Une exposition consacrée à Charlotte Perriand est actuellement organisée au Petit Palais à Paris. Regroupant plus de photographies que de meubles, elle donne à voir un aspect méconnu de l'œuvre de la célèbre créatrice.
Le fauteuil tournant, la table éventail, la chaise longue bambou, la potence d'éclairage... De nombreuses créations signées Charlotte Perriand ont accédé au statut privilégié d'objet culte. Si leurs silhouettes sont familières, leurs origines - autrement dit, les sources d'inspiration de la créatrice - restent en revanche mystérieuses. Un flou que le Petit Palais, en partenariat avec l'éditeur de mobilier Cassina, a décidé d'éclaircir en dévoilant, avec une exposition, un aspect méconnu de son travail, à savoir la photographie.
On l'ignore souvent mais Charlotte Perriand en était une grande adepte. Un art auquel elle s'est toujours intéressée, collectionnant les documents émanant d'agences ou de photographes, et auquel elle aimait s'adonner, immortalisant ainsi les paysages et les visages qu'elle avait pu croiser sur son chemin et qui lui avaient plu.
Dès son entrée dans l'atelier de Le Corbusier et de Pierre Jeanneret, en 1928, Charlotte Perriand utilise quotidiennement la photographie dans son travail de designer et d'architecte. Les clichés lui servent tantôt de support d'étude pour le dessin des meubles, tantôt de source d'inspiration pour trouver de nouvelles formes, de nouvelles manières de mettre en œuvre les matériaux mais également de concevoir les espaces.
Charlotte Perriand © AChP
Charlotte Perriand sur le Taporo, 1974. Photographie de Pernette Perriand-Barsac.
Objets trouvés dans la nature, assemblages de matériaux, bâtiments et constructions... Autant d'éléments que la créatrice aimait immortaliser et dont on retrouve la trace dans certaines créations. Placés côte à côte, les clichés - 380 sont exposés au Petit Palais - et les meubles présentent d'ailleurs une ressemblance frappante. Sans doute n'est-ce pas un hasard en effet si le meuble de séparation créé en 1954 adopte par exemple la même silhouette qu'un immeuble de l'Armée du Salut pris en photo vingt ans plus tôt. De même avec sa fameuse potence d'éclairage dont les lignes semblent être directement inspirées de celle d'une bôme de voilier immortalisée en 1937.
Mais ce n'est pas tout : Charlotte Perriand intégrera également des tirages photographiques dans certaines de ces œuvres, dans les plateaux de ses tables basses, par exemple. Elle s'en servira aussi pour réaliser des photomontages monumentaux destinés à décorer des pièces entières, tout en relayant ses positions politiques !
Plusieurs d'entre eux sont d'ailleurs présentés dans l'exposition comme, par exemple, celui réalisé en 1937 à la gloire du Front Populaire avec le
peintre Fernand Léger pour le Pavillon de l'Agriculture. A voir également :
"La Grande Misère de Paris", un autre grand panneau conçu, cette fois, pour dénoncer les mauvaises conditions d'habitation à Paris. Des œuvres méconnues que l'on donne aujourd'hui la chance aux visiteurs de redécouvrir.
A noter que Cassina, ayant fait l'acquisition en 2004 des droits de reproduction de l'œuvre de Charlotte Perriand, réédite les pièces de la créatrice. Découvrez-en quelques unes en pages suivantes.
Table basse - L'œuvre de Charlotte Perriand vue à travers le prisme de la photographie
Table basse - L'œuvre de Charlotte Perriand vue à travers le prisme de la photographie
Table basse - L'œuvre de Charlotte Perriand vue à travers le prisme de la photographie
Table basse conçue en 1984 par Charlotte Perriand et dont les lignes pourraient être inspirées d'éléments minéraux photographiés sur la plage en Normandie.
Table basse - L'œuvre de Charlotte Perriand vue à travers le prisme de la photographie
Meuble de séparation
Meuble de séparation - Cassina © Cassina
Meuble de séparation dessiné en 1954 par Charlotte Perriand. Meuble dont la silhouette rappelle celle d'un immeuble de l'Armée du Salut en construction, photographié vers 1931.
Meuble de séparation