La déco équitable se met au design

    Publié le 13 septembre 2007 par Céline Chahi
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    deco equitable une © Mémento de la déco équitable - DIIESE
    Jusque là cantonné au domaine alimentaire, le commerce équitable voit sa notoriété s'accroître dans l'univers de la décoration. Après avoir été délaissés, les objets issus de cette filière séduisent à nouveau les consommateurs. Explications.
    Le commerce équitable a longtemps été associé à un certain nombre de produits alimentaires comme le café, le chocolat, le thé ou le riz. Aujourd'hui, ce temps là est révolu et on le rattache plus volontiers à des objets de décoration.
    Comment expliquer une telle évolution dans les mentalités ? La charte du commerce équitable est pourtant la même depuis 40 ans... Il s'agit toujours d'offrir des opportunités de développement aux petits producteurs du Sud tout en surveillant les conditions de travail de leurs employés et en établissant un prix d'achat juste.

    Un souffle de modernité

    En fait, si ces objets de décoration issus du commerce équitable reviennent sur le devant de la scène, c'est avant tout parce que les petits fabricants étrangers ont su élargir et diversifier leur offre. Jusqu'ici, les produits proposés manquaient cruellement d'originalité et n'étaient pas du tout adaptés aux goûts européens. « Comme la mode éthique, l'artisanat importé a eu longtemps une image de produits traditionnels à connotation vieillotte et qualité médiocre » peut-on lire dans le petit mémento de la décoration équitable édité par la DIIESE (Délégation Interministérielle à l'Innovation, à l'Expérimentation Sociale et à l'économie sociale). Autre problème auquel ont été confrontés les fabricants : les objets éthiques étaient trop souvent assimilés à des objets ethniques. « Nous en avons eu marre des traditionnelles statuettes africaines en bois et des masques des tribus indiennes » indique la responsable d'un magasin parisien.

    Priorité au design

    Contrairement aux produits importés dans les années 70, les objets de décoration issus du commerce équitable possèdent désormais un réel attrait esthétique. La société « Equité », spécialisée dans la conception, l'importation et la distribution de produits du commerce équitable, a su s'adapter aux nouvelles attentes des consommateurs. « Nos objets ne reflètent pas une culture mais un savoir faire» explique Marina Petraz, gérante de la scop (Société Coopérative de Production). Et de rajouter : « Nous ne perdons pas de vue la notion de design qui est devenue primordiale aux yeux des consommateurs ». Le savoir-faire de plusieurs charpentiers indonésiens a ainsi été mis à contribution pour la fabrication de jouets et d'accessoires de bureau. Les produits proposés plaisent, la preuve : l'un d'entre eux vient d'être sélectionné pour figurer dans le carnet de tendance de l'agence de style et de prospective Nelly Rodi.

    Emergence de marques spécialisées

    Les fabricants ont choisi le bon moment pour faire évoluer leur offre. L'intérêt des français pour la décoration intérieure n'a jamais été aussi grand. D'après une étude réalisée par Eurostaf, le chiffre d'affaire du marché de la décoration intérieure serait passé de 6 milliards d'euros en 2003 à 8 milliards d'euros en 2007. Un record ! « Les français sont à la recherche de produits originaux, confortables mais aussi sobres, naturels et créateurs d'ambiance» explique Catherine Heurtebise dans le document édité par la DIIESES. Plusieurs marques se sont spécialisées dans la décoration équitable. Ekobo, par exemple, dont le slogan est justement « écologie et design » conçoit des objets contemporains en bambou. Les couleurs et les formes s'inscrivent parfaitement dans les tendances actuelles… On en oublierait presque que tous ces objets sont fabriqués dans le cadre d'une démarche équitable. L'entreprise Umaé a, quant à elle, pris le parti de faire réaliser par des artisans du Sud du mobilier et des accessoires conçus par des designers occidentaux. L'objectif est de revisiter les formes et les objets traditionnels. « Le designer nourrit l'objet de sa créativité, de sa connaissance des attentes des clients du Nord. L'artisan apporte sa sensibilité, la richesse de sa culture, son savoir-faire traditionnel et sa connaissance des matières naturelles » commente Christian Dagher, le fondateur de la société.

    Adhésion de la grande distribution

    Les grandes enseignes comme Monoprix, Carrefour, Auchan ou Leclerc commencent elles aussi à faire les yeux doux aux importateurs de ce type de produits. Résultat : on peut trouver facilement en France des objets associant design et savoir-faire traditionnel et provenant d'Asie, de Madagascar, d'Afrique du Nord et de l'Ouest ou d'Amérique du Sud.

    A quand un label ?

    Le seul hic c'est que dans le domaine de la décoration et de l'artisanat, il n'existe à ce jour aucun label garantissant les principes du commerce équitable. « Le problème de la décoration est qu'il est difficile de tout contrôler, compte tenu de sa diversité. Seuls des labels par type de produits semblent envisageables » précise la DIIESES.
    Pour s'y retrouver, les consommateurs sont invités à lire attentivement les étiquettes apposées sur chaque objet. Une précaution qui évitera de donner sa confiance à des importateurs peu scrupuleux.
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