Souriant et énergique, Mitri Hourani ressemble à ses créations, colorées, hors du commun, parfois déjantées. Ce Marseillais d'origine libanaise né en Côte d'Ivoire ne se fie qu'à ses envies pour imaginer des objets qu'il veut "décoratifs et utiles". Lorsqu'on lui demande d'où lui vient son inspiration, la réponse est pour le moins surprenante. "D'un ras-le-bol. Marre de voir toujours la même chose, une création formatée, qui ne délire plus. J'avais envie de nouveauté, de folie". Le fil conducteur de sa marque, Boboboom, c'est le recyclage, plus précisément le "upcycling", la revalorisation des objets désuets. Fort de l'idée que "rien ne se jette, tout se transforme", Mitri Hourani crée sans limite. D'un vieux jean (le sien !), il fait un coussin, avec une poignée "car on ne sait jamais où mettre les coussins quand il y a en a trop ; on peut ainsi les accrocher". D'un ancien poupon ou d'un jouet, il fait des luminaires. D'un morceau de robinet, il fait une patère fluo.

Au bonheur du chineur

Le designer aime surtout chiner les matières premières de ses œuvres : d'anciens abat-jour, du tissu de récupération, et de vieilles tapisseries à partir desquelles il crée des coussins uniques. "Je crée à l'envie, de façon impulsive" insiste Mitri Hourani. Inspiré par sa formation de styliste modéliste, il double ses abat-jour avec du jersey de maillot de bain aux teintes fluo. Mais le bleu foncé reste sa couleur de prédilection, un coloris "qui détend, qui permet de s'échapper de la morosité, de prendre le large" explique-t-il. "Beaucoup des gens qui découvre Mitri tombent amoureux de ses produits, et lui réclament une édition ou un modèle bien à eux" raconte Pierre, son attaché de presse. Si la marque Boboboom existe depuis six mois à peine, Mitri Hourani a déjà mis son talent à disposition des envies les plus folles, sous la marque Mix+. "L'inspiration y est plus orientale. J'ai notamment réalisé un lustre en cristal d'une tonne, un modèle unique pour un particulier" raconte le créateur. C'est ce qu'il a baptisé le "design adapté". Le travail de Mitri Hourani ne semble pas connaître de limites. Il a notamment parmi ses projets la décoration d'un hôtel à Beyrouth, dans un style "un peu plus flamboyant" précise-t-il. Mais son horizon pourrait être jalonné d'autres expériences plus originales : "j'aimerais, pourquoi pas, tenir une brasserie, ou décorer un bordel !". Tout un programme.

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