Le savon de Marseille, tout le monde connaît. Mais qu'en est-il de sa fabrication et de l'histoire d'une savonnerie aussi prestigieuse que celle de Marius Fabre ? Née en 1900, cette entreprise a survécu à deux guerres mondiales et à la révolution industrielle des années 70. Maison à part revient sur cette marque d'exception, au travers de l'histoire de son entreprise et de son savoir-faire : l'élaboration traditionnelle du savon en chaudron, la même depuis plus d'un siècle !

Un peu d'histoire...

C'est à l'âge de 22 ans que Marius Fabre ouvre sa savonnerie à Salon-de-Provence. La ville vit alors une période de grande prospérité économique, notamment autour de l'huile et du savon. Après avoir passé le flambeau à sa femme de 1914 à 1818, Marius déménage en 1927 pour les locaux actuels de l'entreprise, permettant d'accueillir des cuves plus vastes. Quelques années plus tard, la seconde guerre mondiale entraîne une importante pénurie de matières premières pour le fils aîné de Marius qui a pris le relais à la tête de la savonnerie. L'huile ne compose plus que 12% du savon contre 72% habituellement. Les années 60 marquent ensuite un tournant pour la société avec le rachat de la marque "La Sainte famille". Le signe d'un nouveau souffle pour l'artisanat traditionnel, mais qui sera malmené dix ans plus tard avec l'émergence de l'industrie pétrolière. Le début des années 90 salue le retour au naturel et à l'authenticité, au moment où le dernier fils de Marius passe la main à sa fille et à son beau-fils, à la tête de l'entreprise encore aujourd'hui.

14 jours de fabrication

La force de la savonnerie ? Le maintien de la tradition. Depuis 1900, le procédé de fabrication n'a en effet pas changé. Pas moins de 14 jours sont nécessaires à la réalisation du véritable savon de Marseille selon la cuisson dite "à grand feu". Le procédé est découpé en sept étapes distinctes : d'abord l'empâtage (ou saponification) vise à mélanger les huiles végétales et la lessive de soude pour les transformer en pâte à savon. Celle-ci est ensuite cuite pendant dix jours à 100°C et mise en repos deux jours. La pâte encore chaude est alors versée dans les "mises", de gigantesques moules à même le sol. Le savon y sèche aussi pendant 48 heures à l'air libre. Il est ensuite découpé en pains de 35 kg, puis en blocs. Ces cubes sont à nouveau mis à sécher. Vient enfin l'étape clé du marquage. Le précieux sésame "savon de Marseille" est estampillé sur les six faces, garantissant le savoir-faire traditionnel et le succès du produit dans le passé... et à l'avenir !