Les confidences des Tsé & Tsé sur leurs créations - En aparté Tsé & Tsé © Tsé & Tsé Associées
MAP : Quel est le projet dont vous êtes les plus fières ?
S.P. : Le vase d'Avril, notre première création. Il nous a aidées à exister et à survivre, car pendant des années ç'a été le seul objet "fiable", qui se vendait bien.
C.L. : C'est un super objet, donc nous nous servons toujours chacune chez nous.
S.P. : On l'aime toujours, en fait !
MAP : Quel a été votre projet le plus fou ?
S.P. : Le HLM pour mouches, qui est plus proche de l'objet d'art. Nous l'avions imaginé pour l'IFA et son exposition "Une maison pour animaux" aux Tuileries. Il y a aussi le tchador brodé de sequins, créé pour le shooting photo d'un magazine. Mais la photo n'est finalement jamais parue ! Nous sommes sollicitées une ou deux fois par an pour ce genre de projets plus artistiques,
comme le paravent en stylos Bic.
C.L. : On ne se plaindra jamais de pouvoir faire ce genre de projets, au contraire, nous aimerions en faire plus. Mais malheureusement, nous n'avons pas toujours le temps !
MAP : De quelle création auriez-vous aimé être les auteurs ?
S.P. : Plein de maisons d'architectes ! J'adore les maisons inventives, je suis fascinée par l'architecture. J'aimerais vraiment imaginer une maison pour nous.
C.L. :
L'étagère Bookworm de Ron Arad. J'ai piqué une grosse crise de jalousie lorsque je l'ai vue ! Sinon, c'est plutôt des créations dans des domaines qui ne sont pas les miens : disques, livres... J'aurais aimé écrire et composer. Mais on se pose assez vite des limites !
C.L. : ... évidente, spontanée. L'idée doit nous venir très vite et de manière très claire.
S.P. : Son usage doit être évident aussi pour celui qui s'en sert. Nos objets répondent à la définition du design : pratiques, utiles avant tout.
MAP : Si vos créations pouvaient parler, qu'aimeriez-vous qu'elles vous disent ?
S.P. : Si on leur donne la parole !
C.L. : Qu'elles sont bien contentes de d'être nées, d'avoir une vie de délices, une vie de star ! Peut-être aussi qu'elles sont en bonne santé, intelligentes...
S.P. :
"Merci, nous sommes bien choyées". On n'en doute pas d'ailleurs ! Nos clients s'approprient très vite nos objets, notamment la vaisselle, ils les aiment apparemment sincèrement.
C.L. : Les compliments que nous font nos clients sont très touchants. Nos objets sont une manière de communiquer nos idées, et c'est un grand plaisir de savoir qu'ils sont appréciés.
C.L. : C'est un moyen de communiquer, d'exprimer notre sensibilité. En cela, notre travail fait penser à de l'art. D'autant plus que nous aimons autant nos objets qu'une œuvre d'art pendue au mur ! Au Japon, par exemple, on ne fait pas la distinction entre les arts appliqués et l'art.
S.P. : Artistes et designers font partie de la même famille. C'est ensuite un choix de faire de ses créations des œuvres uniques ou non.
C.L. : L'artiste pense à un concept, et nous à un objet concret. L'avantage de l'artiste, c'est qu'il n'a qu'un seul exemplaire à créer, alors que nous devons aussi penser à la rentabilité du projet.
S.P. : A nos débuts, on avait envie de partager notre travail, de distribuer nos création comme des objets d'art. Aujourd'hui, c'est de plus en plus difficile. On aimerait faire des éditions limitées, c'est d'ailleurs plus vendeur. Mais ce n'est pas fair-play ! Ce serait injuste de ne produire que deux exemplaires, et de les vendre 40.000 euros... Peut-être à la retraite, mais pas avant !
S.P. : C'est même un devoir citoyen. Les designers devraient vivre dans ce qu'ils créent, pour se mettre dans la peau du particulier. C'est ce que nous faisons, et cela nous aide beaucoup. Nous imaginons des objets pour qu'ils facilitent la vie, et pas pour qu'ils deviennent des épines dans le pied du client !
C.L. : Nous avions imaginé des moules à gâteaux individuels. Mais à l'utilisation, ils n'étaient absolument pas pratiques ! On a donc arrêté de les produire, parce que, nous-mêmes, nous n'étions pas convaincues. Je ne comprends pas les designers qui suivent les règles du marketing et qui se moquent du client final. Je fustige ce mode de réflexion ! Autant aller, dans ce cas, dans l'abstraction complète.
S.P. : Comme Raymond Loewy, nous prônons l'accessibilité au beau pour tout le monde, sans pour autant tomber dans l'uniformisation. C'est aussi ça, le rôle du designer.
La suite des confidences des Tsé & Tsé Associées et les photos de leurs créations en pages suivantes.