La première page de l'histoire de la Redoute s'écrit à Roubaix. Joseph Pollet, fils de paysans, s'y installe en 1837 et ouvre la première filature mécanique de laine peignée. Grâce à cette technique, qui consiste à débarrasser la laine de toutes ses fibres courtes et des matières végétales, l'établissement obtient des tissus et des tricots d'une rare finesse. Une qualité qui permet à la maison Pollet d'acquérir rapidement une bonne renommée. En 1897, Charles Pollet reprend les affaires de son père et monte sa propre filature dont les usines sont construites entre la rue de Blanchemaille et la rue de... la Redoute ! (Le terme "redoute", qui résonne si fort dans la mémoire collective, désigne un "petit ouvrage de fortification isolé", ndlr). Lors de la première guerre mondiale, la maison Pollet rencontre des difficultés pour écouler ses stocks. Refusant de se laisser sombrer, elle décide de mettre en vente ses produits au rabais par le biais d'un journal. L'idée est simple mais terriblement astucieuse : les lecteurs intéressés passent commande directement auprès du fabricant qui leur envoie les articles chez eux. La maison Pollet vient d'inventer la vente par correspondance, un mode d'achat qui restera par la suite l'une de ces spécialités. Remise à flot, la société édite son premier catalogue en 1928. Il s'agit d'un "petit format d'une quarantaine d'articles, rien que du tricot". En devenant une vitrine de la mode, La Redoute séduit les femmes, déjà près de 600.000 au moment du lancement du catalogue.

Renas Dumas, Philippe Starck, J-C de Castelbajac...

En 1956, la Redoute décide d'ajouter une corde à son arc avec l'introduction d'objets de décoration dans son catalogue. Dès cette date, le mobilier commence d'ailleurs à se faire une place sur les couvertures des catalogues. Sur celle de l'Automne Hiver 1967-1968, on voit une mère et sa fille dans un salon tandis que sur celle de l'été 1973, on voit apparaître une table de jardin. Avec cette nouvelle offre, La Redoute espère parvenir à "démocratiser le design" tout en se faisant l'écho des nouvelles tendances. Du coup, lorsque l'on feuillette les catalogues, on retrouve distinctement chaque période marquante de l'histoire du design : les années 70-80, par exemple, avec leurs meubles en métal laqué, en alu brossé et en verre fumé.  Près de 80% du mobilier et 70% du textile de maison est élaboré en interne : "c'est un travail de chercheurs qui se nourrit de tout : des magazines, des voyages, des salons spécialisés, des blogs de designers, des sites Internet", explique l'un des membres du bureau d'études. Des marques propres, spécialisées dans le secteur de la décoration, ont d'ailleurs vu le jour : AM.PM pour l'ameublement, So'Home pour le linge de maison et les petits accessoires, Bérangère pour le linge de lit ou encore Cuisine & Co pour les arts de la table. Le reste de la production est confiée, comme pour l'habillement, à des designers de renoms : Renas Dumas, Tom Dixon, Philippe Starck ou plus récemment Marco Mencacci et à de jeunes créateurs : Tsé & Tsé, atelier LZC, Robert le Héros... La redoute tente même de créer des passerelles entre la mode et la déco en invitant par exemple J-C de Castelbajac ou Sonia Rykiel à créer des collections. A chaque fois pour eux le défi est de revisiter les grands classiques de la maison. Mais, ils y réussissent avec brio, en témoigne le travail réalisé par Christian Lacroix. Son tapis "Parterre", sa table de jardin "Soleil" sont déjà des objets cultes ! Pour découvrir l'histoire de La Redoute à travers les couvertures de ses catalogues, cliquez sur suivant. Plus d'informations sur le : www.laredoute.fr et www.christianlacroixpourlaredoute.fr