Lauréat du concours Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la main, Ludovic Avenel a su séduire le jury de ce prix prestigieux pour les métiers d'art. Avec l'ébénisterie comme passion, sans oublier le côté design, à seulement 23 ans, ce jeune homme s'attache à l'évolution des techniques anciennes pour les adapter à notre temps. Portrait.
Depuis sa première visite d'un atelier à 6 ans, Ludovic Avenel n'a pu se sortir de la tête l'idée de devenir ébéniste. Habitué à se rendre régulièrement dans la maison de campagne de ses parents, il réalise ses premiers objets en bois comme des boîtes pour oiseaux.
A seulement 23 ans, ce temps n'est pas si loin, mais aujourd'hui, c'est avec deux commodes d'apparences identiques qu'il a remporté le concours. C'est une bijoutière de son association, réunissant des personnes de différents métiers d'art et travaillant ensemble autour d'une matière, qui l'a poussé à participer au concours Liliane Bettencourt.
"En ce moment nous travaillons sur le liège et essayons de mettre en commun nos savoir-faire", précise Ludovic Avenel sur son association.
La première commode est une réplique d'un meuble fabriqué par Paul Iribe et Clément Rousseau en 1912. Elle a été réalisée en galuchat qui est une technique de gainage de peaux de raies que l'on ne trouve qu'aux Philippines. La deuxième, quant à elle, utilise des matériaux beaucoup plus actuels et moins onéreux comme l'aluminium, le caoutchouc ou des matières composites.
"J'ai cherché à montrer qu'il est possible de réaliser de très belles pièces avec des techniques et des matériaux d'aujourd'hui. Le passé garde une relation avec et le présent avec des évolutions techniques", indique le jeune homme.
"L'évolution pour répondre à un besoin"
Aujourd'hui, grâce au prix du concours Liliane Bettencourt qui s'élève à 50.000 euros, Ludovic Avenel peut monter son entreprise rapidement. Il projette de créer du mobilier adapté aux personnes âgées.
"Je veux contribuer à réduire le processus de vieillissement des personnes âgées en leur permettant de rester plus longtemps chez elles grâce à un mobilier adapté." Et ce n'est d'ailleurs pas le seul projet de ce jeune homme ambitieux : des meubles pour les enfants, du mobilier flottant pour les bateaux, des meubles bijoux… En réponse à la notion à laquelle tient le plus Ludovic Avenel : l'évolution pour répondre à un besoin.
"Je trouve que souvent les ébénistes ou artisans sont trop traditionnels et conservateurs, à l'inverse de designers qui sont trop dans le purement esthétique. Je souhaite me situer entre les deux" confie-t-il. Evoluer avec la société, intégrer les nouvelles technologies, voilà les souhaits du lauréat.
"Il est difficile de ne pas tomber soit dans la tradition soit dans l'esthétisme mais il faut que les métiers d'art évoluent avec leur époque pour ne pas disparaître" affirme le jeune artiste.
Dans tous les cas, Ludovic Avenel démarre avec toutes les chances de son côté, puisqu'il confie recevoir de multiples commandes depuis qu'il a gagné le concours Liliane Bettencourt. Il chercherait même pour janvier un atelier pour s'installer dans la capitale.
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Un parcours formateur
Atelier © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Ludovic Avenel décide de suivre le plus tôt possible un cursus scolaire l'amenant vers son but, malgré la réticence de certains de ses professeurs. Il entame donc un CAP ébénisterie où il apprend les bases du métier et des techniques avant de rejoindre les Compagnons du devoir à Strasbourg. Mais il n'y reste que 6 mois :
"Je n'ai pas aimé l'ambiance dans laquelle je me trouvais, je n'arrivais pas à me sentir bien dans cet environnement trop strict", précise-t-il. Il fini donc son année dans la restauration de meubles anciens puis passe son bac pro d'ébénisterie pendant lequel il va découvrir l'approche créative et artistique de son métier. Les deux années suivantes, il les passe entre son atelier dieppois et l'école Boulle à Paris en art appliqué et ébénisterie. Avec l'obtention de son diplôme supérieur d'arts appliqués option design produit, Ludovic Avenel conclut ainsi sa formation.
Un parcours formateur
Commodes présentées au concours Liliane Bettencourt
Commodes présentées au concours Liliane Bettencourt - Commodes © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
La commode verte est la réplique exacte du meuble de Paul Iribe et Clément Rousseau en galuchat.
La grise est celle réalisée avec des matériaux actuels.
Commodes présentées au concours Liliane Bettencourt
Commode en galuchat
Commode galuchat © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Commode en galuchat et ébène.
12 peaux de raies ont été nécessaires à la réalisation de ce meuble soit un investissement de 900€, seulement pour le galuchat.
Commode en galuchat
Commode interprétée - Ludovic Avenel : entre ébénisterie et design
Commode interprétée © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Commode en aluminium, matière composite et caoutchouc.
L'aspect identique au galuchat a été obtenu en gaufrant du papier grâce à l'empreinte d'une vraie peau de raie.
Commode interprétée - Ludovic Avenel : entre ébénisterie et design
Découpe du galuchat
Découpe © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Le galuchat est une technique très ancienne nécessitant un savoir-faire de précision.
Découpe du galuchat
Tiroir de la commode interprétée
Tiroir © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Gros plan sur la façade de la commode interprétée : tiroir en acajou et en aluminium.
Tiroir de la commode interprétée
Atelier à Dieppes
Atelier à Dieppes - Atelier © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Atelier de Ludovic Avenel pendant la réalisation des commodes pour le concours Liliane Bettencourt pour l'intelligence de la main.
Atelier à Dieppes
Travail sur la commode interprétée
Ebénisterie © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Ludovic Avenel apporte les dernières finitions à son oeuvre avant la présentation au jury du concours.
Travail sur la commode interprétée
Esquisses des commodes avant la conception
Dessins © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Avant chaque réalisation, des croquis sont réalisés à la main, ou par ordinateur en 3D.
Esquisses des commodes avant la conception
Travail des pieds de la commode
Bois © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Ludovic Avenel réalise ici un aplanissement des pieds de la commode.
Travail des pieds de la commode
Le caoutchouc pour le dessus de la commode interprétée
Caoutchouc © Stéphane Compoint/Fondation Bettencourt Schueller
Ludovic Avenel a remplacé le marbre de la commode en galuchat par du caoutchou pour la commode interprétée. Il est collé pour éviter les déformation à la chaleur.
Le caoutchouc pour le dessus de la commode interprétée