Design : attention aux contrefaçons dans la réédition

    Publié le 9 juin 2011 par C. Chahi Bechkri
    Vitra Design Museum
    Vitra Design Museum © Vitra Design Museum - Peter Inselmann
    A l'instar des secteurs de l'art et de la mode, de nombreuses copies extrêmement ressemblantes d'objets cultes circulent sur le marché du design. Si elles sont vendues moins chères que les originaux, elles sont aussi de beaucoup moins bonne qualité. Une concurrence déloyale que les professionnels, notamment les éditeurs de mobilier, entendent bien combattre...
    Une tige en forme d'arc en acier, socle rectangulaire en marbre blanc ou noir, abat-jour en métal brossé... A lire le descriptif du produit et même à le regarder, on pourrait croire qu'il s'agit du fameux lampadaire Arco dessiné en 1962 par les frères Achille et Pier Giacomo Castiglioni. Un indice pourtant éveille la curiosité : son prix. Il est affiché à seulement 439 € alors que chez Flos, la société à qui les designers en avaient confié les droits d'auteur, il coûte plus de 1.500 €.
    La lampe Arco n'est qu'un exemple parmi d'autres. La chaise "n°14" de Michael Thonet, la "Série 7" d'Arne Jacobsen, la Tulipe d'Eero Saarinen, le tabouret "Tam-Tam" dessiné par Henry Massonnet en 1968, le canapé "Smala" de Pascal Mourgue... Autant de pièces dont il est aujourd'hui possible de trouver, parfois même chez de grandes enseignes de décoration, des copies extrêmement ressemblantes.

    Les éditeurs contre attaquent

    Avec le développement d'Internet et plus particulièrement des sites marchands spécialisés dans le design, le phénomène semble avoir pris de l'ampleur ces dernières années, ce qui inquiète les éditeurs possédant les droits d'auteur de tous ces objets cultes. "Le phénomène des copies nuit au marché des produits de design, mais surtout à la qualité des produits et à la profession même du designer", alertait récemment la société Cassina dans un communiqué. Elle en profitait d'ailleurs également pour rappeler qu'elle est actuellement "la seule entreprise" à posséder, entres autres, "les droits exclusifs mondiaux pour la reproduction et la commercialisation" des œuvres de Le Corbusier, de Charlotte Perriand ainsi que de Gerriet T. Rietveld. Droits valables pendant toute la durée de vie des designers et pour les 70 années suivant celles de leur décès.
    Mais certains éditeurs vont plus loin. Comme le rapporte le cabinet Regimbeau, spécialisé en conseils sur la propriété industrielle, le 23 novembre 2006, la société Flos a assigné la société Semeraro devant le tribunal de Milan pour avoir "importé de Chine et commercialisé en Italie des lampes, dénommées Fluida, qui, selon elle, imitaient les caractéristiques artistiques et esthétiques de la lampe Arco". Une action qui a abouti favorablement pour l'éditeur, puisque la production et la commercialisation du modèle ont été arrêtées.

    Des signes distinctifs

    L'un des principaux problèmes soulevés par les maisons d'édition est la mauvaise foi des fabricants de contrefaçons. Si certaines enseignes ou sites Internet marchands avouent en effet que leurs produits ne sont pas des originaux mais sont inspirés de leurs lignes, d'autres en revanche laissent planer la confusion. Du coup, certains consommateurs, croyant faire une bonne affaire en achetant à bas coût des pièces rééditées dans le respect des dessins originaux, se retrouvent avec de pâles copies entre les mains.
    Il est pourtant simple d'éviter de tomber dans le piège : les pièces qui font l'objet de rééditions officielles portent des signes distinctifs facilement reconnaissables par tous. En général, la signature ou le nom des auteurs, le nom du modèle et le numéro progressif de production sont inscrites au dos de chaque produit. Dans le jargon du design, c'est ce qu'on appelle la "carte d'identité" de la pièce. Pour la trouver, il suffit en général simplement de retourner les pièces. Après, chaque maison d'édition possède ses propres codes. Depuis 2010, Cassina a pris la décision d'apposer également sa signature sur la structure de certaines pièces de Le Corbusier, assurant ainsi qu'elles ont bien été éditées en accord avec la fondation Le Corbusier et avec les héritiers des coauteurs.
    Pour tout achat, même ceux effectués sur les marchés ou les brocantes, les professionnels recommandent également aux particuliers de toujours demander une facture. Une garantie utile dans le cas de la revente de la pièce.
    Design : attention aux contrefaçons dans la réédition
    Articles qui devraient vous intéresser
     
    Recevez gratuitement
    La newsletter Maison à Part
    L'e-magazine de l'habitat sous tous les angles
    Vous pouvez vous désabonner en un clic