Travailler le cuir. En tant qu'ébéniste de formation, Benoît Fournier-Mottet n'en aurait peut-être jamais eu spontanément l'idée. C'est le concours "Création & Innovation", organisé conjointement par la Fédération Française de la Tannerie Mégisserie (FFTM) et le Comité Professionnel de Développement Cuir Chaussure Maroquinerie (CTC) qui l'a incité à le faire. La consigne donnée aux participants était de créer une collection de meubles contemporains en cuir. Un vrai dépaysement pour lui qui n'avait connu jusque là que le bois, la tôle émaillée et la céramique ! Pourtant il se lance et, très vite, le charme opère : "on a longtemps considéré le cuir comme froid, arrogant et inaccessible. Or, c'est un matériau très sensuel et instinctif. On prend plaisir à le regarder vieillir, à le toucher et à le sentir" explique-t-il. Sa décision est prise : il va profiter du concours pour "débarrasser le cuir de la mauvaise image qui lui colle à la peau".

Au ras du sol

Sa première idée est de concevoir des meubles en prise directe avec le sol de manière à "casser les codes bourgeois et masculins liés au cuir". "Ma démarche s'inspire du travail de Nanna Ditzel, qui avait créé des espaces au ras du sol dans les années 50", révèle-t-il. Quelques dessins et maquettes plus tard, trois meubles dédiés à la lecture voient le jour : un fauteuil, une lampe et un paravent à poser au sol, tous rassemblés sous la bannière du mot "rêve". "Mon idée était de créer un petit cocon propice à la détente et au repos" argumente le designer. Pour le fauteuil, Benoît s'est concentré sur l'ergonomie, le but étant pour lui d'offrir aux utilisateurs un maximum de confort. Pour la lampe, il s'est focalisé sur l'intensité de l'éclairage : "la lumière devait permettre la lecture sans être trop agressive" précise-t-il.  Poésie sérigraphiée Benoît a également soigné les détails puisque les meubles portent des inscriptions sérigraphiées : des mots en italien habillent la lampe et une citation de Roland Barthes décore le paravent : "la littérature ne permet pas de marcher mais elle permet de respirer". Un univers poétique auquel les membres du jury ont été sensibles puisqu'ils ont fait gagner le concours à Benoît. "Le cuir n'étant pas mon matériau de prédilection, cette récompense est complètement inattendue, commente-t-il. Je dois reconnaître qu'elle m'encourage à continuer mon travail". Présent lors du dernier salon Le Cuir à Paris, le jeune designer a pu nouer des contacts avec les professionnels : un projet de graphisme appliqué au cuir gaufré se profile d'ailleurs déjà à l'horizon. En attendant, l'aventure se poursuit avec le CTC qui a décidé d'éditer en dix exemplaires son "coin lecture". Les pièces - dont le prix devrait osciller entre 560 et 640 € -seront exposées du 15 au 25 décembre dans une galerie à Rennes. Un bon moyen de savoir si la collection plaît aux particuliers. Pour découvrir le travail de Benoît Fournier-Mottet, cliquez sur suivant. Pour plus d'informations cliquez ici ou sur le www.dma-production.com