En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Publié le 24 novembre 2011 par Propos recueillis par C. Chahi Bechkri
    Des matériaux naturels, des formes simples directement inspirées de la nature, une grande modularité qui offre la possibilité aux utilisateurs de s'approprier les pièces... Stéphanie Marin fait partie de ces designers qui ont un univers bien à eux. Petite incursion dans son monde le temps d'une interview ...
    MAP : Quelle est la chose, le souvenir, la rencontre, l'anecdote qui a fait que vous avez voulu devenir ce que vous êtes devenue ?
    Stéphanie Marin : Je pense que ce sont les personnes âgées auprès de qui j'ai grandi. Certaines avaient été couturières, d'autres professeurs de mathématiques et l'on s'amusait à fabriquer des choses ensemble. Mes enfants y sont aussi beaucoup pour quelque chose. Ils sont très curieux, aiment les histoires. Du coup, ils me stimulent en permanence dans mon métier de designer.
    MAP : Vous souvenez-vous de votre toute première création ?
    S. M : En 1994, j'ai voulu faire du neuf avec du vieux. J'ai jeté mon dévolu sur des couvertures en laine tricotées main qui étaient vendues comme déchets par des usines de tri et je les ai transformées en vêtements. Chacun était unique, aléatoire, fait main et recyclé. Les premiers se sont vendus sur le marché de St-Ouen à Paris, les derniers, quelques années après chez Liverty's à Londres. Je me rappelle notamment d'un pull zippé à capuche qui a eu beaucoup de succès.
    MAP : Quelles personnes ou personnages auriez-vous aimés rencontrer ?
    S. M : Il y a beaucoup de merveilleuses rencontres ... Toutes sont uniques et différentes. Pour répondre à la question, je m'interroge souvent à propos de Leonardo da Vinci. Etait-il sympathique ? C'est en tout cas un personnage qui me fascine, parce qu'il était très audacieux et qu'il n'a respecté aucun a priori.

    MAP : Comment définissez-vous le métier de designer ?

    S. M : En ce qui me concerne, je vois le design comme l'âme de l'industrie, comme le corps de la société. Etre designer, c'est mettre en équation toutes les contraintes du réel et les transcender avec inspiration. Or, de nos jours, le réel me semble difficile à définir et la première difficulté est bien là : poser les questions essentielles avant d'aborder la pratique.
    MAP : Quel métier auriez-vous voulu faire si cela n'avait pas été celui-là ?
    S. M : Enfant, je voulais devenir professeur de mathématiques car cette matière me passionnait à l'école. Finalement, aujourd'hui, j'ai changé d'avis. A l'heure actuelle, je me verrais bien danseuse ou choriste de musique groove !
    MAP : Quelle est votre devise dans la vie ?
    S. M : Inventer plein de devises !
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    En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    En aparté avec Stéphanie Marin

    En aparté avec Stéphanie Marin - Smarin
    En aparté avec Stéphanie Marin - Smarin © Smarin
    MAP : Quel est le projet dont vous êtes le plus fière ?
    S. M : Pour moi, fière n'est pas le mot juste. Je préfère dire que j'éprouve de la reconnaissante pour certains de mes travaux car ils m'ont ouvert des portes. Les Livingstones en 2004 m'ont donné beaucoup de liberté. Grâce à ce projet de mobilier plein d'humour, j'ai eu les moyens de proposer d'autres objets et j'ai fait de très belles rencontres avec, à la clé, des collaborations inattendues. Par exemple, Jean Pierre Dick : un navigateur incroyable qui m'a confié le design de son monocoque, le plus rapide de sa catégorie.
    MAP : Quel est le projet le plus fou que vous avez réalisé depuis le début de votre carrière ?
    S. M : A bien y regarder, tous mes projets ont un caractère un peu fou. Je suis passée des déchets recyclés aux vêtements, des coussins aux meubles, du voilier au couteau... En ce moment, je jongle entre un guide pour une maison d'édition et une scénographie réunissant cinquante artistes contemporains...Voilà ce qui est fou !
    MAP : Quel est l'objet dont vous auriez aimé être le créateur ?
    S. M : Je ne me suis jamais surprise à imaginer être la créatrice d'un objet ou d'une pièce qui me touche. En revanche, j'aimerais parfois avoir une idée de génie, une idée qui permette de faciliter la vie des gens mais sans engendrer de production inutile. L'objet utile et indispensable : bref, l'objet parfait, voilà ce que j'aimerais inventer !

    MAP : La création idéale pour vous, c'est ...

