Le designer Jeremy Edwards pratique son activité de designer d'une manière insolite. Il confectionne des meubles dans la rue à partir de ce qu'il trouve sur les trottoirs et laisse ensuite ses créations à l'endroit même où il les a fabriquées. Un travail de revalorisation de la matière à découvrir jusqu'au 30 janvier dans une galerie parisienne.
Jeremy Edwards n'est pas un designer comme les autres. Ce qui le distingue de ses camarades, c'est d'abord qu'il n'a pas d'atelier. Il travaille... dans la rue ! Il sillonne les rues de la Capitale à la recherche de vieux meubles cassés ou abîmés abandonnés sur le trottoir et, lorsqu'il a trouvé de
"la matière intéressante", il sort ses outils.
"Je prends toujours ma caisse à outils avec moi et je m'arrête dès que je vois un amas de meubles", explique-t-il, interviewé par Maison à part. Quel que soit l'endroit, quels que soient les matériaux, il applique toujours la même méthode :
"je repars toujours à zéro en démontant complétement le ou les meubles trouvés et je recompose quelque chose de nouveau. Au final, ce sont les mêmes éléments, mais reconfigurés dans un autre ordre".
En quelques heures et souvent avec très peu de matériel, Jeremy Edwards arrive à faire des merveilles : des étagères et un banc fabriqués à partir de palettes de bois industrielles, un fauteuil confectionné à partir d'un caisson de bureau et de ses tiroirs, une chaise créée à partir des lattes d'un sommier ... Le plus étonnant dans tout ça, c'est que lorsque le designer a terminé, il s'en va, laissant derrière lui sa création !
"L'idée c'est que les gens continuent mon travail en s'appropriant mes créations", commente Jeremy Edwards. Ce dernier a d'ailleurs été extrêmement content de voir que l'un de ses bancs, en bois brut, avait été peint en blanc après son passage et même agrémenté de messages laissés par des anonymes.
"Voir la vie du meuble continuer après moi est la plus belle récompense, confie-t-il.
Cela veut dire que j'ai réussi à créer une interaction avec la rue".
Jeremy Edwards © Jeremy Edwards
La seule trace que Jeremy Edwards garde de son travail est une photo. Au fil des mois, il s'est ainsi constitué un petit album qu'il compte, lorsqu'il sera bien étoffé, présenter à des éditeurs de mobilier.
"J'aimerais que mes créations ne restent pas des pièces uniques car au-delà de la démarche de revalorisation de la matière, mon travail reste un travail de designer", précise-t-il. Toutes ses pièces - qu'il préfère d'ailleurs appeler
"ses prototypes" - s'inscrivent en effet dans la même logique : celle d'un design simple et accessible.
"Etant donné le contexte difficile dans lequel nous nous trouvons, les gens ont besoin de revenir à des choses vraies et qui les touchent", argumente-t-il.
En attendant de voir ses créations fabriquées, Jeremy Edwards ne compte pas s'arrêter là. Il envisage de partir travailler dans les rues d'autres capitales européennes.
"Je suis curieux de voir si je vais trouver la même base de travail et le même accueil qu'ici", se demande-t-il. A Paris en effet, dès qu'il sort ses outils, les gens s'arrêtent, l'interrogent... Bref, son travail attire la curiosité, une curiosité telle que quelques-unes de ses pièces sont d'ailleurs actuellement exposées dans une galerie. Pour aller au bout de sa démarche, le designer a d'ailleurs prévu que les pièces n'ayant pas trouvé preneur seraient remises dans la rue, à l'endroit même où elles ont été fabriquées.
Pour découvrir quelques-unes des étonantes métamorphoses de Jeremy Edwards, cliquez sur les pages suivantes.
Meuble à étagères
Meuble à étagères - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
Trois tabourets, des bouts de bois, un ballet, un vieux tréllis... Jeremy Edwards en a fait un meuble à étagères !
Meuble à étagères
Une armoire/bibloithèque
Une armoire/bibloithèque - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
Des caissons en bois, quelques lattes et le tout se transforme en meuble !
Une armoire/bibloithèque
Un fauteuil - Le design à l'assaut de la rue
Un fauteuil - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
Un caisson et quelques planches se retrouvent transformés en fauteuil.
Un fauteuil - Le design à l'assaut de la rue
Un fauteuil - Le design à l'assaut de la rue
Un fauteuil - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
La même chose mais cette fois avec de vieux caissons à tiroirs de bureau.
Un fauteuil - Le design à l'assaut de la rue
Une chaise - Le design à l'assaut de la rue
Une chaise - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
Jeremy Edwards fabrique une chaise à partir de lattes et de quelques planches de bois.
Une chaise - Le design à l'assaut de la rue
Tabouret - Le design à l'assaut de la rue
Tabouret - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
Les mêmes éléments ont été gardés mais ils ont été reconfigurés par le designer.
Tabouret - Le design à l'assaut de la rue
Banc - Le design à l'assaut de la rue
Banc - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
Quelques planches et une ossature en bois se retrouvent transformés en banc.
Banc - Le design à l'assaut de la rue
Bureau - Le design à l'assaut de la rue
Bureau - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
Il arrive que Jeremy Edwards arrime ses créations à des éléments urbains. Ici, un bureau vient prendre place sur une barrière de sécurité.
Bureau - Le design à l'assaut de la rue
Banc - Le design à l'assaut de la rue
Banc - Expo Maubles libres © Jeremy Edwards
Autre exemple d'intégration dans l'espace urbain mais cette fois avec un banc venu prendre place sur une station à vélos.
Banc - Le design à l'assaut de la rue