l'érable, du sycomore, de l'ébène de macassar et de l'alizié ; il s'est servi des techniques de façonnage manuel, plaqué et colle d'os. Placage et cintrage des bois, ont été ses principales difficultés.
Ce meuble lui a demandé 200 heures de travail.
Arnaud Pacaut, 24 ans