    S. M : Pour moi, la création idéale doit être à la fois simple, hyper fonctionnelle, naturelle, belle et drôle.
    MAP : Si une de vos créations pouvait parler, qu'aimeriez-vous qu'elle vous dise ?
    S. M : Le problème, c'est que je ne parle pas avec les objets ! En revanche, j'aime dialoguer avec les gens qui s'approprient mes créations. J'aime les connaître, comprendre qui ils sont, comment ils vivent avec mes créations et même recevoir leurs critiques... ça m'inspire !
    La suite de l'interview en page suivante.
    En aparté avec Stéphanie Marin

    En aparté avec Stéphanie Marin

    smarin
    smarin © smarin
    MAP : Considérez-vous votre art comme de l'art ?
    S. M : Le seul point qui rassemble le designer et l'artiste c'est l'univers. Après, chacun en développe sa propre vision à travers sa discipline. Personnellement, je ne me sens pas artiste parce que je ne crée rien d'unique ou de limité et que les projets sur lesquels je travaille sont toujours liés à du concret. De plus, je travaille en équipe et j'aime ça, ce qui est rarement le cas des artistes.
    MAP : Votre métier, un vecteur d'engagement, un outil pour faire passer un message ?
    S. M : Je me sens très engagée. L'acte de voter ne signifie rien comparé à celui de consommer. C'est un pouvoir énorme que celui de faire des choix qui impliquent les autres.
    L'acte d'acheter un produit et pas un autre induit une modification possible de l'offre dans des délais, somme toute, très réactifs.
    L'acte de produire, est issu d'une série de choix déterminants, pour notre société et notre environnement. J'en ai pris conscience tellement tôt que j'ai plutôt tendance à douter aujourd'hui de ma capacité à comprendre tous les choix que je fais, qui sont de plus en plus complexes à clarifier. En effet, vaut-il mieux fabriquer en France, et préserver la diversité dans les métiers, les savoir-faire ou bien sous-traiter ? La question n'est pas simple, il y a beaucoup d'informations à vérifier et j'ai bien envie de mener mon enquête !

    MAP : Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

    S. M : Récemment, j'ai redécoré le hall d'arrivée de l'aéroport de Nice. Je suis également à l'initiative d'un livre « Ici Nice », aux éditions Bernard Chaveau. L'ouvrage sera présenté notamment sur le Salon du Livre, qui se tiendra à la porte de Versailles du 16 au 19 mars 2012, et au travers d'une exposition dont j'ai imaginé la scénographie. Par ailleurs, je présente actuellement mes créations au Module, un espace d'exposition de 250 m2 à Nice, dans le cadre de l'événement "Made with Design & Love". Je vais également participer à l'exposition "Design au Féminin", qui se tiendra à partir du 15 décembre à Bordeaux.

    MAP : Un dernier mot... en aparté ?

    S. M : Je voudrais simplement ajouter que ce qui est un moteur dans le travail du designer, c'est de pouvoir partager des collaborations avec des personnes vraiment différentes, de trouver des complémentarités qui vont faire naître des projets tout à fait particuliers liés aux personnalités des acteurs du projet.
    Pour avoir un aperçu des différentes créations de Stéphanie Marin, cliquez en pages suivantes.
    En aparté avec Stéphanie Marin

    Livingstones - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Livingstones - Smarin
    Livingstones - Smarin © Smarin
    Livingstones, 2004 : collection composée de 9 coussins en pure laine vierge de formes et de volumes différents.
    Livingstones - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Mobileshadows - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Mobileshadows - Smarin
    Mobileshadows - Smarin © Smarin
    Mobileshadows, fin 2007 : panneaux mobiles à suspendre comme un rideau ou pour séparer des espaces.
    Mobileshadows - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Livingisland - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Livingisland - Smarin
    Livingisland - Smarin © Smarin
    Livingisland, 2008 : collection de tables basses constituées d'une superposition de strates en épicéa.
    Livingisland - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Nénuphares - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Nénuphares - Smarin
    Nénuphares - Smarin © Smarin
    Nénuphares, 2009 : poufs dont la silhouette reprend la forme d'un nénuphar.
    Nénuphares - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Mangier - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Mangier - Smarin
    Mangier - Smarin © Smarin
    Mangier, 2009 : support de présentation pour nourriture.
    Mangier - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    JP54 - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    JP54
    JP54 © ph. Ivor Wilkins - JP54 DR
    Le JP54, 2010 : Stéphanie Marin imagine l'intérieur d'un bateau - le JP54 - pour le skipper azuréen Jean-Pierre Dick.
    Pour en savoir plus, cliquez ici.
    JP54 - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Le Hasard - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Le Hasard - Smarin
    Le Hasard - Smarin © Smarin
    Le Hasard, 2011 : ensemble composé de trois éléments autonomes : un banc, une tablette et deux étagères
    Le Hasard - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Ziggurat - En aparté avec Stéphanie Marin, designer

    Ziggurat - Smarin
    Ziggurat - Smarin © Smarin
    Ziggurat, 2011 : élément en forme de triangle équilateral à partir duquel on peut développer verticalement ou horizontalement différentes constructions de dimensions variables. On peut s'y asseoir, s'appuyer dessus pour écrire, y poser un écran ou des livres, cloisonner l'espace...
    Ziggurat - En aparté avec Stéphanie Marin, designer
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